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4991 LE RAPPORT A LA REALITEDE L'ART ET DE LA SCIENCE

Publié le 26/06/2025 à 06:45 par cafenetphilosophie Tags : image sur vie moi place monde soi animal homme mort société création dieu art nature enfant livre demain

Rubrique "Dimensions comparées Art et Sciences". Suite du billet N°4984.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome VIII, A.MENDIRI, Amazon.

 

Prochain billet demain vendredi 27 juillet.

 



L’art et la science pure comportent de nombreux points communs : l’imprévisibilité de l’acte de création ; la gratuité de leurs activtés respectives ; la portée universelle de leur contenu et ce en dépit de leurs irréductibles différences puisque l’art se meut au sein de la dimension qualitative de l’existence alors que la science physique régente sa dimension quantitative. Dès lors l’universalité de la première demeure de l’ordre de la subjectivité indémontrable alors que l’universalité de la seconde est objective et relève de concepts rationnels. En conséquence la saisie du sens de leurs contenus respectifs se voit tributaire de la spécificité de leurs langages propres, autrement dit de concepts mathématiques pour la science ceux-ci s’avèrant beaucoup plus précis que les mots du langage usuel, et l’art s’appuyant pour sa part sur la métaphore puisque celle-ci enferme par définition une pluralité de sens possible et devenant de ce point de vue supérieure au concept, univoque par nature. En revanche l’art et la science divergent à propos de l’idée de progrès, le sens véhiculé par l’art, à savoir celui relatif à la condition universelle de l’homme étant constant alors même que l’activité scientifique se caractérise par des pogrès incessants, remettant en cause les conceptions que l’on pouvait se faire de la réalité naturelle.

Essayons de préciser les rapports à la réalité de la science physique et de l’art. S’interroger sur les rapports de la science à la réalité revient à s’interroger sur le statut des explications scientifiques, autrement dit sur le statut des théories. A cet égard, trois considérations doivent être mises en avant. Popper compare les théories à des filets de pêche chargés de capter la réalité en fonction des mailles de ces filets : « Je conçois les théories scientifiques comme autant d’inventions humaines – comme des filets créés par nous et destinés à capturer le monde. Elles diffèrent, certes, des inventions des poètes, et même des inventions des techniciens... Ce que nous cherchons c’est la vérité...: en créant des filets qui sont de mieux en mieux adaptés à la tâche d’attraper nos poissons, à savoir le monde réel. Ce ne sont pourtant jamais des instruments parfaits. Ce sont des filets rationnels créés par nous, et elles ne doivent pas être confondues avec une représentation complète de tous les aspects du monde réel, pas même si elles sont très réussies, ni même si elles semblent donner d’excellentes approximations de la réalité ».

Non seulement les théories ne constituent pas une représentation complète de la réalité mais il est possible de se demander avec Einstein dans « L’évolution des idées en physique » si elles renvoient à cette réalité ou bien seulement à une représentation humaine de celle-ci : « Les concepts physiques sont des créations libres de l’esprit humain et ne sont pas, comme on pourrait le croire, uniquement déterminés par le monde extérieur. Dans l’effort que nous faisons pour comprendre le monde, nous ressemblons quelque peu à l’homme qui essaie de comprendre le mécanisme d’une montre fermée. Il voit le cadran et les aiguilles en mouvement, il entend le tic-tac, mais il n’a aucun moyen d’ouvrir le boîtier. S’il est ingénieux, il pourra se former quelque image du mécanisme, qu’il rendra responsable de tout ce qu’il observe, mais il ne sera jamais sûr que son image soit la seule capable d’expliquer ses observations. Il ne sera jamais en état de comparer son image avec le mécanisme du réel ». En effet, le chercheur peut imaginer plusieurs mécanismes. Seuls ceux rendant compte de la totalité des observations seront retenues. S’il y en a plusieurs possédant ce statut, en fonction du fameux rasoir d’Occam, il retiendra la plus simple tout en ignorant si cela correspond à ce que la nature, ou Dieu si l’on veut, a réalisé.

C’est en ce sens que B. d’Espagnat énonce l’idée d’un « réel voilé » : «  Cette notion, pour moi capitale, de réel voilé, il me semble qu’on la saisit mieux si l’on a présente à l’esprit une analogie inspirée d’une idée de Bertrand Russell et consistant à comparer le réel en soi – ou réalité indépendante – à un concert, tandis que la réalité empirique – l’ensemble des phénomènes – est comparée à un enregistrement sur disque ou sur cassette de ce concert. Il est indéniable que la structure du disque n’est pas indépendante de celle du concert... un martien débarquant sur Terre, découvrant le disque et étudiant sa structure ne pourrait pas, quelque doué qu’il fût, reconstituer le concert. Dira-t-on pour autant que l’examen effectué ne lui en donne aucune idée ? A l’évidence ce serait faux, puisqu’il peut même connaître sa « structure » d’une manière quantitative... ». Peut-être sommes-nous, avec nos théories dans la même situation que le martien face au réel.

