Abonnement au blog
Recevez les actualités de mon blog gratuitement :

Je comprends qu’en m’abonnant, je choisis explicitement de recevoir la newsletter du blog "cafenetphilosophie" et que je peux facilement et à tout moment me désinscrire.


Articles les plus lus

· 10 LA NOTION D'INSTINCT CHEZ L'HOMME . COURS.
· 9 LE STATUT DE LA CONSCIENCE SELON NIETZSCHE. COURS.
· 13 CROYANCES, RITES ET FÊTES DU JUDAÏSME
· NATURE HUMAINE ET CONDITION HUMAINE.
· 1 LES FONDEMENTS D'UNE DEMOCRATIE

· 10 LA FONCTION DU MYTHE
· 531 L'ART POUR L'ART OU ART ENGAGE?
· 5 LE BOUDDHISME: COMPARAISON AVEC L'HINDOUISME
· 12 MOÏSE, FONDATEUR DU JUDAÏSME
· 1 COURS DE PHILOSOPHIE: LA PHILOSOPHIE SPONTANEE.
· 289. INCONSCIENT PSYCHIQUE ET CONNAISSANCE DE SOI.
· 286. LES MANIFESTATIONS DE L'INCONSCIENT PSYCHIQUE.
· 411 LES SOURCES DE LA CONNAISSANCE HUMAINE.
· 2 COURS DE PHILOSOPHIE: LE ROLE DE LA RAISON.
· 8 LE STATUT DE LA CONSCIENCE SELON KANT ET PASCAL. COURS.

Voir plus 

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· 29 Cours: La nature de l'homme (15)
· 8 Les grandes religions (24)
· 36 Cours: L'Art. (14)
· 31Cours: L'inconscient. (6)
· 3 L'esprit démocratique (23)
· 2 Cours: Pourquoi la philosophie? (5)
· 7 Le phénomène religieux (16)
· 30 Cours: La morale. (11)
· 45 Extraits de textes philosophiques (15)
· 35 Cours: La politique. (22)

Rechercher
Thèmes

pouvoir roman jeune pensées image vie moi bonne homme histoire heureux société nature fille soi cadre texte extrait enfants

Statistiques

Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour : 11.12.2025
5185 articles


349 BONHEUR OU LIBERTE?

Publié le 21/08/2012 à 06:03 par cafenetphilosophie Tags : roman jeune pensées image vie moi bonne homme histoire heureux société nature fille soi cadre texte extrait

Cours de philosophie. Extrait de l'ouvrage d'Albert Mendiri, aux éditions Scripta, chap VI "La liberté du sujet: a-t-elle pour fondement la volonté ou le désir?" pp. 125-127.

Prochain billet sur ce thème samedi 25 août.

 

 

Ce texte, (cf billet N°345) qui expose la conception de la liberté radicale de JP Sartre appelle plusieurs commentaires afin d’en saisir toute la portée. En premier lieu, l’auteur se démarque d’une conception courante selon laquelle un sujet qui n’est pas en mesure de réaliser ses désirs, ses projets, son idéal, voire tout simplement son bien, même si ce dernier contrarie ses désirs immédiats et illusoires, se voit privé de liberté. Il s’agit là non seulement d’une conception du sens commun mais, de manière plus noble et plus critique lorsqu’un lien est établi entre la liberté et la réalisation de son bien authentique, de la conception soutenue par la tradition philosophique classique.

Or, de telles conceptions conduisent à la limite à faire une confusion entre la recherche de la liberté et la recherche du bien, voire du bonheur. Peut-être souvenons-nous que Kant soutenait que la volonté d’être moral ne nous rendait pas forcément heureux. Il convenait, selon ce dernier, de distinguer ces deux objectifs, à savoir le bonheur et le devoir moral. De même JP Sartre va nous amener à distinguer entre l’objectif de liberté et celui de bonheur.

