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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
07.10.2025
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Rubrique "libres commentairesliturgiques, Année III". Suite du billet N°4903.
Extrait de Commentaires philosophiques des textes de la liturgie catholique, AnnéeII, A.MENDIRI, Amazon.
Prochain billet demain lundi 07 avril.
TEXTES :
Livre du prophète Isaïe(Is 43, 16-21)
Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit un chemin dans la mer,
un sentier dans les eaux puissantes, lui qui mit en campagne des chars et des chevaux, des troupes et de puissants guerriers ; les voilà tous couchés pour ne plus se relever, ils se sont éteints, consumés comme une mèche. Le Seigneur dit : « Ne faites plus mémoire des événements passés ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. Les bêtes sauvages me rendront gloire – les chacals et les autruches – parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer mon peuple, celui que j’ai choisi. Ce peuple que je me suis façonné redira ma louange. »
Lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens (Ph 3, 8-14)
Frères, tous les avantages que j’avais autrefois, je les considère comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ, et, en lui, d’être reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de celle qui vient de la foi au Christ, la justice venant de Dieu, qui est fondée sur la foi. Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir àla résurrection d’entre les morts. Certes, je n’ai pas encore obtenu cela, je n’ai pas encore atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus. Frères, quant à moi, je ne pense pas avoir déjà saisi cela. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus.
Évangile selon saint Jean(Jn 8, 1-11)
En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
COMMENTAIRE :
« Ne faites plus mémoire des événements passés ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? » (Isaïe) ; « Il s’agit… d’éprouver la puissance de sa résurrection…avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts. » (St Paul) ; « Celui d’entre vous qui est sans péché,
qu’il soit le premier à lui jeter une pierre… Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » (St Jean)
Les textes liturgiques de ce jour sont à nouveau centrés sur le cœur de la foi chrétienne, à savoir la promesse que le monde de la finitude, notre monde, avec les imperfections et le terme inéluctable que cela implique, n’est pas une fatalité ou une nécessité par essence ou par nature insurmontable. Du point de vue des apparences, du bon sens pratique et au-delà de la sagesse inspirée par la seule raison, la finitude est de toute évidence notre seul horizon ontologique envisageable. Toute autre hypothèse métaphysique, c’est-à-dire toute autre hypothèse portant sur la nature et le destin ultime de notre monde relève de l’illusion, autrement dit d’une erreur de jugement inspirée par le désir que ce soit vrai, ou bien, ce qui est une démarche proche, de la pure imagination, cette « folle du logis » avait coutume de dire le père Malebranche au XVII° siècle.
Pourtant, telle n’est pas la conclusion de cette démarche qu’on appelle la foi. Rappelons que la foi n’est pas une simple croyance, comme celle consistant à penser que demain il fera beau ou bien que cette personne est, selon toute vraisemblance, digne de confiance. Il s’agirait d’une expérience spirituelle, d’une intuition de cette dimension spécifique à l’homme consistant à poser que nous avons une capacité à nous dévoiler en nous la présence de la transcendance, à décrypter son message sur un mode humain, sur le mode d’une culture et d’une époque donnée et au-delà sur le mode de la singularité d’une personne dans le cadre de cette culture et de cette époque. Pourtant, au même titre qu’une œuvre d’art du passé et d’une culture révolue nous parle encore aujourd’hui lorsque cette œuvre au-delà des singularités culturelles de son époque et de son auteur évoque l’universalité de la condition humaine, de même les messages religieux, c’est-à-dire les messages nous reliant à la transcendance, nous parlent encore lorsqu’ils évoquent les perspectives ontologiques qui nous sont ouvertes, au-delà de ce que nous enseignent le bon sens et la raison. C’est d’ailleurs en ce sens que nous pouvons affirmer avec St Paul que « c’est folie de croire » si on appelle folie cet état où la raison n’est plus souveraine dans la mesure où elle n’est plus en capacité de nous faire prendre conscience de notre lien avec la réalité.
La foi ainsi entendue, autrement dit cette capacité à entrer en contact avec la transcendance par la médiation de cette faculté que le croyant actualise par sa démarche et que les textes bibliques appellent l’Esprit, proclame par conséquent que le dépassement de la finitude non seulement n’est pas une illusion mais « est en germe » d’ores et déjà, ici et maintenant. Cette foi est assise sur la Résurrection du Christ, autrement dit du Dieu incarné, de celui qui se présente tout à la fois comme « Fils de l’homme » et qui à ce titre est entièrement homme et comme « Fils de Dieu » et qui à ce titre partage la plénitude divine elle-même. Si tel est le cas, alors sa mort nécessaire liée à sa nature de finitude se verra surmontée par une nouvelle vie, une vie d’une autre nature comme en témoigne sa résurrection, témoignage tout à la fois de sa nature divine et du dépassement possible d’un être appartenant également au monde de la finitude. Ainsi, nous comprenons pourquoi St Paul proclame que si « le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine et nous sommes les plus malheureux de tous les hommes ».
Le péché par excellence consiste à nier cette espérance et cette promesse. Le péché naturel et à ce titre « originel » réside dans la conviction inspirée par les apparences, le bon sens et la raison repliée sur elle-même, c’est-à-dire la raison raisonnante, que la finitude est notre seul horizon et notre seule espérance. Contrairement à une lecture strictement et étroitement moralisatrice du texte évangélique du jour, ce n’est pas l’adultère qui est constitutif du péché. L’adultère n’est jamais que la conséquence de cette soif de vie, de ce désir débridé traduisant la réduction de nos espoirs aux seuls horizons de la finitude. Ce désir violent qui nous habite et qui nous conduit à nous centrer sur nous-mêmes, à oublier la gratuité de l’Amour-agapè, l’Amour qui veut du bien à autrui sans contrepartie au bénéfice d’Eros, de l’Amour centré sur nous-mêmes, incarne à vrai dire ce qu’on appelle ordinairement dans les textes bibliques le démon, ce qui est la conséquence du « péché » par excellence, c’est-à-dire l’oubli, la négation des horizons ontologiques qui nous sont ouverts et la nature de la source de ce dépassement possible, à savoir l’Amour-agapè.
Bien entendu, tout homme, par la force des choses, en conséquence de sa finitude essentielle, est amené soit à nier, soit à douter de ces perspectives qui lui sont ouvertes et promises, s’il accepte de faire « Alliance » avec Dieu, c’est-à-dire avec l’Amour-agapè. En ce sens, tout homme, de par sa condition est exposé au « péché » tel que nous l’avons analysé. Mais nous sommes invités à surmonter ces moments inévitables de faiblesse ou d’aveuglement et donc nous sommes invités à ne plus pécher, et à accueillir l’espérance, cette confiance sereine dans ce qui vient sans que l’on soit à même, contrairement à l’espoir, à en dessiner les traits précis.