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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour : 18.10.2025
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5104 L'ETAT DE NATURE: REALITE OU FICTION?

Publié le 18/10/2025 à 06:02 par cafenetphilosophie Tags : roman centerblog sur vie animal chez homme société heureux demain nature

Rubrique "Cours: qu'est-ce que l'homme?". Suite du billet N°5097.

 

Extrait de Manuel de Philosophie, A.MENDIRI, Amazon.

 

Prochain billet demain dimanche 19 octobre.

 

L'homme est un être culturel. Il ne devient homme qu'au contact des hommes. Ses comportements ne sont plus dictés par la nature. Est-il alors possible d'imaginer ce que serait un homme n'ayant jamais vécu en société, n'ayant jamais reçu une influence culturelle quelconque? Bref est-il possible de se demander ce que serait un homme "à l'état de nature"?

 Remarquons en premier lieu que l'anthropologie scientifique, l'activité qui étudie les origines et l'évolution de l'homme à travers le temps, n'a jamais constaté l'existence d'un homme solitaire mais toujours d'hommes en groupes. L'homme a, semble-t-il, toujours vécu en société. Il convient à ce propos de ne pas confondre l'ermite, c'est-à-dire l'homme éduqué ayant choisi de se retirer de la vie sociale, mais portant en lui la culture, ayant acquis une langue et donc la pensée, possédant des idées morales, avec un homme à l'état de nature, qui est un homme "sauvage", un homme n'ayant jamais été en contact avec les hommes, avec une culture donnée.

   Cette idée d'"état de nature" s'est vue introduite et développée par le philosophe anglais Hobbes au XVII° siècle et reprise par Rousseau au XVIII° siècle. Cependant, dans les deux cas, ces auteurs ne faisaient pas de l'état de nature une réalité historique lointaine et originelle. Ce n'était à leurs yeux qu'une fiction destinée à se représenter les apports respectifs de la nature et de la société en vue de constituer l'humanité.

 Dans un passage célèbre du "Contrat Social", Rousseau décrit fort bien l'apport décisif de l'état social à l'état de nature, mettant clairement en évidence les deux contresens les plus fréquents mais aussi les plus durables concernant cet auteur, à savoir que l'homme à l'état de nature est bon et que l'état social lui fait perdre sa perfection originelle, le pervertit en quelque sorte:

    « Ce passage de l'état de nature à l'état civil produit en l'homme un changement très remarquable, en substituant à sa conduite la justice à l'instinct, et donnant à ses actions la moralité qui leur manquait auparavant. C'est alors seulement que la voix du devoir succédant à l'impulsion physique et le droit à l'appétit, l'homme, qui jusque- là n'avait regardé que lui-même, se voit forcé d'agir sur d'autres principes, et de consulter sa raison avant d'écouter ses penchants. Quoiqu'il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu'il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s'exercent et se développent, ses idées s'étendent, ses sentiments s'ennoblissent, son âme tout entière s'élève à tel point que si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l'instant heureux qui l'en arracha pour jamais, et qui, d'un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme.

   Réduisons toute cette balance à des termes faciles à comparer. Ce que l'homme perd par le contrat social, c'est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu'il peut atteindre; ce qu'il gagne, c'est la liberté civile et la propriété de tout ce qu'il possède. Pour ne pas se tromper dans ces compensations, il faut bien distinguer la liberté naturelle qui n'a pour bornes que les forces de l'individu, de la liberté civile qui est limitée par la volonté générale, et la possession qui n'est que l'effet de la force ou le droit du premier occupant, de la propriété qui ne peut être fondée que sur un titre positif.

  On pourrait sur ce qui précède ajouter à l'acquis de l'état civil la  liberté morale, qui seule rend l'homme vraiment maître de lui; car l'impulsion du seul appétit est esclavage, et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. »

    L'"état de nature", le "bon sauvage" ne sont chez Rousseau que des procédés pédagogiques afin de mieux penser l'apport décisif de la société dans la genèse même de l'humanité. Ce n'est pas la société qui pervertit l'homme, mais la société mal gouvernée, la société injuste. A l' "état de nature", l'homme n'est "qu'un animal stupide et borné". C'est l'état social qui lui donne la moralité, c'est la rencontre avec autrui qui réveille en lui ses prédispositions à la bonté tout en lui donnant les idées du "bien" et du "mal", lui faisant perdre par là son innocence animale.

 Hegel, dans "Propédeutique philosophique", développe la même analyse:

     R« L'état de nature est l'état de rudesse, de violence, d'injustice...On décrit souvent l'état de nature comme un état parfait de l'homme, en ce qui concerne tant le bonheur que la bonté morale. Il faut d'abord noter que l'innocence est dépourvue comme telle de toute valeur morale, dans la mesure où elle est ignorance du mal et tient à l'absence des besoins d'où peut naître la méchanceté. D'autre part, cet état est bien plutôt celui où règnent la violence et l'injustice, précisément parce que les hommes ne s'y considèrent que du seul point de vue de la nature. Or, de ce point de vue- là, ils sont inégaux tout à la fois quant aux forces du corps et quant aux dispositions de l'esprit, et c'est par la violence et la ruse qu'ils font valoir l'un contre l'autre leur différence. Sans doute la raison appartient aussi à l'état de nature, mais c'est l'élément naturel qui a en lui la prééminence. Il est donc indispensable que les hommes échappent à cet état pour accéder à un autre état, où prédomine le vouloir raisonnable.  »

    Concluons ces analyses en rappelant le cas déjà évoqué des "enfants sauvages" et qui témoigne avec éloquence qu'un être humain abandonné dès la naissance, en dehors d'une influence humaine quelconque, ne peut exploiter les potentialités de son espèce, tout particulièrement la pensée qui passe par le développement du langage, ce dernier étant acquis et non naturel. De même, si l'homme est capable d'accéder à l'idée d'acte moral, seule l'éducation permet d'actualiser cette possibilité. Il n'y a pas d'humanité à l'état sauvage.