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Rubrique "Nécessité de la loi et ses limites". Suite du billet N°2188;
Extrait de Philosophie pour tous, A.Mendiri,, Connaissances et Savoirs.
Prochain billet demain mercredi 18 octobre
Toute société humaine suppose une organisation et donc des règles coutumières ou des lois écrites pour les plus modernes. Ces règles sont forcément conventionnelles puisque l’homme est dépourvu de nature et donc d’instinct. Qu’elles soient conventionnelles ne signifie pas pour autant que leur portée soit strictement technique ou fonctionnelle. Car l’homme est un être conscient, un être culturel, développant des croyances, une vision du monde, de lui-même, de la société, des relations que les hommes doivent entretenir en son sein, des objectifs que ces sociétés doivent se fixer. Les règles d’organisation d’une société donnée sont donc imprégnées de part en part par une idéologie si nous entendons par là, au sens très large, l’ensemble des idées et croyances qui leur sert de fondement ou de justification.
C’est ainsi que nos sociétés contemporaines, y compris les sociétés démocratiques, reflètent dans leur système d’organisation et de représentation, des valeurs, une certaine idée de l’homme et de ce qui est juste ou injuste. Ces sociétés ne sont donc pas neutres, étrangères à toute idéologie comme on tendrait parfois à le croire au vu d’un relativisme apparent et dominant. D’ailleurs la notion de laïcité participe elle-même à une certaine vision de l’homme et de la société qui n’est pas neutre. La laïcité ne se confond pas avec la neutralité, tout simplement parce que l’idée de neutralité ou d’absence de valeurs officielles demeure un mythe.
La laïcité est née de la séparation progressive, de fait d’abord, de droit ensuite, entre l’Etat, source des lois et des religions ou de la religion dominante. Comme nous l’avons remarqué lors d’un précédent billet consacré à ces questions, les premières sociétés ou les sociétés les plus anciennes ne distinguaient guère le sacré et le profane, autrement dit le domaine symbolisant la présence du divin des domaines purement fonctionnels ou techniques. La société de part en part était imprégnée par des croyances précises quant aux relations entre les hommes et les forces surnaturelles ou divines. Il n’y avait pas un seul acte, une seule activité qui échappait à cette conception globalisante du monde, que ce soit la naissance, le passage à l’état adulte, les nouvelles unions entre hommes et femmes, la chasse et la pêche, les rites susceptibles d’attirer les faveurs de ces forces surnaturelles, la préparation des repas, les œuvres artisanales ou décoratives, la mort bien entendu. Tout acte social était ritualisé et ce, en fonction de ces croyances transmises d’âge en âge.
Certes, la révolution culturelle liée à la découverte de l’agriculture et de l’élevage, l’abandon de la vie nomade qui s’en est suivi, la création des premières cités qui en est résulté, ont conduit à la mise en place d’un pouvoir politique distinct des autorités purement religieuses. Néanmoins ces autorités politiques tiraient leur légitimité de ces autorités religieuses. A vrai dire, pour reprendre une célèbre apostrophe et formule évangélique, il n’y avait guère de distinction entre ce qui « appartenait à César et ce qui appartenait à Dieu ».
Cette conception du rapport entre le politique et le religieux a perduré de très longs siècles sous des formes diverses. Nous avons eu l’occasion de rappeler que l’effondrement de l’Empire Romain après que celui-ci ait fit du christianisme la religion officielle de l’Empire a conduit l’Eglise, seule institution demeurée stable dans cette tourmente historique, à s’accaparer pour longtemps de fonctions sociales essentielles comme l’éducation et la santé. Ajoutons que la mémoire des peuples et des institutions étant très longue et très prégnante, le souvenir de l’Eglise persécutée, de l’Eglise des catacombes, associé avec les avantages procurés par la proximité avec les puissants, a conduit l’Eglise ou plus précisément sa hiérarchie, à oublier les vertus et les exigences évangéliques au profit d’une alliance objective entre « le sabre et le goupillon ». Tout ceci préparait le terrain à un anticléricalisme parfois virulent.
