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27.12.2025
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Rubrique "Les langages impossibles". Suite du billet N°5075.
Extrait de Philosophie pour tous, Tome VI, A.MENDIRI, Amazon;
Prochain billet demain samedi 27 septembre.
Les textes religieux, notamment les textes bibliques concernant les judéo-chrétiens et les propos rapportant les expériences dites de mort imminente possèdent un point commun, à savoir l’art de heurter profondément tous ceux qui sont attachés à la rationalité, comme les esprits les plus positifs, qui ne voient comme seul discours légitime sur le monde que celui de la science de même que la majorité du personnel médical concernant les « NDE » et ce, à vrai dire, pour les mêmes raisons.
Ces constats appellent des analyses critiques approfondies car ils recouvrent des ignorances, des préjugés, des incompréhensions multiples qui vont de la simple crédulité de certains croyants sur le plan religieux à la suffisance d’esprits qui se veulent sincèrement scientifiques tout en restant étrangers aux fondements et à la portée véritable de leur démarche, transformant celle-ci en dogme, tout aussi contestable que n’importe quel dogme dès lors qu’il se présente non comme une croyance mais comme une vérité incontestable et exclusive.
Ces affirmations appellent des éclairages afin d’en saisir la pertinence et l’opportunité. La première source de confusion vient de la méconnaissance des natures respectives des langages religieux et scientifiques ainsi que de leur portée véritable, sans compter les limites, unanimement avouées par les personnes concernées, des mots utilisés afin de décrire le contenu des expériences de « mort imminente ».
Commençons par analyser la nature du langage religieux. On y trouve fréquemment des évènements extraordinaires qui heurtent le bon sens et toute vraisemblance. Ajoutons à cela le récit de miracles, notamment dans les écrits évangéliques, et nous comprenons aisément que ces textes soient considérés par nombre de contemporains comme relevant au mieux d’une forme de poésie ou d’une crédulité caractéristique d’une époque où les auteurs étaient plus perméables à l’irrationnel qu’aujourd’hui et incarnaient en quelque sorte l’enfance innocente de l’humanité.
Remarquons tout d’abord que cette manière de concevoir l’évolution mentale de l’humanité est tout à fait contestable. Les civilisations qui nous ont précédés au moins depuis près de 7000 ans, notamment sur les rives du Tigre et de l’Euphrate, soulignent à l’évidence leurs connaissances étendues et un usage soutenu de la raison, au moins sur le plan pratique. Les monuments impressionnants, que ces lointaines civilisations ont édifiés et qui suscitent toujours l’admiration et la perplexité de nos contemporains, sans compter la réalisation de calendriers témoignant d’observations rigoureuses du ciel ou bien encore de cartes terrestres ou maritimes, montrent si besoin était, que les hommes de ces époques reculées n’avaient rien à envier aux capacités intellectuelles de nos contemporains.
Dès lors, les écrits religieux qui provoquent notre méfiance et conduisent à des jugements peu amènes et très certainement erronés sur l’état mental de ces peuples anciens, loin de traduire une crédulité entièrement irrationnelle, ne font qu’exprimer un rapport au monde qui ne se réduit pas au langage purement rationnel, ce qui a tendance à caractériser notre époque.
En effet, sous l’influence de la science et de la technique, nous avons tendance à n’établir avec le monde ou l’Être, ce qui est vraiment au-delà des apparences, que des relations sur le mode de l’interprétation rationnelle ou à tout le moins à ne réserver la légitimité du discours vrai qu’à ce type de relation ou d’interprétation, tous les autres types de relations au monde ou de langages étant oubliés ou pire méprisés ou rejetés hors de la sphère de la vérité. Telle était la conclusion de Heidegger, et sans forcément épouser l’ensemble de ses conceptions philosophiques, force est de constater que son analyse n’est pas dépourvue de pertinence. Ajoutons à ces considérations que les époques les plus lointaines que nous dévoilent l’anthropologie et les sciences de la préhistoire, comme l’homme de Lascaux il y a 17 000 ans ou celui de Chauvet il y a 35 000 ans, soulignent que ces lointains ancêtres maîtrisaient l’art pariétal de manière magistrale, connaissant même des éléments de perspective, redécouverte seulement à la Renaissance.
