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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour : 21.10.2025
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4960 AGRESSION ET HUMANITE

Publié le 26/05/2025 à 06:02 par cafenetphilosophie Tags : sur vie monde animaux soi chez homme mode obstacles travail mort société nature texte demain

Rubrique "Philosophie par les textes". Suite du billet N°4953.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome IV, A.MENDIRI, Amazon

 

Prochain billet demain mardi 27 mai.

 

 

Nous soumettons à nos lecteurs les réflexions que nous suggère ce texte de S. Freud, extrait de « Malaise dans la civilisation ».

 

« Cette tendance à l’agression, que nous pouvons déceler en nous-mêmes et dont nous pouvons supposer à bon droit l’existence chez autrui, constitue le facteur principal de perturbations dans nos rapports avec notre prochain ; c’est elle qui impose à la civilisation tant d’efforts. Par suite de cette hostilité primaire qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine. L’intérêt du travail solidaire ne suffirait pas à la maintenir : les passions instinctives sont plus fortes que les intérêts rationnels. La civilisation doit tout mettre en œuvre pour limiter l’agressivité humaine et pour en réduire les manifestations à l’aide de réactions psychiques d’ordre éthique. De là cette mobilisation de méthodes incitant les hommes à des identifications et à des relations d’amour inhibées quant au but ; de là cette restriction de la vie sexuelle ; de là aussi cet idéal imposé d’aimer son prochain comme soi-même, idéal dont la justification véritable est précisément que rien n’est plus contraire à la nature humaine primitive. Tous les efforts fournis en son nom par la civilisation n’ont guère abouti jusqu’à présent. Elle croit prévenir les excès les plus grossiers de la force brutale en se réservant le droit d’en user elle-même envers les criminels, mais la loi ne peut atteindre les manifestations plus prudentes et plus subtiles de l’agressivité humaine.

Il est toujours possible d’unir les uns aux autres par les liens de l’amour une plus grande masse d’hommes, à la seule condition qu’il en reste d’autres en-dehors d’elle pour recevoir les coups. »

Ce texte de Freud soulève le problème de la spécificité de l’espèce humaine parmi toutes les autres espèces animales. En effet, Freud aborde la question de la tendance à l’agression au sein de l’espèce humaine. Avant d’analyser celle-ci, il convient de se demander si cette tendance n’existe pas chez les autres espèces animales. Or, un grand nombre d’espèces animales ne peut survivre qu’en étant un prédateur par rapport à d’autres espèces animales ou bien a minima, concernant celles qui se nourrissent que d’espèces végétales, en étant en mesure de défendre leur territoire par rapport à des intrus de la même espèce susceptibles de remettre en cause leurs sources alimentaires.

De plus, la totalité des espèces animales doit se reproduire, l’instinct de reproduction étant une condition indispensable pour le maintien de l’espèce en question et au-delà pour le maintien de l’équilibre de l’écosystème auquel participe cette espèce. Cela implique et concerne les éléments mâles des espèces concernées, (tout au moins celles qui connaissent un mode de reproduction sexuel), les mâles en question devant assurer assez souvent leur domination sur d’autres mâles avant de conquérir les femelles. L’ensemble de ces comportements animaux implique donc une nécessaire capacité d’agression.

Cependant, cette nécessaire capacité d’agression, est régulée par des mécanismes naturels afin là encore que l’espèce ne soit pas mise en danger ainsi que l’écosystème au sein duquel est insérée l’espèce en question. Il s’agit donc de mécanismes de régulation très certainement résultant pour une large part de la sélection naturelle chère à Darwin. Ces mécanismes de régulation correspondent à ce que nous appelons d’ordinaire à des instincts, à savoir à des comportements innés, stéréotypés, non-évolutifs et fort précis, autrement dit parfaitement adaptés aux objectifs à atteindre.

Ces constats concernant la nature ne sont pas anodins. Car les canalisations innées des comportements qu’elle suppose explique pourquoi au sein de la nature, en-dehors de l’homme, se voient absents les guerres intra-spécifiques, les génocides, les combats entraînant la mort exceptée accidentellement et marginalement, les viols, les tortures etc. Tout ceci nous amène à souligner que lorsque nous qualifions d’animales les conduites « inhumaines » dont les comportements rappelés ci-dessus sont des sinistres exemples, nous faisons preuve au mieux d’ignorance et nous étalons au grand jour des préjugés infondés.

