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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
04.09.2025
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Rubrique "La question des valeurs". Suite du billet N° 1614.
Extrait de "Philosophie pour tous", A. Mendiri, Connaissances et savoirs.
Prochain billet demain mercredi 23 mars.
A compter de ce jour, nous aborderons la question de l'origine des valeurs. Nous commençons par présenter un texte de Léo Strauss extrait de "Droit naturel et Histoire", qui servira de support à nos commentaires.
"Néanmoins, le besoin du droit naturel est aussi manifeste aujourd'hui qu'il l'a été durant des siècles et même des millénaires. Rejeter le doit naturel revient à dire que tout droit est positif, autrement dit que le droit est déterminé exclusivement par les législateurs et les tribunaux des différents pays. Or il est évident qu'il est parfaitement sensé et parfois même nécessaire de parler de lois ou de décisions injustes. En passant de tels jugements, nous impliquons qu'il y a un étalon du juste et de l'injuste qui est indépendant du droit positif et lui est supérieur: un étalon grâce auquel nous sommes capables de juger le droit positif. Bien des gens aujourd'hui considèrent que l'étalon en question n'est tout au plus que l'idéal adopté par notre société ou notre "civilisation" tel qu'il a pris corps dans ses façons de vivre ou ses institutions. Mais, d'après cette même opinion, toutes les sociétés ont leur idéal, les sociétés cannibales pas moins que les sociétés policées. Si les principes tirent une justification suffisante du fait qu'ils sont reçus dans une société, les principes du cannibale sont aussi défendables et aussi sains que ceux de l'homme policé. De ce point de vue, les premiers ne peuvent être rejetés comme mauvais purement et simplement. Et puisque tout le monde est d'accord pour reconnaître que l'idéal de notre société est changeant, seule une triste et morne habitude nous empêcherait d'accepter en toute tranquillité une évolution vers l'état cannibale. S'il n'y pas d'étalon plus élevé que l'idéal de notre société, nous sommes parfaitement incapables de prendre devant lui le recul nécessaire au jugement critique. Mais le simple fait que nous puissions nous demander ce que vaut l'idéal de notre société montre qu'il y a dans l'homme quelque chose qui n'est point totalement asservi à sa société et par conséquent que nous sommes capables, et par là obligés, de rechercher un étalon qui nous permette de juger de l'idéal de notre société comme de toute autre."
Le philosophe américain Léo Strauss défend dans ce texte l'idée de droit naturel. Cette notion de droit naturel n'est pas toujours comprise et enferme des présupposés philosophiques se prononçant sur ce qu'est l'homme.
Expliquons-nous tout d'abord sur la notion de droit en général. Le droit est l'ensemble des règles, écrites ou coutumières, qui régissent une société donnée. L'homme vit en société et ce constat ne va pas sans susciter des interrogations et des débats. L'état social est-il contraint ou est-ce un choix? Cette question peut apparaître légitime aux yeux de la science biologique. En effet, contrairement aux autres espèces animales sociales, il semble que l'état social chez l'homme moderne, c'est-à-dire l'homme tel qu'il est peut-être apparu voici 100 ou 200 mille ans n'est pas commandé par un "instinct", par un savoir naturel qui l'amènerait à vivre en société sans qu'il ait de questions à se poser et selon des systèmes d'organisation ou de relations réciproques également régis par la nature.
D'un autre côté, l'anthropologie positive, c'est-à-dire les sciences ayant spécifiquement pour objet l'homme et ses pratiques habituelles, n'ont jamais à ce jour découvert des hommes solitaires mais au contraire ont toujours constaté une vie de groupe, ces groupes étant plus ou moins étendus en nombre mais ne se réduisant pas à une seule famille mais à un groupement de familles biologiques. Bref, ces groupes ne sont pas seulement de nature purement biologique, familiale si l'on peut dire mais présentent un caractère social si on entend par là des regroupements organisés de familles biologiques.
