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· 1 COURS DE PHILOSOPHIE: LA PHILOSOPHIE SPONTANEE.
· 289. INCONSCIENT PSYCHIQUE ET CONNAISSANCE DE SOI.
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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
07.10.2025
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Rubrique "Libres commentaires liturgiques, Année III". Suite du billet n° 42 20.
Extrait de "Commentaires philosophiques des textes de la liturgie catholique, Année III", A.Mendiri, Amazon.
Prochain billet demain lundi 24 octobre.
TEXTES :
Lecture du livre de Ben Sirac le Sage(Si 35, 15b-17.20-22a)
Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes. Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli sa supplication parviendra jusqu’au ciel. La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il persévère tant que le Très-Haut n’a pas jeté les yeux sur lui, ni prononcé la sentence en faveur des justes et rendu justice.
Lettre de la deuxième lettre de St Paul Apôtre à Timothée (2 Tm 4,6-8.16-18)
Moi, en effet, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J'ai mené le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi. Je n'ai plus qu'à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse. La première fois que j'ai présenté ma défense, personne ne m'a soutenu : tous m'ont abandonné. Que cela ne soit pas retenu contre eux. Le Seigneur, lui, m'a assisté. Il m'a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l'Évangile s'accomplisse jusqu'au bout et que toutes les nations l'entendent. J'ai été arraché à la gueule du lion ; le Seigneur m'arrachera encore à tout ce qu'on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
Evangile selon St Luc (Lc 18,9-14)
À l'adresse de certains qui étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L'un était pharisien, et l'autre, publicain (c'est-à-dire un collecteur d'impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : "Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes - ils sont voleurs, injustes, adultères -, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne." Le publicain, lui, se tenait à distance et n'osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : "Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !" Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c'est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l'autre. Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. »
COMMENTAIRE :
« Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes. Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé » (Livre de Ben Sirac le sage) ; « J'ai mené le bon combat… j'ai gardé la foi. » (St Paul) ; « Le pharisien :"Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes - ils sont voleurs, injustes, adultères… Le publicain :"Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !"… Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. » (St Luc).
Ces textes expriment sans doute un des aspects les plus connus de l’esprit de la Bible. Il s’agit en effet de rappeler que non seulement existe un Dieu, mais que ce Dieu peut entrer en relation personnelle avec les hommes et qu’il incarne un idéal de justice et de pureté plus souvent rêvé qu’effectif au sein du monde humain.
Certes, ce sont ces dernières caractéristiques qui font dire aux incroyants que ce Dieu est une invention consolatrice des hommes qui projettent dans le ciel lointain un idéal qu’ils sont incapables de réaliser ici-bas mais qui constitue néanmoins leur rêve secret. Le philosophe allemand du XIX° siècle Feuerbach ne dit pas autre chose. C’est l’idée-clef de son œuvre philosophique.
Ces rappels nous conduisent en premier lieu à tenter de faire litière de ces accusations ou de ces soupçons, accusations et soupçons qui ont alimenté ce qu’on a appelé précisément la philosophie du soupçon dont Marx, Nietzsche et Freud en sont les représentants les plus illustres et qui consiste à proclamer que les croyances de toute nature sont éclairées par les besoins qui les ont engendrés. Nietzsche, le plus radical en la matière, entreprend de dévoiler la valeur des valeurs et conclut que les valeurs sont fondées sur la valeur des besoins qui leur ont donné naissance.
Notons tout d’abord que cette conception matérialiste de l’origine des valeurs atteint très vite ses limites lorsqu’on la creuse quelque peu, en dépit des séductions qu’elle peut susciter de prime abord. C’est ainsi que les Egyptiens de l’Antiquité, préoccupés par les crues régulières du Nil qui envahissaient leurs champs et les condamnaient à en redessiner les contours lors du reflux du fleuve, ont été amenés à inventer des procédés mathématiques afin de faciliter leurs tâches. Il va de soi que la valeur de vérité de ces inventions mathématiques est indépendante des besoins historiques qui en ont précipité l’invention. Dans ce cas de figure, la valeur de la valeur ne s’identifie pas avec la valeur de l’origine du besoin qui leur a donné naissance.
