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2444 Le "TOUT AUTRE" ET LA QUESTION DE LA VERITE (3)

Publié le 22/06/2018 à 06:00 par cafenetphilosophie Tags : vie homme chez amour belle mort sur mode création divers dieu nature fille gratuit message soi pensée extrait demain

 

 

Rubrique "Le dévoilement du sens". Suite du billet N°2437

 

Extrait de "La foi au défi de la raison", A.Mendiri

 

Prochain billet  demain soir samedi 23 juin.

 

 

Croire pour comprendre, comprendre pour croire

 

   Ainsi l’idée d’un fondement absolu et donc d’une vérité absolue au-delà des infinies finitudes et perspectives différentes que ces finitudes incarnent est entièrement légitime et même rationnellement nécessaire. Dieu n’est pas mort. Refuser cette perspective reviendrait à oublier l’Etre comme fondement de toute réalité. Cet oubli de l’Etre a fait l’objet des analyses de Heidegger. Mais celui-ci entendait par l’Etre non une réalité absolue qui donnait consistance à toutes les modalités de la finitude ou ce qu’il appelait les « étants », mais ce qui, par la médiation de l’être conscient ou du « Dasein » était source de sens et d’existence pour les réalités en tant que signifiantes et qui, comme signifiantes, en-dehors du « Dasein », ne seraient pas.

  En d’autres termes l’Etre ne renvoyait pas à un « étant » suprême » appelé Dieu. Ces analyses de Heidegger ont le tort, à nos yeux, de s’arrêter en chemin. Car Heidegger ne prend pas en compte que cette réalité que nous appelons la conscience appartient à l’infinité des possibles constitutive de la présence de l’Etre. Autrement dit, la conscience qui donne sens et consistance signifiante à toutes choses appartient par nature, à titre de possible, à la présence de l’Etre qui transcende à ce titre, sur le mode de l’infinitude, tous les étants particuliers, y compris ceux porteurs de la conscience ou du « Dasein ».

  Ainsi, l’Etre ne se réduit-il pas à l’activité donatrice de sens du « Dasein ». Ce serait oublier doublement l’Etre de ne pas faire de ce dernier la source et le fondement de tous les étants quant à leur possibilité d’émergence à l’Etre d’une part et quant à la source même de la réalité signifiante de ces étant d’autre part, que ce soit d’un point de vue transcendant ou d’un point de vue potentiellement humain pour ce qui est de notre planète. Mais bien évidemment de telles analyses sont le fait de notre raison, qui, rappelons-le, possèderait en matière métaphysique une semblable légitimité que la raison qui s’exerce en matière scientifique, à savoir l’efficacité sur le plan de la compréhension d’une part et un rapport vraisemblablement de l’ordre de l’analogie quant à sa relation à la vérité d’autre part, c’est-à-dire quant à la conformité de ce réel absolu avec ce que l’on peut en dire.

   Autrement dit, la raison ne saurait prétendre, pas davantage que les éventuelles autres perspectives sur l’Etre peuplant le vaste multivers, dévoiler l’Etre absolu ou la nature de la présence de l’Etre constitutive d’une réalité « tout autre » que la finitude. La raison ne peut, de manière simplement analogique, qu’évoquer cette réalité absolue et ce, de manière relative et donc comme il est coutume de le rappeler, de manière anthropomorphique. L’anthropomorphisme ne constitue pas une errance humaine mais est le passage obligé pour tout être de finitude permettant de dire quelque chose de l’absolu, étant entendu que les affirmations en question entretiennent un rapport analogique avec la vérité et sont donc signifiantes d’un discours qui ne se réduit pas à la sphère de la simple humanité.

  L’interprétation rationnelle de la présence de l’Etre ne saisit donc pas la nature de cette présence telle qu’elle est. La raison fait là l’expérience de ses limites. Certes, la raison nous enseigne bien que cet absolu n’est en rien celui dévoilé par la pensée grecque, autrement dit un absolu figé dans le temps ou plus précisément au sein d’une éternité immobile, comme c’est le cas pour Diotime à la fin de la deuxième partie du Banquet de Platon, lorsque celui-ci, à l’issue d’un long et austère cheminement parvient à saisir en un instant furtif le fondement de la beauté en soi, c’est-à-dire de la manifestation sensible du sens ou du « Logos ».

 Car la raison est instruite sur la présence de l’Etre par la médiation de l’expérience temporelle qui lui dévoile que cette présence de l’Etre, non seulement enferme un passé infini et un infini actuel mais fait émerger également un futur sans limite, un jaillissement incessant de nouveaux instants, de manifestations du réel imprévisibles et impensables ici et maintenant, dont l’émergence conduit à éclairer progressivement le sens de l’Etre. La vérité humaine sur l’Etre se manifeste nécessairement sur le mode d’un dévoilement progressif et de ce fait se présente comme «alètheïa», selon l’étymologie grecque de la notion de vérité.

