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3914 L'IRRATIONNEL DANS LA RELIGION ET LA SCIENCE

Publié le 13/12/2021 à 05:59 par cafenetphilosophie Tags : sur monde coup jeux chez mode centre dieu nature pouvoir demain

Rubrique "Les langages impossibles". Suite du billet N°3907.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome VI, A.Mendiri, Amazon, 09 €

 

Prochain billet demain mardi 14 décembre.

 

 

L’époque contemporaine a tendance à privilégier le savoir scientifique et technique concernant le dévoilement de la vérité ou, plus modestement des vérités particulières sur la réalité qui se présente à lui. A vrai dire, ce privilège accordé à la science et à la technique demeure fragile et ambigu. Nombre de nos contemporains éprouvent un grand attrait pour tous les domaines de l’irrationnel, que ce soit la lecture des horoscopes, le goût pour la voyance, la crédulité vis-à-vis de toutes les activités paranormales, la pratique intensive des jeux de hasard et ainsi de suite. Nous pourrions également faire état de la confiance parfois aveugle concernant les médecines parallèles, même si cette confiance peut se fonder sur leurs éventuels effets positifs sans que ceux-ci puissent se prévaloir de raisons scientifiques avérées.

En revanche, les mêmes personnes qui ne sont pas regardantes à propos de ces domaines où l’irrationnel semble tenir le haut du pavé, seront souvent promptes à dénoncer le caractère illusoire ou dépassé des religions, tout au moins des religions traditionnelles. Car des phénomènes religieux nouveaux comme différents groupes rangés parmi ce qu’on appelle des sectes de tout poil ou de manière beaucoup plus policé, des Eglises de filiation vaguement protestante comme les Eglises Evangélistes, qui pratiquent lors de leurs cérémonies émotionnelles et échevelées des guérisons de toutes sortes ou supposées telles, recueillent désormais les faveurs de nombre d’esprits religieux. Mais ce recul et cette désaffection pour les religions traditionnelles ont sans doute des ressorts davantage politiques ou moraux que des raisons d’ordre strictement religieux.

La confiance parfois aveugle et exclusive dans les progrès de la science et de la technique afin de nous livrer les clefs du réel est, le plus souvent, le fait d’une partie non négligeable des élites sociales, qui renouent, sans le savoir toujours, avec les convictions du courant positiviste, en vogue à la fin du XIX° siècle. En effet, depuis le siècle des Lumières, et de manière plus lointaine, depuis la naissance de la science expérimentale moderne au XVII° siècle, siècle marqué par la confirmation de l’intuition copernicienne selon laquelle la Terre n’était pas le centre du monde, la religion et singulièrement la religion chrétienne en Europe, a perdu de son prestige et de son emprise sur les sociétés de l’époque et a commencé son long déclin. De plus en plus, les élites sociales et peu à peu des pans de plus en plus larges des populations européennes ont placé leur confiance dans les progrès de la science naissante en vue de répondre aux questions que l’homme se posait depuis son apparition sur terre.

Les sciences expérimentales substituaient le savoir à la croyance, la preuve à l’article de foi. Leurs conclusions s’imposaient à tous les esprits et n’étaient pas tributaires de l’adhésion subjective et fragile que leur accordait une communauté de croyants. La cause semblait entendue : les religions ainsi d’ailleurs que les diverses philosophies profanes étaient destinées à disparaître progressivement au fur et à mesure des progrès inéluctables de la science.

Bien entendu, cet acte de foi dans la science et ses possibilités n’était pas lui-même dépourvu d’une grande crédulité quand ce n’était pas d’une grande ignorance quant à la nature même et de la science d’une part et des religions d’autre part.

Observons d’ailleurs que le positivisme du XIX° siècle, initié par Auguste Comte, se caractérisait par un empirisme outrancier. Curieusement, la confiance investie dans l’activité scientifique se voyait associée à des limitations très drastiques imposées apparemment par le bon sens et l’insuffisance des techniques de l’époque. C’est ainsi qu’il est bon de rappeler qu’Auguste Comte affirmait de manière péremptoire que la composition des étoiles nous demeurerait à jamais inconnue car elles étaient inaccessibles à l’observation fine et encore moins à l’expérimentation.

Cette philosophie du plancher des vaches s’est vue récusée par les révolutions scientifiques du début du XX° siècle, en particulier par les théories de la relativité et par la théorie des quanta et encore davantage par les immenses et impensables progrès technologiques d’investigation du réel qui les ont accompagnées.

Cependant et en conséquence le mirage d’un savoir absolu procuré par le biais de la science s’est vu conforté chez nombre de chercheurs et d’intellectuels du XX° siècle. La rationalité, la rigueur, le souci de la preuve attachés à la démarche scientifique semblait rendre caduque et vespérale la religion, ses croyances, ses superstitions pour certains, l’arbitraire de son contenu pour beaucoup.

Les convictions de ce type sont victimes, selon nous, de deux erreurs épistémologiques majeures, l’épistémologie, rappelons-le, étant la branche de la réflexion philosophique visant à définir les limites et les possibilités de la science au regard de ses méthodes spécifiques. La première de ces erreurs réside dans une idée fausse de la nature et de la portée des langages respectifs des sciences et des religions. La seconde de ces erreurs consiste à se méprendre sur le caractère entièrement et même essentiellement rationnel de la science, sa démarche étant par nature étrangère à toute idéologie, à tout système de pensée.

