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447 LES LIMITES DE LA DEMOCRATIE IDEALE.

Publié le 01/12/2012 à 06:28 par cafenetphilosophie Tags : roman cadre vie bonne fond france nature livre

Cours de philosophie. Suite du billet N° 443.

 

 

Comme on le voit, la démocratie, régime politique ayant pour vocation à servir l’intérêt général, conçu et approuvé par l’unanimité des citoyens, est un régime politique idéal difficile voire impossible à instaurer. D’autant que la démocratie directe mobilise par définition la délibération de l’ensemble des citoyens. Cela était possible à Athènes car les citoyens grecs étaient déchargés des travaux quotidiens confiés à des esclaves. Mais s’il n’y a plus d’esclaves, comment procéder, même dans le cadre de petites cités ? Remarquons que la constitution de 1793, jamais appliquée à cause des guerres européennes menées par la France révolutionnaire afin de préserver ses acquis, prévoyait que la Convention, c’est-à-dire l’Assemblée élue, votait certes les lois mais ces dernières pouvaient être remises en cause ou approuvées définitivement par un référendum d’initiative populaire, qui devait être convoqué à la demande d’un nombre limité de citoyens. A certains égards, cette constitution pouvait être dite rousseauiste dans son inspiration.

 

 

Rousseau, pour sa part, n’est pas dupe. Il est conscient que la démocratie telle qu’il l’a décrite est une forme idéale, un absolu inaccessible, un modèle vers lequel on doit tendre le plus possible sans pouvoir prétendre le réaliser à l’état pur. Cela ressort de son propos dans le Livre III du « Contrat social »:

 

 

  «A prendre le terme dans la rigueur de l’acception, il n’a jamais existé de véritable démocratie, et il n’en existera jamais. Il est contre l’ordre naturel que le grand nombre gouverne et que le petit soit gouverné. On ne peut imaginer que le peuple reste incessamment assemblé pour vaquer aux affaires publiques, et l’on voit aisément qu’il ne saurait établir pour cela des commissions, sans que la forme de l’administration change.

 

 

D’ailleurs, que de choses difficiles à réunir ne suppose pas ce gouvernement ! Premièrement, un Etat très petit, où le peuple soit facile à rassembler, où chaque citoyen puisse aisément connaître tous les autres ; secondement, une grande simplicité de mœurs qui prévienne la multitude d’affaires et de discussions épineuses ; ensuite beaucoup d’égalité dans les rangs et dans les fortunes, sans quoi l’égalité ne saurait subsister longtemps dans les droits et l’autorité ; enfin peu ou point de luxe, car ou le luxe est l’effet des richesses, ou il les rend nécessaires ; il corrompt à la fois le riche et le pauvre, l’un par la possession, l’autre par la convoitise ; il vend la patrie à la mollesse, à la vanité ; il ôte à l’Etat tous ses citoyens pour les asservir les uns aux autres, et tous à l’opinion.

 

 

Voilà pourquoi un auteur célèbre a donné la vertu pour principe à la république, car toutes ces conditions ne sauraient subsister sans la vertu.

 

 

Ajoutons qu’il n’y a pas de gouvernement si sujet aux guerres civiles et aux agitations intestines que le démocratique ou populaire, parce qu’il n’y en a aucun qui tende si fortement et si continuellement à changer de forme, ni qui demande plus de vigilance et de courage pour être maintenu dans la sienne. C’est surtout dans cette constitution que le citoyen doit s’armer de force et de constance, et dire chaque jour de sa vie au fond de son cœur ce que disait un vertueux Palatin dans la diète de Pologne : Je préfère une liberté dangereuse à un esclavage tranquille.

 

 

S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes ».

 

 

Rousseau, en effet, considère qu’une véritable démocratie réunit des conditions qui, historiquement et moralement, ne sont pas raisonnablement accessibles à des hommes ordinaires : la Cité doit être restreinte afin que tous les citoyens se connaissent et soient en mesure de se réunir ; ces réunions ne doivent pas accaparer l’essentiel de leur temps puisqu’ils doivent par ailleurs vaquer à leurs fonctions sociales ; mais il est exclu cependant que des représentants puissent gouverner à leur place puisque la liberté ne se délègue pas ; il faut que les inégalités de condition soient les plus réduites possible afin de ne pas susciter des jalousies qui fausseraient les délibérations d’autant que si les hommes par nature sont libres car tous sont des êtres conscients, de ce point de vue, qui est celui de leur essence, ils sont également fondamentalement égaux ; enfin, il est nécessaire qu’une bonne éducation leur soit donnée afin qu’ils acquièrent cette vertu consistant à privilégier l’intérêt général et non l’intérêt particulier. Toutes conditions, qui, réunies, rendent pour le moins utopique l’instauration d’une véritable démocratie.

 

 

C’est d’ailleurs pourquoi Platon, déjà, ne croyait pas dans les vertus de la démocratie. Il pensait que la commune humanité était trop faible pour faire prévaloir l’intérêt général avant l’intérêt particulier. Dans ce système, ce sont les passions qui prennent le dessus. La démocratie dégénère très vite en démagogie, c’est-à-dire un système où les décisions prises ne font que flatter le peuple et ses intérêts apparents ; bref où « la volonté de tous », dirait Rousseau, triomphe sans partage. Dès lors le seul moyen d’échapper à cette dérive inévitable consiste à retenir l’objectif légitime des démocraties, à savoir servir l’intérêt général, en confiant cette mission à des sages rigoureusement sélectionnés après une longue éducation et qui exerceront de manière bénévole et à tour de rôle cette fonction. « Il faut que les philosophes deviennent rois ou les rois philosophes ».