Qu’en est-il concernant l’art ? En premier lieu, l’art , comme l’affirme Hegel dans « Esthétique » ne saurait être une simple « reproduction habile d’objets tels qu’ils existent dans la nature... » Car « l’art, limité dans ses moyens d’expression, ne peut produire que des illusions unilatérales, offrir l’apparence de la réalité à un seul de nos sens ; et, en fait, lorsqu’il ne va pas au-delà de la simple imitation, il est incapable de nous donner l’impression d’une réalité vivante ou d’une vie réelle : tout ce qu’il peut nous offrir, c’est une caricature de la vie. Quel but poursuit-il en imitant la nature ?.. Il se réjouit avant tout d’avoir créé un artifice, d’avoir démontré son habileté... ». Pourtant, « Il y a des portraits dont on a dit assez spirituellement qu’ils sont ressemblants jusqu’à la nausée (…). D’ailleurs, « le plus mauvais outil technique a plus de valeur à ses yeux ; il peut être fier d’avoir inventé le marteau, le clou, parce que ce sont des inventions originales, et non imitées (…)...en voulant rivaliser avec la nature par l’imitation l’art restera toujour en-dessous de la nature... Il y a des hommes qui savent imiter les trilles du rossignol, et Kant a dit à ce propos que, dès que nous nous apercevons que c’est un homme qui chante ainsi, et non un rossignol, nous trouvons ce chant insipide. Nous y voyons un simple artifice, non une libre production de la nature ou une œuvre d’art. Le chant du rossignol nous réjouit naturellement, parce que nous entendons un animal, dans son inconscience naturelle, émettre des sons qui ressemblent à l’expression de sentiments humains. Ce qui nous réjouit donc ici, c’est l’imitation de l’humain par la nature (…)

De ce point de vue, l’art musical, étranger au sens visuel, nous révèle mieux que toute autre forme d’art l’essence même de l’art, car il ne viendrait à l’idée de personne de reprocher à une composition musicale de ne pas imiter le chant des oiseaux par exemple. Cela signifie-t-il que l’art, notamment les arts visuels, doivent être étrangers à la réalité telle que nous la percevons ordinairement ? Sûrement pas. C’est ce que soutient de manière très pertinente Matisse : « Créer, c’est le propre de l’artiste ; où il n’y a pas création, l’art n’existe pas... C’est ainsi que pour l’artiste, la création commence à la vision. Voir, c’est déjà une opération créatrice, ce qui exige un effort. Tout ce que nous voyons, dans la vie courante, subit plus ou moins la déformation qu’engendrent les habitudes acquises, et le fait est peut-être plus sensible en une époque comme la nôtre, où cinéma, publicité et magazines nous imposent quotidiennement un flot d’images toutes faites, qui sont un peu, dans l’ordre de la vision, ce qu’est le préjugé dans l’ordre de l’intelligence. L’effort nécessaire pour s’en dégager exige une sorte de courage ; et ce courage est indispensable à l’artiste qui doit voir toutes choses comme s’il les voyait pour la première fois. Il faut voir toute la vie comme lorsqu’on était enfant, et la perte de cette possibilité vous enlève celle de vous exprimer d’une façon originale, c’est-à-dire personnelle ».

Bergson dans « Le Rire » soutient le même point de vue : « Qu’est-ce que l’artiste ? C’est un homme qui voit mieux que les autres, car il regarde la réalité nue et sans voile. Voir avec des yeux de peintre, c’est voir mieux que le commun des mortels. Lorsque nous regardons un objet, d’habitude, nous ne le voyons pas ; parce que ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l’objet et de le distinguer pratiquement d’un autre, pour la commodité de la vie. Mais celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, celui qui méprisera l’usage pratique et les commodités de la vie et s’efforcera de voir directement la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui, celui- là sera un artiste ».