Il y a donc tout lieu de se méfier de ses thèses évolutionnistes concernant les capacités mentales et intellectuelles de l’humanité, même s’il est possible de remarquer que ces dispositions à l’irrationnel très présentes aujourd’hui encore comme en témoignent les recours aux voyants, horoscopes et prévisions sur les jeux de hasard notamment, étaient sans doute encore plus prégnantes en ces époques lointaines où sciences et techniques contemporaines étaient inconnues et n’avaient pas façonné pour une large part leur esprit comme c’est le cas depuis deux siècles.
Mais à vrai dire, le contenu et la nature des textes religieux s’expliquent par d’autres considérations, beaucoup plus plausibles et plus respectueuses de ces civilisations anciennes. S’il est vrai que leurs dispositions d’esprit, leurs capacités d’analyse étaient très proches des nôtres, comme semblent l’indiquer à la fois les données culturelles que nous avons rappelées mais également les caractéristiques biologiques de leur cerveau, rigoureusement identiques à celles de l’homme contemporain, alors tout naturellement les êtres conscients qu’ils étaient se voyaient tout naturellement et inévitablement amenés à s’interroger sur la présence de l’Être. Car là encore, nous rejoignons Heidegger lorsque celui-ci proclamait que la réalité consciente qu’il désignait par le terme de « Dasein » était le seul être qui par nature se posait la question de l’Être et s’interrogeait sur lui.
En d’autres termes, tout être conscient se pose la question du sens et de la raison d’Être de la présence de l’Être. Telle est l’origine, la source fondamentale de l’interrogation religieuse. Il ne s’agit pas de l’expression d’une quelconque irrationalité mais un questionnement inévitable et légitime.
Bien entendu, les hommes, depuis l’aube ou l’apparition de la conscience étaient précisément conscients de leur impuissance à apporter des réponses certaines, univoques, parfaitement claires à leurs interrogations que nous appelons aujourd’hui métaphysiques. Il est vrai que l’état de leur culture et de leurs connaissances sur le monde, les disposaient sans doute plus facilement et de manière beaucoup plus prégnante qu’aujourd’hui à accorder crédit à des puissances dites surnaturelles. Mais qu’elles que soient leurs dispositions à croire en une transcendance ou plus précisément en des forces qui les dépassent et qui détiennent les clefs du sens ou de la raison d’être des choses, ils mesuraient parfaitement leurs limites concernant la connaissance de ces forces et donc le caractère forcément relatif et humain de les évoquer.
Mais en même temps, les hommes ont certainement et tout naturellement toujours eu conscience qu’ils n’étaient pas tout à fait impuissants face à ce questionnement et ce pour deux raisons : en premier lieu, ils comprenaient fort bien qu’ils avaient le privilège de pouvoir se poser de telles questions et que ce seul fait ontologique dirait-on aujourd’hui, est déjà une forme de savoir ; en second lieu, ils ont toujours cru qu’ils pouvaient, de manière imparfaite et humaine, entrer en contact avec ces forces surnaturelles et à ce titre ils guettaient ce qu’ils considéraient comme des « signes » que leur envoyaient les forces en question. Bref, ils avaient conscience que la condition humaine se situait entre l’ignorance et le savoir à propos du sens de l’Être, du sens du monde, du sens de leur vie. Ils étaient porteurs à cet égard d’une démarche qui, pour une part épousait partiellement celle de la philosophie, car cette appellation repose, en sus de cette conscience d’un entre-deux entre ignorance et savoir, sur une confiance totale en la raison, ce qui n’était certainement pas leur cas.
Ainsi, si nous faisons le point sur l’origine du questionnement de l’homme depuis les origines, autrement dit depuis l’émergence de la conscience, et donc depuis au moins 300 000 ans avec l’apparition de l’homme de Néandertal, ce questionnement présente trois caractéristiques fondamentales et indissociables constitutives de ce qu’on appelle la démarche religieuse et plus précisément de son essence au-delà de son impressionnante diversité : en premier lieu, la nécessaire et naturelle interrogation sur l’Être et son sens ; en second lieu la claire conscience de l’impuissance de l’homme à comprendre clairement et parfaitement la nature de ce sens ; en troisième lieu, la conviction que l’homme n’était pas non plus totalement impuissant à évoquer et à parler de ces forces et à sa capacité à discerner des « signes » de leur présence au sein de la réalité dans laquelle ils se voyaient immergé.