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Dernière mise à jour : 17.11.2025
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L'HYMNE A LA CHARITE. REEDITION.

Publié le 02/02/2012 à 07:57 par cafenetphilosophie Tags : blog lecture texte image bonne amour homme création moi mort soi dieu enfant

  Texte: Première Lettre de St Paul aux Corinthiens

 

"J'aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n'ai pas la charité, s'il me manque l'amour, je ne suis qu'un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J'aurais beau être prophète, avoir toute  la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu'à transporter les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien. J'aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j'aurais beau me faire brûler vif, s'il me manque l'amour, cela ne sert à rien.

   L'amour prend patience; l'amour rend service; l'amour ne jalouse pas; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil; il ne fait rien de malhonnête; il ne cherche pas son intérêt; il ne s'emporte pas; il n'entretient pas  de rancune; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.

  L'amour ne passera jamais. Un jour, les prophéties disparaîtront, le don des langues cessera, la connaissance que nous avons de Dieu disparaîtra. En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l'achèvement, ce qui est partiel disparaîtra. Quand j'étais un enfant, je parlais comme unenfant, je pensais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j'ai fait disparaître ce qui faisait de moi un enfant.

   Nous voyons actuellement une image obscure dans un miroir; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaisance est partielle; ce jour-là, je connaîtrai vraiment, comme Dieu m'a connu. Ce qui demeure aujourd'hui, c'est la foi, l'espérance et la charité; mais la plus grande des trois, c'est la charité."

 

Commentaire:

 

    L'hymne à la charité est une épître célèbre de St Paul et qui pourtant est fort méconnue quant à sa signification exacte et sa portée. Il est clair que la conception de la "charité" qu'il défend dans ce texte n'a rien à voir avec l'idée que s'en fait l'opinion commune. Celle-ci a tendance à considérer que la charité consiste à se préoccuper peu ou prou de son prochain en lui distribuant souvent une partie souvent modeste de son superflu et ce pour se donner bonne conscience dans le meilleur des cas, et pour soigner son image dans les cas les moins glorieux.

 Or il est clair que la charité ne correspond pas, selon St Paul, à ce type de comportements et que sa portée, notamment sur le plan théologique est considérable et échappe à beaucoup. "Vous aurez beau distribuer tous vos biens aux pauvres, si vous n'avez pas la charité, vous n'êtes rien". La charité, de manière explicite, ne consiste donc pas à "distribuer ses biens". Tel est le contresens majeur.

  En quoi consiste-t-elle alors? Le texte l'assimile à l' "amour". Il convient dès lors d'expliciter le sens de ce synonyme.  Aimer ne renvoie évidemment pas à l'affection parfois passionnelle et souvent sensuelle que l'on porte à telle ou telle personne. Cet amour là correspond à ce que les grecs appelaient l'EROS. L'amour auquel fait référence Paul de Tarse est celui que les Grecs désignaient par le terme d'agapè. Le mot italien aimer permet de traduire de manière assez juste la signification d'AGAPE. Aimer en italien peut se traduire par "vouloir du bien" à quelqu'un. En somme, l'amour-agapè ou la charité est d'abord une disposition intérieure d'authenticité dans les gestes ou les attitudes adoptées vis-à-vis d'autrui ou dans le langage évangélique vis-à-vis de ses frères. Celui qui distribue ses biens mais qui le fait pour des motivations centrées sur lui-même (bonne conscience, souci de sa réputation) "n'est rien".

   Mais le texte de St Paul ajoute une remarque lourde de sens: "vous aurez beau avoir une foi qui soulève les montagnes, si vous n'avez pas la charité, vous n'êtes rien". Qu'est-ce que cela signifie? La foi en Dieu ne saurait nous donner une quelconque valeur. Pourquoi? St Jean l'évangéliste nous donne en la matière une réponse lumineuse et convergente: "Celui qui dit aimer Dieu qu'il ne voit pas et qui n'aime pas ses frères qu'il voit est un menteur". Autrement dit, l'amour de Dieu passe par la médiation de l'amour pour ses "frères" et seulement par cette médiation.On comprend dès lors qu'une foi repliée sur soi n'a strictement aucune valeur et aucun sens.

  Il reste à s'interroger sur la portée et le sens de ce jugement: sans la charité ou l'amour- agapè, "je ne suis rien". Rien? Qu'est-ce à dire? Il ne s'agit pas ici d'un jugement banal indiquant que moralement, notre valeur est médiocre voire nulle. Cette affirmation de Paul de Tarse, en bon théologien qu'il est, a une portée ontologique, c'est-à-dire portant sur la réalité même de notre être et de son devenir. En effet, le sujet qui n'est pas animé par la charité ou l'amour-agapè n'est plus semblable à Dieu lui-même puisque selon St Jean "Dieu est Amour". Il est Amour dans la mesure où il partage librement et gratuitement (c'est-à-dire de manière désintéressée) sa condition d'Etre ou de manière moins abstraite le fait d'être ou d'exister avec ses créatures et qu'il offre à celles-ci la possibilité de partager sa plénitude divine d'existence à "la fin des temps".

 L'homme peut donc choisir librement d'assumer ou non cette filiation, cette vocation à ressembler à Dieu lui-même, surmontant ainsi sa seule condition de mortel, sa finitude avec les limites inévitables de celle-ci et le destin qui est associé à cette condition, à savoir le passage au non-être, à ce que St Paul appelle "la mort spirituelle". Certes, tous les hommes et au-delà la création entière est appelée  à "renaître" sous d'autres formes. Mais seuls ceux qui auront été habités par l'amour ou la charité partageront la plénitude de la condition divine. C'est en ce sens que  les êtres qui, faute d'être animés par la charité, ne sont "rien", rien signifiant ici une réalité traversée par toutes les formes persistantes du "Mal".

  Cette conception théologique s'appuie sur l'opposition de la "chair", - qui ne se confond pas avec le corps, mais qui renvoie à l'homme total, corps et âme indissociés et indissociables,- à l'Esprit. La chair renvoie à l'homme replié sur sa seule condition d'homme ou de créature et l'Esprit à l'homme qui est habité par l'amour-agapè, qui est en filiation et à la libre ressemblance de Dieu. Comme on le voit, la portée de ce texte ne se limite ni à un problème de sémantique portant sur un sens particulier du mot charité ni à un problème étroitement et banalement moral. Il s'agit tout simplement d'une conception de l'homme dans ses rapports avec Dieu et de son destin ultime.