Pourtant, sur le plan strictement des idées, le christianisme avait introduit une triple révolution culturelle dont nous sommes, qu’on le veuille ou non, les héritiers. En effet, le christianisme proclamait l’égalité fondamentale de tous les hommes, car tous également « enfants de Dieu ». Souvenons-nous de la célèbre parole de St Paul : « Il n’y a plus ni juifs, ni païens, ni hommes ni femmes, ni esclaves ni hommes libres » mais seulement des « enfants de Dieu ». En second lieu, le christianisme opérait une distinction entre ce qui « appartenait à César et ce qui appartenait à Dieu », bref entre le politique et le religieux. En conséquence, il introduisait une véritable distinction entre une sphère publique et une sphère privée, entre le domaine de la politique et le domaine de la morale. Les bases mêmes des sociétés contemporaines étaient ainsi posées.
De fait, la pensée philosophique occidentale, dominée par le culte de la raison, a-t-elle abouti au XVIII° siècle à une laïcisation de l’ensemble de ce corpus théorique concernant la vision de l’homme et de la société. Cette philosophie dite des « Lumières » a inspiré comme nous savons la Révolution française, Révolution dont l’intérêt ne se limitait pas à la nation française mais s’adressait à l’ensemble de l’humanité, comme en témoigne la fameuse « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » du 26 août 1789.
La portée universaliste de cette Déclaration rend compte du prestige mondial de la Révolution française et explique qu’elle ait pu servir de base à la « Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948. Désormais, même si cela demeure hélas largement formel, l’ensemble des nations appartenant à l’Organisation des Nations Unies souscrivent théoriquement à cette Déclaration, en dépit de réserves ou même de refus ouvertement exprimés par des Etats musulmans plus ou moins théocratiques, c’est-à-dire des Etats dirigés de fait sinon de droit par des autorités religieuses musulmanes en l’occurrence.
Certes, les principes énoncés par ces Déclarations sont, avons-nous dit, que très partiellement respectés par les différentes législations existant de par le monde. Ces principes définissent en effet davantage un idéal ou un horizon à poursuivre qu’une réalité historique effective. C’est à ce titre que la critique marxiste de l’Etat et du rôle de la loi prend toute son importance et pour partie sa légitimité.
En effet, il est clair que l’application stricte et intégrale de ces principes proclamés se heurte à l’égoïsme « naturel » des hommes, plus portés, faute d’instinct, sur la défense exclusive des intérêts particuliers que sur le respect de l’intérêt général. Il s’agit donc d’une œuvre culturelle, historique, de longue haleine et qui, peut-être, ne sera jamais entièrement achevée. C’est ainsi, comme nous l’avons rappelé, que le système économique capitaliste répond parfaitement à cette tendance naturelle des hommes à servir des intérêts particuliers.
Il reste donc à trouver les procédures qui délimitent les effets de ce système lorsqu’il est livré à lui-même, sans aucun frein, lorsqu’il est érigé en « fin en soi » et non en simple moyen en vue de créer des richesses. Tel est, selon nous, le rôle éminent de l’Etat, créateur des lois. Il se doit de tenir compte des imperfections humaines mais il doit par la loi, créer un cadre institutionnel conduisant à surmonter ces imperfections et à faire en sorte que l’intérêt général ne soit pas oublié.
Mieux, ces cadres institutionnels régulateurs de l’action humaine, ne doivent pas se limiter à l’action sur la société civile. Ils doivent réguler l’action politique elle-même, mettant ainsi à l’abri les sociétés démocratiques contre les risques de « dictatures provisoires » de majorités successives vis-à-vis des minorités, avec les risques liés aux passions partisanes et à la défense de causes particulières. C’est pour cela que les démocraties modernes doivent comporter, selon nous, deux piliers fondamentaux : en premier lieu, des élections libres afin de désigner les gouvernants ; en second lieu l’énoncé de droits fondamentaux auxquels l’élaboration des lois se verra entièrement soumise, et ce, sous le contrôle d’un pouvoir de nature judiciaire.
A.Mendiri