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Par Anonyme, le 25.09.2025
Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
30.09.2025
5111 articles
Rubrique "Art et métaphysique". Suite du billet N°4922.
Extrait de Philosophie pour tous, Tome II, AMENDIRI, Amazon.
Prochain billet demain samedi 26 avril.
Lors de notre précédent billet, nous avions abordé succinctement ce que l'on appelle communément "l'esthétique de la laideur". De quoi s’agit-il ? Cela renvoie à la possibilité pour le créateur de talent à se donner pour objet la laideur naturelle ou la laideur morale et de la restituer esthétiquement de telle sorte que ce soit une réalisation qui crée une émotion esthétique, qui suscite un des plaisirs les plus raffinés de l'homme, le plaisir esthétique.
Ces affirmations exigent des éclairages et des précisions. Car elles sont susceptibles de prêter à des contresens ou des incompréhensions tout à fait légitimes. Partons d'abord de quelques exemples emblématiques et généralement connus, comme "Les Fleursdu mal" de Baudelaire ou bien les toiles comme "Les Pouilleux" du peintre espagnol Murillo ou encore le célèbre "Guernica" de Picasso se donnant pour thème la guerre civile d'Espagne et la destruction de ce petit village basque sous les bombardements ennemis. Dans ces trois cas, les créateurs prennent bien pour sujet de réflexion artistique la laideur naturelle (un pouilleux) ou la laideur morale (la guerre, la déchéance humaine).
Or, il ne s'agit pas pour eux de masquer la réalité, de la transfigurer, de la déformer, de la faire oublier. Il s'agit au contraire de la montrer avec toute sa force et même avec une violence encore plus marquée qu'au sein de la triste réalité évoquée. Comme nous le rappelions voici peu, cette démarche créatrice légitimait cette belle définition de l'art par Kant, philosophe allemand des Lumières, lorsque celui-ci proclamait que "l'art n'est pas la représentation d'une chose belle mais la belle représentation d'une chose quelconque". Cependant, même cette formulation peut prêter à confusion. Evoquer une "belle représentation" de la laideur naturelle ou morale conduit parfois à s'imaginer que l'artiste embellit la réalité dont il parle alors que sur le fond, sur le sens porté par l'œuvre, il lui restitue toute sa force, il amène le contemplateur à se plonger totalement au sein de cette violence du monde, au sein en un mot de ce "Mal".
La " belle représentation" renvoie donc à la qualité de la forme de l'œuvre, à la qualité d'un mode de représentation qui amène le créateur à recréer un monde dans toute sa laideur non par simple imitation mais en exprimant ce que son âme ressent face à cette laideur, son mode de réaction et d'interprétation face à celle-ci. C'est dans la mesure où il le fait avec talent que ce talent crée chez le contemplateur une émotion.
L'émotion ne porte plus sur la décadence ou la guerre ou la laideur naturelle par elles-mêmes, car la réalité du monde nous suffit en la matière pour éprouver des révoltes morales ou des émotions fortes. De même qu'un "Nu" pictural ne réveille pas en nous le désir sexuel, de même les œuvres se donnant pour objet les laideurs de toutes sortes ne réveillent pas en nous la révolte mais nous permet de pénétrer au sein d'un autre monde, celui de la beauté esthétique.
Ce monde de la beauté esthétique est un monde spirituel. La beauté consiste ici à reconnaître cette prouesse de l'homme et plus spécifiquement du créateur à traduire son monde intérieur en lui trouvant des formes d'une prégnance exceptionnelle capables de faire écho au monde intérieur des contemplateurs. La beauté des formes esthétiques ne relève plus de la beauté naturelle, celle qui nous est donnée de contempler, qui n'est pas la nôtre, que ce soit le produit de lanatureou d'unDieu, comme on voudra. Il s'agit de la beauté qui habite l'âme humaine, cette beauté résidant dans cette capacité tout à fait étonnante de cette âme de pouvoir créer un monde humain en lui donnant une forme de perfection dans la manière de l'exprimer ou de l'interpréter, forme de perfection qui élève l'homme au-dessus de sa condition habituelle, pratique, quotidienne, avec ses désirs sensibles, ses soucis, ses plaisirs, ses souffrances etc.
Pour mieux saisir cette spécificité de l'art, imitons Montesquieu lorsque celui-ci écrivait "Les Lettres Persanes" afin de décrire le regard neuf et étonné des Persans sur notre monde chrétien et européen. Imaginons des extra-terrestres qui nous observeraient et qui ignoreraient la dimension de l'art. Quelle ne serait pas leur surprise, leur étonnement face à ces êtres humains capables de créer des œuvres susceptibles de leur procurer un plaisir spirituel d'un grand raffinement à propos de ce qui écrase l'homme, le broie, le fait souffrir, la laideur naturelle et morale, la guerre, la torture, toutes les formes de violence, la mort et ainsi de suite. Cette alchimie, ce pouvoir extraordinaire de transformer en or le "Mal" lui-même, de le transcender, de le dépasser, serait sans nul doute un sujet de stupéfaction pour ces observateurs étrangers à notre monde.
iEn ce sens, on peut dire avec Malraux que l'art est bien un "antidestin" si on entend par là cette capacité à surmonter au moins sur le plan de l'imaginaire ce qui frappe les hommes et qui semble le réduire à l'impuissance. Reste alors à se demander si l'art ainsi conçu, c'est-à-dire cette activité pouvant créer de la beauté, (même si ce n'est pas une nécessité) n'est pas à sa manière une promesse de victoire sur le "Mal". Bien entendu, il s'agirait là d'une interprétation religieuse de l'art. Elle vaut ce que valent les croyances en la matière, avec leur cortège d'incertitudes, de paris, d'illusions peut-être. Mais après tout, renouant avec lapenséede Platon qui faisait de la beauté la manifestation sensible de la vérité, du sens, du "Logos", pourquoi ne pas oser prolonger ce chemin et supposer que la beauté esthétique, dans ses dimensions les plus étonnantes, à savoir les œuvres capables de transcender le "Mal", ne sont pas les promesses d'une victoire définitive sur ce qui est la source de la négation du sens, en dépit des démentis des apparences immédiates et de ce que la raison trop raisonnable nous souffle à l'oreille. Car, in fine, proclamer le sens comme dirait St Paul, ne relève plus de la sagesse mais d'une forme de folie : "C'est folie de croire" dit-il. Soit. Mais qu'est la raison humaine pour pouvoir prétendre détenir une vérité évidente et incontestable ? D'ailleurs, la raison est à la hauteur de ses ambitions lorsqu'elle est capable de se critiquer, d'aller jusqu'au bout du chemin, de ne pas s'en tenir à des impressions premières, plus proches du simple bon sens pratique que de l'élévation de la réflexion critique. Pour le moins, sa démarche doit se ponctuer par un point d'interrogation et non par des fausses certitudes.