Ce raisonnement concerne certes le domaine mathématique et nombre de ceux qui partagent volontiers les thèses de la philosophie du soupçon en feront une exception qui confirme la règle. Pourtant, il en va de même concernant les œuvres d’art, celles tout au moins qui ont traversé le temps et qui sont unanimement reconnues comme étant des chefs-d’œuvre. Comment expliquer que le contemplateur du XXI° siècle, ignorant la plupart du temps tout de la culture de l’époque et même des idiosyncrasies particulières de leur créateur, puisse être ému par de telles œuvres d’un lointain passé, révolu dans tous ses aspects ? Si la valeur de l’œuvre se réduisait à la valeur des besoins de l’époque qui a vu son émergence, la sensibilité de l’homme du XXI° siècle ne serait pas interpellée par de telles œuvres. Là encore, la valeur d’une œuvre d’art ne se réduit pas ou transcende les besoins particuliers entourant son origine. Ce qui est vrai pour les mathématiques, savoir objectif par excellence, pour l’art, qui renvoie au jugement de valeur et au domaine du qualitatif qui échappe par essence à toute démonstration, pourquoi cela ne serait-il plus le cas lorsqu’il s’agit du sentiment religieux ?
Nous touchons là du doigt les limites et la pauvreté conceptuelle de toutes les thèses purement psychologiques ou sociologiques afin de rendre compte du contenu de telles ou telles croyances d’ordre religieux. Cela est d’autant plus vrai que l’affirmation d’un Dieu au même titre que sa négation relève d’un pari intellectuel sur le sens ou le non-sens, paris qui possèdent chacun autant de légitimité d’un point de vue rationnel l’un que l’autre. De plus, faut-il le rappeler une fois encore, la foi n’est pas un simple acte de croyance. Elle renvoie à une expérience intérieure, à une expérience spirituelle qui prétend à tort ou à raison entrer en contact avec la présence d’un sens transcendant, d’un sens qui est en chacun des croyants et qui est vécu comme étant autre qu’eux, comme l’expression d’une altérité ontologique si on désigne par ontologique tout discours sur l’Etre, sur ce qui est vraiment au-delà des apparences.
Or, pour les Juifs, cette présence témoigne à la fois d’une réalité lointaine, indicible, irreprésentable mais en même temps d’une réalité très proche, très familière, présentant des ressemblances avec le monde humain. Certes il s’agit là d’une inévitable formulation anthropomorphique de l’expérience de l’absolu, mais qui souligne néanmoins que si absolu il y a, celui-ci enferme en son sein tous les aspects les plus hauts de l’Etre incarnés et dévoilés par l’homme, que ce soit la conscience, les valeurs morales, l’hypothèse ontologique d’un fondement à toutes choses. Certes il les contient à sa manière, à savoir sur le mode de l’infini et non sur le mode d’une finitude particulière comme celle de l’homme.
Les textes bibliques qui sont soumis à notre réflexion ce jour ne sont donc pas frappés de crédulité ou de naïveté confondantes comme le soutiennent certains. Mais il y a plus. Ils nous indiquent que la filiation éventuelle avec la transcendance dévoilée au sein de notre vie intérieure n’a aucun rapport avec les appartenances sociales ou religieuses entretenues par tel ou tel croyant. Certains croyants, à l’inverse de leurs détracteurs, ont parfois tendance à se considérer comme faisant partie d’une élite éclairée tant sur le plan spirituel que moral. Ils se parent de toutes les vertus et disent volontiers comme on l’a fréquemment entendu au fil des siècles dans la bouche de certains clercs « Hors de l’Eglise point de salut ». L’Evangile de Luc, qui demande à être lu et relu, nous rappelle que la vertu authentique et la foi authentique n’ont aucun rapport avec quelque conformisme social ou religieux que ce soit, mais avec la pureté du cœur d’une part et avec un sens aigu de l’humilité d’autre part. Belle leçon à retenir.