Pour bien comprendre cette thèse il faut avoir en tête l’idée suivante : la conscience est par essence recul, par rapport à nos pensées, nos paroles, nos actions, et recul qui lui donne un pouvoir d’appréciation, d’affirmation ou de négation. Le sujet ne choisit pas les caractéristiques de ce que Sartre appelle sa « situation ». Nous ne choisissons pas d’être un garçon ou une fille, d’être français ou chinois, d’être issu d’un milieu populaire ou d’un milieu bourgeois, d’être en bonne santé ou d’être malade etc. Mais nous sommes amenés à porter une appréciation sur ces différentes caractéristiques qui nous affectent et que nous n’avons pas choisies. Nous leur accordons ou non une importance ou une valeur. Bref nous leur donnons le sens que nous voulons.

Si je suis une fille, je peux considérer que c’est une chance, ou bien une malédiction ; je peux y être indifférente, je peux me révolter contre la condition qui lui est réservée, je peux au contraire me conformer entièrement aux rôles sociaux qui lui sont généralement dévolus etc. En somme, une multiplicité de possibilités s’offre à moi. Parmi ces possibilités je suis « condamné » à choisir une d’entre elles. Je ne suis pas libre de n’effectuer aucun choix. Car, ne pas choisir (par hésitation, par indifférence ou autre) incarne encore un choix. C’est en ce sens qu’étant condamné à effectuer un choix, « je suis condamné à être libre » 

De même, si je suis lycéen et que je poursuis mes études uniquement sous la pression de ma famille, je peux considérer dans un premier temps que je me vois privé de ma liberté. Pourtant, si nous prenons en compte les analyses de Sartre, ma présence au lycée est un libre choix. Certes je ne suis pas heureux de poursuivre mes études. Peut-être que je m’ennuie en cours. Mais il n’en reste pas moins vrai que c’est un choix délibéré. En effet, j’aurais pu rompre les amarres avec ma famille et partir sur les chemins, décidant d’affronter l’aventure. Seulement, si je ne le fais pas, c’est parce que je ne suis pas prêt à affronter ce style de vie et que je préfère le confort de la vie familiale. C’est donc un choix. Ce n’est pas mon idéal mais étant donné ce que sont mes valeurs actuelles et donc ce que je considère comme les inconvénients d’une rupture, j’ai choisi de me plier aux désirs de ma famille et de me rendre au lycée tous les matins.

Les partisans du déterminisme pourraient objecter que le choix que je vais effectuer résulte de mon histoire, de mon éducation, des diverses influences reçues. En réalité, ce n’est pas un véritable choix. Je n’en suis pas véritablement responsable. C’est la résultante mécanique d’une chaîne causale dont je ne maîtrise ni les tenants ni les aboutissants. Si je suis « un mauvais malade » (c’est-à-dire si j’ennuie mon entourage par mes caprices permanents sous prétexte que je suis malade), ce n’est pas de ma faute, c’est la faute à mon caractère et mon caractère ne dépend pas de moi, il résulte de mon éducation voire de mon hérédité.

A cela, Sartre rétorque que ceux qui s’abritent derrière des déterminismes quelconques pour rendre compte de leurs actions, se cherchent en réalité des excuses. Ils refusent une responsabilité trop lourde à porter. Ce sont des « salauds », autrement dit des êtres qui se refusent à assumer leur condition et qui veulent transférer les responsabilités à d’autres ou plus généralement à des causes abstraites, lointaines, impersonnelles comme la société ou l’hérédité par exemple.

En effet, nul ne doute et Sartre le premier, qu’un sujet quelconque reçoit des influences. Chacun d’entre nous possède un caractère, c’est-à-dire une manière habituelle de se comporter, et ce, peut-être à la suite de notre éducation. Mais nous faisons l’expérience, en certaines circonstances, de notre liberté de choix. C’est ainsi que si je suis facilement coléreux, désagréable, antipathique et que je me présente à un employeur en vue d’un contrat d’embauche, je vais prendre sur moi et donner le temps de cet entretien une autre image de ma personne. Le caractère n’est donc pas une fatalité. Cela d’ailleurs se comprend fort bien, si nous posons que le sujet conscient a toujours la possibilité de dire « non », de changer de cap, d’affecter un sens nouveau aux circonstances de sa vie et en conséquence de traduire cette nouvelle orientation par des comportements nouveaux, par un « engagement » de nature différente.