D’ailleurs la métaphore se révélant plus riche que le concept ou que le langage usuel ou pratique, la poésie, selon Heidegger, permet d’accéder au-delà de ce monde pratique au sens véritable des choses : « Prenons un produit connu : une paire de souliers de paysan. Pour les décrire, point n’est besoin de les avoir sous les yeux. Tout le monde en connaît... choisissons à cet effet un célèbre tableau de Van Gogh... D’après la toile de Van Gogh, nous ne pouvons même pas établir où se trouvent ces souliers. Autour de cette paire de souliers de paysan, il n’y a rigoureusement rien où ils puissent prendre place : rien qu’un espace vague. Même pas une motte de terre provenant du champ ou du sentier, ce qui pourrait au moins indiquer leur usage. Une paire de souliers de paysan, et rien de plus. Et pourtant…Dans l’obscure intimité du creux de la chaussure est inscrite la fatigue des pas du labeur. Dans la rude et solide pesanteur du soulier est affermie la lente et opiniâtre foulée à travers champs, le long des sillons toujours semblables, s’étendant au loin sous la bise. Le cuir est marqué par la terre grasse et humide. Par-dessous les semelles s’étend la solitude du chemin de campagne qui se perd dans le soir. A travers ces chaussures passe l’appel silencieux de la terre, son don tacite du grain mûrissant, son secret refus d’elle-même dans l’aride jachère du champ hivernal. A travers ce produit repasse la muette inquiétude pour la sûreté du pain, la joie silencieuse de survivre à nouveau au besoin, l’angoisse de la naissance imminente, le frémissement sous la mort qui menace… Tout cela, peut-être que nous ne le lisons que sur les souliers du tableau. La paysanne, par contre, porte tout simplement les souliers. Mais ce « tout simplement » est-il si simple ? Quand tard au soir, la paysanne bien fatiguée met de côté ses chaussures, quand chaque matin à l’aube elle les cherche, ou quand, au jour de repos, elle passe à côté d’elles, elle sait tout cela, sans qu’elle ait besoin d’observer ou de considérer quoi que ce soit…L’œuvre d’art nous a fait savoir ce qu’est en vérité la paire de souliers. »

Ainsi, l’art comme la science nous dévoilent une réalité qui n’est pas celle de la vie pratique et de l’utilité mais celle de la connaissance gratuite pour la science et de la sensibilité délivrée des soucis du quotidien pour l’art. Seule l’influence négative de l’idéologie peut faire obstacle à cette démarche de dévoilement du réel dans sa vérité . Ce fut le cas de Galilée lorsque celui-ci contesta l’orbite elliptique des planètes établie par Képler au motif que le cercle étant une forme parfaite et donc divine, ces orbites devaient être circulaires ; ou lorsque Fred Hoyle rangea l’idée d’expansion de l’Univers au statut de mythe rappelent le « Fiat lux « biblique ; ou encore Einstein qui estima que la physique des quanta et de l’indérerminisme physique qu’elle supposait était incomplète au motif que « Dieu ne joue pas aux dés avec le monde ».

L’influence négative des interférences avec l’idéologie se voit également dénoncée par Camus dans le domaine de l’art . Des philosophes comme Sartre « ont nié que l’artiste ait droit à la solitude et lui ont offert comme sujet non pas ses rêves mais la réalité vécue et soufferte par tous. ..Qu’il traduise les souffrances et le bonheur de tous dans le langage de tous ..Dès lors, les artistes qui refusent la société bourgeoise et son art formel se trouvent dans une douloureuse impasse...en effet comment un réalisme socialiste est-il possible alors que la réalité n’est pas tout entière socialiste ? ... la réponse est simple :. On se vouera donc... d’une part à nier et condamner ce qui dans la réalité n’est pas socialiste, d’autre part à exalter ce qui l’est ou le deviendra. Nous obtenons inévitablement l’art de propagande ...coupé autant que l’art formel de la réalité complexe et vivante. (…) L’art culmine ici dans un optimisme de commande, le pire des luxes justement, et le plus dérisoire des mensonges ».

Néanmoins, il existe une différence fondamentale entre la science et l’art dans son rapport à la réalité. Car l’art peut se donner pour ambition de viser et d’interpréter ce qui dépasse la réalité ordinaire, ce qui soulève des questions métaphysiques sur les mystères de l’Être et ce, notamment sous la forme du mythe. Celui-ci renvoie à un langage humain traduisant ce qui se situe au-delà de l’humain, des intuitions échappant à toute représentation objective et à toute conceptualisation. F.Jacob à ce propos nous livre dans « L’évolution sans projet » une comparaison intéressante entre mythe et théorie scientifique :« Je crois que le cerveau humain a une exigence fondamentale, celle d’avoir une représentation unifiée et cohérente du monde qui l’entoure... Les mythes, comme les théories scientifiques, répondent à cette exigence humaine. Dans tous les cas, et contrairement à ce qu’on pense souvent, il s’agit d’expliquer ce qu’on voit par ce qu’on ne voit pas, le monde visible par un monde invisible qui est toujours le produit de l’imagination.... Par conséquent, qu’il s’agisse d’un mythe ou d’une théorie scientifique, tout système d’explication est le produit de l’imagination humaine. La grande différence entre mythe et théorie scientifique, c’est que le mythe se fige. Une fois imaginé, il est considéré comme la seule explication du monde possible... Une théorie scientifique fonctionne de manière différente. Les scientifiques s’efforcent de confronter le produit de leur imagination... avec la « réalité », c’est-à-dire l’épreuve de l’expérimentation... Et les résultats de celle-ci peuvent s’accorder ou non à la théorie. Et si l’accord ne se fait pas, il faut jeter la théorie et en trouver une autre ».