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Rubrique "Libres commentaires liturgiques, Année A". Suite du billet N°4297.

Extrait de Commentaires philosophiques des textes de la liturgie catholique, Année I", A.MENDIRI, Amazon.

Prochain billet demain lundi 09 janvier

TEXTES :

Livre d'Isaïe(Is 60, 1-6)

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi. Regarde : l'obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors d'au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations. Des foules de chameaux t'envahiront, des dromadaires de Madiane et d'Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l'or et l'encens et proclamant les louanges du Seigneur.

Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens(Ep 3, 2-3a.5-6)

Frères, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m'a donnée pour vous : par révélation, il m'a fait connaître le mystère du Christ. Ce mystère, il ne l'avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l'a révélé maintenant par l'Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes. Ce mystère, c'est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l'annonce de l'Évangile.

Evangile selon saint Matthieu(Mt 2, 1-12)

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d'inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d'Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n'es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d'Israël mon peuple. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l'étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l'enfant. Et quand vous l'aurez trouvé, avertissez-moi pour que j'aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s'arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l'enfant. Quand ils virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

COMMENTAIRE :

« Regarde : l'obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi » (Isaïe) ; « les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse… par l'annonce de l'Évangile. » (St Paul) ; « des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem… l'étoile qu'ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s'arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l'enfant… ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin » (St Matthieu).

Ce texte poétique extrait de l’Ancien Testament est, comme toujours dans la Bible, symbolique. La « lumière qui brille sur Jérusalem » est celle de la Révélation de la présence et de la promesse de Dieu au peuple Juif. Cette promesse est celle du « salut », c’est-à-dire de la victoire sur le Mal et l’annonce d’horizons ontologiques nouveaux (« Les trésors d’au-delà des mers »). Cette annonce et cette promesse s’adressent « à toutes les nations ». Elles sont universelles car tous les hommes sont « enfants de Dieu » et appelés à partager la vie divine.

Pour sa part, Paul de Tarse, apôtre d’origine grecque, rappelle dans ce court extrait trois données importantes : celle de la « Révélation », autrement dit du dévoilement possible au sein de sa vie intérieure du sens transcendant de l’Etre et de la présence du sens ou du « Logos » ; cette Révélation n’est pas réservée aux membres du peuple juif mais à tout homme qui se dévoile, grâce à l’Esprit qu’il possède en lui et qu’il peut développer par la vie spirituelle ; grâce à l’Esprit, tout homme peut se révéler qu’il est appelé au « même héritage » que le peuple Juif. Cet héritage consiste à pouvoir bénéficier de la vie divine, ce don gratuit de Dieu aux hommes.

De même les passages de l’Evangile de ce jour sont-ils éminemment symboliques. Nous avons déjà évoqué l’inquiétude du roi Hérode sur la nature de certaines prophéties répandues par les prophètes juifs et reprises et amplifiées par certains mages ou devins païens, à savoir la venue d’un Messie pour libérer son peuple. Comme nous l’avons dit, Hérode n’accorde sans doute pas grand crédit à cette prophétie, mais il s’inquiète de l’accueil que pourraient lui réserver ses administrés, d’autant que l’attente porte sur un Messie ayant quasiment une vocation non seulement religieuse mais également politique. D’où les précautions qu’il prend afin de prévenir tout trouble.

Les mages ou les devins en question symbolisent les nations païennes en soulignant que la Révélation ne concerne pas que les membres du peuple Juif. Les présents qui ont été choisis par l’auteur de ce texte, à savoir Matthieu, ont un sens théologique. Rappelons en effet que les textes évangéliques, écrits à la lumière de la conviction que le messie en question est ressuscité des morts, est un texte théologique et non historique au sens où nous entendons ce terme aujourd’hui.

C’est ainsi que l’or symbolise la royauté, l’encens la divinité et la myrrhe la mort (elle servait à embaumer les morts). Ces trois présents symboliques sont censés préciser la nature du messie ou du Dieu incarné annoncé : il est appelé à régner, c’est-à-dire à guider et à fixer les fins de toutes les nations et de l’ensemble de la création (l’or) car il est de nature divine (l’encens) et qu’il est Dieu fait homme, entièrement homme et entièrement Dieu, et à ce titre mortel (la myrrhe).