 C’est en ce sens que le sujet qui s’abrite derrière des déterminismes pour justifier son action ou son inaction est de « mauvaise foi », c’est-à-dire, rappelons-le, se ment à lui-même. Nous n’échappons pas au choix, et cela est dû à la nature même de la conscience. Il est vrai que dans le cadre de la vie ordinaire, nous n’avons pas l’impression d’avoir des choix à effectuer mais au contraire nous avons le sentiment de subir les évènements. Pourtant, ce sentiment devient différent lors de circonstances exceptionnelles. « Les français n’ont jamais été aussi libres que sous l’occupation allemande » affirme Sartre, affirmation qui, avant explications, heurte la plupart du temps ceux qui l’entendent pour la première fois. Or, il va de soi que Sartre n’évoque pas ici la liberté politique. Ce serait absurde et scandaleux. Il fait état du sentiment très vif qu’avaient les français de cette époque tragique de leur histoire d’avoir inéluctablement des choix à effectuer : soit s’engager dans la Résistance ; soit collaborer ; soit encore adopter une attitude d’attente pour voir comment le vent allait tourner. Contrairement aux époques ordinaires, ils avaient l’impression d’être des acteurs de l’histoire et cela leur faisait prendre conscience du caractère inévitable d’un engagement avec le vif sentiment de liberté intérieure qui accompagnait cette nécessité de s’engager.

D’ailleurs, cette nécessité de faire des choix, de s’engager, bref d’être libre est un révélateur de nos authentiques valeurs, de ce à quoi l’on croit vraiment. Seuls nos actes témoignent de ces valeurs et non nos simples intentions ou les comédies qui peuplent notre imagination sans être suivi d’effets. Rappelons-nous : le jeune homme qui hésite entre s’engager dans la Résistance ou rester auprès de sa mère se révèlera à lui-même, et par la même occasion aux autres, ses véritables valeurs lorsqu’il aura effectué son choix. La liberté requiert inévitablement l’engagement, se prouve par les actes. La liberté consiste à assumer la réalité d’une certaine façon et non à se réfugier dans le rêve.

Notons à ce propos que la liberté radicale de la conscience ainsi conçue ne se confond pas avec le libre-arbitre tel que l’envisage Descartes, c’est-à-dire cette capacité infinie à affirmer ou à nier, et de manière arbitraire si j’en décide ainsi. Les choix que nous effectuons sont motivés. Ils résultent de nos choix antérieurs, de nos engagements passés, des valeurs que nous accordons aux choses. Mais le passé n’en est pas pour autant une fatalité. Tout dépend du sens que j’accorde à ce passé ici et maintenant. Je peux me laisser porter par ce passé, au même titre que je peux m’abandonner à ma manière habituelle de me comporter, c’est-à-dire à mon caractère. Cependant cela reste un choix. A tout moment il m’est possible de donner à mon passé un autre sens et si cette nouvelle appréciation n’est pas une simple comédie que je me joue intérieurement, mes engagements, mes choix traduiront ce nouveau cours imprimé à ma vie.

Ainsi, à proprement parler, la notion de déterminismes est remise en cause dans l’œuvre de JP Sartre. Certes dans le texte proposé, ce dernier affirme que nous sommes à la fois « totalement déterminés et totalement libres ». Si on entend par « déterminismes » les caractéristiques de notre « situation », caractéristiques que nous n’avons pas choisies, alors il est vrai que nous sommes « totalement déterminés ». En revanche, si nous entendons par « déterminismes » un ensemble de facteurs qui décident à notre place de notre action et de nos choix, alors il n’y a pas de déterminismes pour un sujet conscient, condamné à assumer d’une certaine manière les caractéristiques de sa situation. La liberté est radicale. Je n’ai pas le choix de ne pas être libre.