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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
09.12.2025
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Rubrique "Foi et Raison". Suite du billet N°5149.
Extrait de La Foi au défi de la Raison", A.MENDIRI, Amazon.
Prochain billet demain mercredi 10 décembre.
Il convient tout d’abord de préciser ce que nous entendons par l’Etre. L’Etre renvoie à l’ensemble de la réalité, autrement dit à la fois à ce qui apparaît et à ce qui est vraiment, au-delà des apparences. La présence de l’Etre est un grand mystère. Qui ne s’est jamais interrogé sur cette présence et n’en a pas été saisi d’étonnement n’a pas l’âme d’un philosophe. La présence de l’Etre suscite cette question, éternellement d’actualité, soulevée par Leibniz au XVII° siècle : « Pourquoi il y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? ». Cette question peut en entraîner une autre : l’Etre a- t-il un commencement ? Cette question a-t-elle un sens ?
Examinons un moment cette question du commencement de l’Etre. Pour ce faire nous disposons d’une faculté que nous appelons la raison, c’est-à-dire la pensée logique, la pensée qui se refuse à émettre des contradictions. La raison est la faculté de référence de l’activité philosophique depuis que celle-ci est née en Grèce voici plus de vingt-cinq siècles. Si nous disons que la civilisation grecque de cette époque a inventé la philosophie, c’est dans la mesure où elle semble être la première civilisation qui ait fait confiance en la seule raison afin de répondre aux grandes questions que se pose l’homme.
Expliquons-nous sur ce statut de la raison. S’il est une discipline où la raison règne en maître et sans aucune contestation possible, ce sont les mathématiques et c’est là d’ailleurs l’origine de la fascination que celles-ci ont exercé et exercent peut-être encore sur la pensée philosophique. Les Grecs de cette époque ont en effet également inventé les mathématiques. Cette affirmation peut légitimement surprendre. Car, incontestablement, les nombreuses civilisations qui ont précédé la Grèce du V° siècle av. JC, sont les auteurs de remarquables réalisations architecturales, de calendriers, de cartes terrestres, maritimes, du ciel, toutes choses qui présupposent des connaissances mathématiques. Alors au nom de quoi ce privilège accordé à la Grèce du V° siècle av. JC ?
Les grecs ont inventé la démonstration. Démontrer une proposition revient à établir par le raisonnement que cette proposition peut se ramener à des propositions antérieurement démontrées. Certes, si nous remontons ainsi la chaîne des démonstrations, force est de constater que l’esprit doit s’arrêter à des propositions premières échappant à la démonstration. Notre propos ne consiste pas ici à réfléchir sur la nature exacte de ces propositions premières ni sur le paradoxe sur lequel sont fondées les mathématiques, définies comme la science de la démonstration dont le point de départ est constitué de propositions indémontrables.
Car ce qui nous intéresse dans l’immédiat c’est le rôle que jouent la démonstration et la raison au sein des mathématiques. Jusqu’aux Grecs, les connaissances mathématiques relevaient de pratiques empiriques, c’est-à-dire de pratiques fondées sur l’expérience prise au sens large, sur l’observation, sur les tâtonnements des essais et des erreurs, sur des mesures. La nouveauté introduite par les Grecs est d’avoir montré qu’une proposition est vraiment de nature mathématique qu’à partir du moment où elle peut faire l’objet d’une démonstration. Les Grecs ont inventé les mathématiques car ils ont inventé la démonstration.
Or, la démonstration ne s’appuie que sur les ressources de la seule raison. C’est d’ailleurs là que se situe sa difficulté majeure pour les apprentis en la matière. De jeunes collégiens comprennent souvent difficilement qu’il convient de démontrer des propriétés de figures ou de nombres qui semblent parfois évidentes à la simple observation. Les mathématiques sont vraiment l’empire de la raison.
Ce détour par les mathématiques se justifie car il en va de même concernant la philosophie. Si on s’accorde pour dire que cette discipline consiste à s’interroger et à réfléchir sur les grandes questions que peut se poser l’homme, il peut sembler étonnant que la naissance de cette démarche soit fixée si tardivement, à savoir il y a seulement vingt-cinq siècles, sur les bords de la Méditerranée, en Grèce. L’humanité a dû se poser de telles questions à l’aube de son apparition sur cette planète, dès que la conscience s’est fait jour.
Evidemment, il ne viendrait à l’idée de personne de contester cela. Mais il convient de souligner que les réflexions conduites par les civilisations antérieures à la Grèce antique étaient essentiellement alimentées par de grandes religions ou par des conceptions morales. Les religions reposent sur des traditions venues du fond des âges, sur des expériences spirituelles effectuées par des méditants persuadés d’être entrés en contact au sein de leur vie intérieure avec des forces ou une présence qui les dépassent et qui sont le signe ou le témoignage de la divinité, de la source et du sens de toutes choses. Certes, la réflexion entre bien en ligne de compte, mais il n’en reste pas moins que les affirmations émises, les croyances proposées ne reposent pas sur la seule autorité de la raison.
L’ambition des intellectuels Grecs du V° siècle av. JC, c’est précisément de ne faire confiance qu’en la seule raison afin de répondre aux interrogations de l’humanité à propos des grandes questions métaphysiques que se pose l’homme, si nous appelons métaphysique cette démarche consistant à poser et à tenter de répondre par la seule raison aux questions soulevées par les religions et plus largement par tous les courants spirituels, fussent-ils agnostiques ou athées.
Dès lors, si nous pouvons dire que les Grecs de cette époque ont inventé la philosophie, c’est exactement pour la même raison que nous leur avons attribué l’invention des mathématiques, à savoir la confiance et le rôle exclusif accordés à la raison afin de conduire ces entreprises intellectuelles respectives. Les questions que se pose l’homme ne devaient plus relever de la croyance, religieuse notamment, mais d’un savoir. L’intérêt majeur du rôle de la raison consistait dans l’universalité potentielle des conclusions auxquelles elle permettait d’aboutir.
En somme, l’exercice de la raison a conduit à l’invention de deux nouvelles disciplines, à savoir les mathématiques et la philosophie, mais son mérite est d’avoir donné naissance à l’idée d’humanité, d’universalité de l’homme au-delà des différentes cultures, d’universalité de la vérité, objet d’un savoir et non de croyances. De plus, de manière encore plus noble, la confiance dans la raison libérait l’homme de celle qu’il devait accorder à autrui afin de parvenir à la vérité. Le bon usage de la raison le rendait entièrement libre d’accéder à la vérité par lui-même. La raison faisait entrer la vérité et la liberté du sujet dans une communauté de destin.