  Mais l’homme ne saurait se contenter de l’impuissance de la raison à se dévoiler la nature profonde de la présence de l’Etre. Le désir humain aspire in fine à l’absolu. Il désire connaître la nature de cette présence de l’Etre dans laquelle il est immergé et qui en même temps transcende sa finitude. Se relier à cette présence afin de la vivre, d’en faire l’expérience intérieure au-delà des limites de la raison, telle est la fonction de la démarche religieuse, que celle-ci soit simplement d’ordre spirituel ou de manière plus radicale d’ordre mystique, c’est-à-dire se situant au-delà des mots, des raisonnements, des interprétations des signes empiriques de l’expérience ordinaire de la vie.

   Pourtant, cette expérience spirituelle requiert des interprétations, un langage, ne serait-ce qu’analogique ou symbolique, susceptible de nourrir la pensée et la réflexion. Cette démarche fait naître alors ce que l’on appelle la théologie, le discours sur Dieu ou l’absolu, qui met en mots et en raisonnements non pas de simples exigences rationnelles mais les éclairages apportés par divers textes dits sacrés ou « signes » de la présence de Dieu et qui rapportent de manière humaine les expériences vécues de cette présence de la transcendance ou prétendue telle.

 C’est ce qui nous a amené à faire de l’Incarnation et de la Résurrection les fondements explicatifs de l’acte libre et gratuit de l’infinitude d’assumer la finitude afin de permettre à celle-ci d’accéder éventuellement et librement à un mode nouveau de plénitude, à savoir la plénitude sur le mode de la finitude. Le sens de cet acte libre et gratuit se révèle au sein de l’expérience intérieure de nature religieuse qui nous dévoile le fondement de toutes choses comme étant Amour, « Amour-agapè », Amour gratuit, Amour qui veut du bien à ses créatures.

  Mais il va de soi que cette démarche divine consistant à se faire finitude, à assumer la finitude, à lui insuffler sa nature d’infinitude pourra revêtir des formes infiniment variées et impensables. S’imaginer que le scénario vécu historiquement par l’humanité renvoie à un processus universel et nécessaire est proprement faire preuve d’un anthropomorphisme naïf. Dès lors s’offusquer qu’il puisse y avoir des myriades d’Incarnations, telles que décrites dans les Evangiles ou bien proclamer qu’il y a eu, qu’il y a, qu’il y aura une infinité de processus d’Incarnations semblables voire identiques à celui qu’évoquent ces mêmes textes, relève d’une grande crédulité. Il reste que notre mode d’interprétation de la présence divine et de sa manière d’assumer notre création et plus particulièrement notre humanité, nous dévoile de manière humaine et analogique ou si l’on préfère symbolique, quelque chose de profondément vrai concernant la nature et l’action de cet Etre d’infinitude, du « Tout autre » en un mot, à la fois si lointain et si proche.

   Ainsi s’achève cette quête du sens de l’Etre. Au début de notre investigation, nous indiquions que le point de départ de notre démarche consisterait à faire confiance en la vérité hypothétique d’un discours religieux, en l’occurrence celui du message chrétien. Il s’agissait de vérifier si, en s’appuyant sur cette supposée vérité, la raison pourrait en retrouver la cohérence voire la vraisemblance. Le résultat en la matière nous apparaît concluant.

  Mais il reste que le point de départ, à savoir le dévoilement religieux du sens de l’Etre, ne saurait découler de l’activité de la seule raison. Il renvoie au discours théologique qui lui-même ne fait que transcrire au niveau du langage rationnel les expériences intérieures de prophètes ou de mystiques qui prétendent retrouver en eux la présence, les signes, les messages de la transcendance témoignant qu’il y a en l’homme, en tout homme, infiniment plus que l’homme. Prendre conscience de cette présence requiert une quête, une quête guidée « par la petite fille espérance » selon la belle expression de Péguy. Cette quête transfigure notre regard sur les êtres et les choses. Cette transfiguration nous sauve d’un authentique « Oubli de l’Etre », si décrié par Heidegger, mais dont le traitement reste chez lui inachevé. Car le véritable « Berger » de l’Etre c’est l’Amour inconditionnel, l’Amour gratuit, l’«Amour-agapè ». Telle est, en fin de compte, la vérité ultime. La seule qui vaille.

A.Mendiri