En effet, seule l’humanité possède le privilège d’être dépourvue d’instincts ou de savoir innés et donc de canalisations naturelles de ce genre. Comme nous l’avons rappelé nombre de fois, il n’y a là rien de mystérieux. La sélection naturelle a éliminé cet handicap pour notre espèce, dont les capacités cérébrales s’avèrent sans commune mesure avec les animaux les plus développés en la matière. Dès lors, l’homme peut tout apprendre et n’a nul besoin de savoirs prêts à porter, rigides et obstacles à l’exploitation de son immense potentiel.

Cependant, l’homme ne surgit pas de nulle part. Il est issu de la nature. Il conserve à sa manière une part de l’animalité qu’ont connu ses ancêtres ou sans doute et pour partie les hominidés qui l’ont précédé. Il n’a plus d’instinct certes mais il a toujours des besoins impérieux, que ce soit le besoin de se nourrir, de conserver sa vie, de protéger son territoire, d’assurer sa descendance. Ces besoins ont des fondements quasi-physiologiques ou hormonaux. Les instincts sont absents, c’est-à-dire la manière innée de satisfaire ces besoins, mais l’impérieuse nécessité de les satisfaire substitue à ces instincts ce qu’on a coutume de désigner comme étant des pulsions.

Une pulsion est une force intérieure qui vise la satisfaction aveugle de besoins, sans revêtir des processus comportementaux précis et standards, caractérisés par un désordre apparent et une violence sans limite. La présence et la force des pulsions rendent compte de comportements spécifiques à l’homme et dont les manifestations effraient l’homme lui-même lorsque celui-ci n’est pas en proie à ces dernières.

Ajoutons qu’aux besoins naturels rappelés plus haut viennent s’ajouter de nouveaux besoins inconnus de l’animal. Parce que ses capacités cérébrales permettent à la conscience d’émerger, tout homme prend conscience du monde mais également de lui-même en tant qu’individu unique. Il prend conscience dans la foulée d’autrui et attend de celui-ci une reconnaissance. Cette attente est bien entendu réciproque. Elle engendre un nouveau besoin, celui de dominer les autres, de prendre l’ascendant sur eux afin d’obtenir par le libre consentement ou par la force cette reconnaissance à laquelle il prétend et qui est devenue un besoin impératif et vital.

Ces relations entre « sujets » conscients sont de plus alimentées par la culture ou la civilisation édifiée par l’humanité. Tout devient objet de lutte possible, que ce soit l’organisation de la société, librement inventée et non imposée par un savoir inné, les comportements hiérarchisés et soumis à des normes qu’on appelle valeurs, les croyances relatives au sens de la vie et du monde, objets de ce que l’on appelle les religions. Aux luttes purement vitales viennent donc s’adjoindre les luttes d’origine consciente et culturelle. Cela fait beaucoup. Cela rend compte de l’extrême difficulté d’être homme.

Pourtant, de ce noir tableau se dégage un espoir non pas utopique mais qui découle des caractéristiques de la condition humaine. L’homme n’a pas de nature, c’est-à-dire qu’il n’est pas soumis à des fatalités comportementales décidées par la nature. Tout homme devient ce que son éducation le fait être. Tout homme est façonné par les habitudes culturelles acquises et plus ou moins intériorisées. C’est en ce sens que l’homme n’a pas de nature mais simplement une condition que la société choisit pour lui.

Certes, il demeure toujours chez chaque homme l’exercice de la liberté individuelle. Il n’en reste pas moins que l’exercice de cette liberté est pour une large part influencée par les habitudes culturelles acquises, par les valeurs que le sujet a fait siennes et qui deviennent des canalisations presque aussi importantes que les canalisations naturelles de l’animal. Ces canalisations ne revêtent plus le caractère aveugle et nécessaire qu’elles connaissent dans la nature, mais elles tirent leur force et leur efficacité du degré d’intériorisation sociale ou éducative d’abord, personnelle et volontaire ensuite qui les mettent à l’abri pour l’essentiel des manquements possibles. L’homme est vraiment un être à part.