Examinons successivement les deux erreurs en question. Le langage scientifique, ses concepts, le type de connaissance qu’il permet sur le réel qui s’offre à nous, repose sur la méthodologie introduite au XVII° siècle et qui constitue l’acte de naissance de la science expérimentale moderne et contemporaine. Il s’agit en premier lieu d’établir un lien étroit entre les sciences de la nature et les mathématiques. Celles-ci ne sont plus seulement un outil de mesure mais renvoient à ce que Galilée désignait comme étant le « langage » même de la nature, renouant ainsi avec l’intuition de Platon, idée qui lui avait été soufflée par Pythagore. Les mathématiques constituent en quelque sorte la colonne vertébrale du réel. De ce fait, les sciences de la nature n’abordent que l’aspect quantitatif et mesurable de la nature, aspect qui permet de prévoir la succession des phénomènes, la relation de cause à effet entre ceux-ci, nous dévoilant par là-même son mode de fonctionnement. En revanche, sa méthodologie fondée sur l’observation, l’expérimentation, la mesure, la prévision rationnelle de phénomènes encore inconnus, la conduit à rester muette à propos de tous les aspects qualitatifs du réel, ceux appelant au-delà de purs jugements de fait, des jugements de valeur comme c’est le cas à propos des questions morales, politiques, esthétiques, métaphysiques, ces dernières soulevant la question du sens éventuel de la réalité, autrement dit celle se rapportant à sa raison d’être ou son caractère absurde.

Le langage religieux et son objet n’ont aucun rapport avec le langage scientifique que nous venons d’évoquer. Avant d’entrer dans des analyses plus approfondies, rappelons d’abord que la religion porte précisément sur une question non traitée par la science, à savoir, sur la question du sens et de la raison d’être du réel, sur ses fondements ou ses justifications ultimes. C’est là son objet. Mais au-delà de son objet, une religion quelconque postule ou est persuadée que les hommes sont des êtres limités du point de vue de la connaissance tout en ayant néanmoins le double privilège de pouvoir se poser la question du sens et de disposer d’une forme d’intuition par rapport au dévoilement de ce sens. Dès lors le langage religieux traduira à la fois cette impossibilité pour l’homme de parler de l’absolu tel qu’il est, mais seulement de manière analogique, sur un mode humain et en s’appuyant sur une supposée connaissance intuitive de ce sens. Bref, le langage religieux est par nature symbolique.

Comme nous le voyons, il n’y a aucun rapport entre ces deux langages et par conséquent la possibilité d’une relation entre eux sur le mode des vases communicants, l’un, la science, se remplissant au détriment de l’autre, la religion, qui se vide peu à peu. La vision positiviste du monde est un non-sens épistémologique.

De même concernant la prétendue neutralité et entière rationalité de la science. Nous connaissons tous des exemples historiques célèbres illustrant les refus religieux de s’incliner devant le savoir scientifique sous prétexte que celui-ci contrariait les interprétations prêtées aux textes sacrés. Galilée au XVII° siècle à propos de la rotation de la Terre autour du Soleil et Darwin au XIX° siècle concernant la filiation animale de l’homme sont encore bien présents dans nos mémoires.

Mais les domaines de la science sont-ils à l’abri de telles dérives ? Malheureusement non et le XX° siècle nous offre en la matière des témoignages éloquents. Passons sur l’aveuglement d’un généticien comme le britannique Cyril Burt persuadé de l’influence déterminante des facteurs héréditaires quant à l’origine des comportements humains ou du soviétique Lyssenko à propos de l’hérédité des caractères acquis et ce , dans les deux cas , pour des raisons idéologiques opposées, le premier justifiant l’ordre social, le second dans une perspective de possibilité de transformation révolutionnaire de celui-ci, et qui , du coup, sont amenés à infléchir insensiblement les résultats de l’expérience afin de valider leurs présupposés.

Car, d’une certaine manière, il existe des exemples encore plus spectaculaires et concernant des génies scientifiques de toutes les époques. Ce fut le cas de Galilée refusant l’hypothèse de l’orbite elliptique des planètes énoncée par Kepler au motif que le cercle était une forme parfaite et que l’ordre du monde était divin. Ce fut à nouveau le cas de l’inventeur de la relativité, Albert Einstein, qui introduisit volontairement dans ses équations des variables cachées afin d’invalider les conclusions de la physique des quanta qui contrariaient sa conviction qu’il ne pouvait y avoir aucune exception au principe du déterminisme, Dieu ne jouant pas aux dés avec le monde. Ce fut de même cas du cosmologiste Fred Hoyle, refusant l’hypothèse de l’explosion initiale, point de départ des processus physiques de notre Univers et qualifiés par lui et par dérision de « Big Bang » au motif que celle-ci rappelait le « Fiat Lux » biblique.

Ainsi, les religions n’ont pas le monopole de refus irrationnels fondés sur des raisons idéologiques et des raisons qui plus est, non pertinentes au regard même des démarches respectives et de la religion et de la science mais également de leur objet propre.

A.Mendiri