A partir de là, les débats philosophiques commencent pour savoir si cette vie sociale est "naturelle" en dépit d'absence d'instinct social ou bien artificielle, c'est-à-dire choisie en fonction néanmoins d'un certain nombre de contraintes. C'est ainsi qu'Aristote considérait que l'homme était un animal naturellement social et qui plus est, un animal « politique », dans la mesure où il devait se donner des règles sociales que la nature ne lui fournissait pas « clefs en main ».
Il était un animal naturellement social selon Aristote, car dès cette époque (V°-IV° siècles av JC), les intellectuels Grecs avaient conscience que l'homme ne pouvait développer les potentialités de son espèce que dans un cadre social. L'homme se distingue sans doute des autres espèces animales par la possession de la pensée et celle-ci ne se développe que par le maniement du langage. Or, l'homme étant dépourvu de langue naturelle, seul un milieu humain organisé nécessitant l'utilisation d'un moyen de communication commun et artificiel, peut lui transmettre cette langue nécessaire au développement de sa pensée. De plus, l'homme est le seul à posséder une véritable main si on entend par là la possibilité d'avoir un pouce préhensible, c'est-à-dire capable de rejoindre chacun des autres doigts, ce que ne possèdent pas les singes. Or, la main, alliée à la pensée, exécutrice des projets de cette pensée, peut fabriquer et tenir des outils favorisant l'emprise de l'homme sur son environnement, compensant par là sa relative faiblesse corporelle. Car l'homme ne dispose ni de crocs, ni de griffes, ni de musculature puissante, ne court pas vite etc. Dès lors, si l'homme n'a pas d'"instinct " social, il a cependant une claire conscience de ses besoins, de ses forces et de ses faiblesses et tout naturellement il est amené à vivre en société. Il comprend fort bien qu'en-dehors de cette vie sociale, il n'est rien et surtout ne saurait subsister face aux dangers naturels et aux prédateurs infiniment mieux armés pour la lutte pour la vie que l'homme solitaire.
Peu importe dès lors que des penseurs comme Hobbes attribue précisément à cette faiblesse de l'homme solitaire le besoin de vivre en société, surtout qu'aux yeux de cet auteur, le principal prédateur de l'homme serait dans ce cas de figure l'homme lui-même. En effet, l'absence d'instinct conduit à un déploiement de l'agressivité et de la violence au-delà même de ce qui est nécessaire à la survie et contrairement aux autres espèces l'homme est tenté d'utiliser cette violence dévastatrice contre les membres de sa propre espèce. Celui-ci en conclut donc que l'état social est nécessaire quoique artificiel puisque non contraint par la nature.
Quoi qu'il en soit de ces hypothèses philosophiques, il n'en reste pas moins vrai que l'homme est amené à vivre en société et à inventer ses propres règles d'organisation que l'on a coutume de désigner par le terme de droit. Car, par essence, par définition ou par nature, le droit se distingue de la force pure. Le droit fixe des limites conventionnelles à l'action humaine, que ces limites soient considérées comme justes ou injustes. En revanche, la force ne connaît aucune limite, si ce n'est les limites naturelles de cette force. Ainsi le droit est la base non seulement d'une nécessaire organisation de la vie sociale mais le socle indispensable de la sécurité, puisque le droit met théoriquement à l'abri les membres de la société de décisions ou d'actions arbitraires, c'est-à-dire de décisions ou d'actions imprévues et laissées au gré du caprice ou de la force d'autrui.
L'ensemble de ces règles constitue ce qu'on a coutume de désigner par l'expression de "droit positif", autrement dit le droit existant, le droit réel, celui régissant effectivement une société donnée. La question est alors de savoir si ce droit positif peut être jugé, apprécié, loué ou condamné au nom d'exigences morales intemporelles et universelles, ce qui serait la source de ce qu'on appelle depuis le XVIII° siècle en particulier le "droit naturel". Cela fera l'objet d'un prochain billet.
A. Mendiri
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