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Dernière mise à jour :
07.10.2025
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Rubrique "La question philosophique du sens". Suite du billet N° 1112.
Extrait de l'ouvrage "Philosophie pour tous" Tome III, Edilivre, A. Mendiri.
Prochain billet demain 06 novembre (La question des valeurs)
Nous avons vu précédemment que la notion de sens ou de "logos" revêt plusieurs acceptions possibles: des raisons ou des justifications rationnelles comme en proposent les mathématiques; une direction ou un but caractérisant le processus temporel de l'Etre, c'est-à-dire ce qui est vraiment au-delà des simples apparences immédiates; enfin une valeur ou un intérêt justifiant l'attachement à l'existence, soit de cette dernière en général et au-delà, éventuellement, du but poursuivi par le processus temporel.
Laissons de côté dans l'immédiat l'idée de direction ou de but poursuivi par le processus temporel et également l'éventuelle valeur de ce but. Reste la valeur ordinairement accordée à l'existence par les êtres vivants, soit de manière quasi mécanique concernant le monde végétal, soit de manière aveugle ou instinctive pour ce qui est du monde animal, soit de manière consciente et délibérée dans le monde humain. Ce dernier cas est le plus intéressant au regard de notre analyse. Il va de soi que des êtres conscients comme l'homme sont à même de mettre un terme à leur existence s'ils considéraient que celle-ci n'en valait pas la peine ou pire qu'elle était la source de souffrances insupportables. C'est d'ailleurs ce qui se produit à la marge dans les cas de suicide et ce qui alimente le débat douloureux du droit à mourir dans la dignité ou encore du problème de l'euthanasie ou la possibilité laissée à la médecine de mettre un terme à des vies dépourvues de tout intérêt à cause de la maladie incurable, source de souffrances physiques et morales ou de dépendance dégradante.
Mais ces cas extrêmes soulignent par opposition les avantages, l'intérêt, la valeur du cours des existences ordinaires. L'attachement à la vie est lié aux plaisirs de toute nature qu'elle est susceptible de prodiguer, que ces plaisirs soient d'ordre sensible, affectif, intellectuel, spirituel et associés à un minimum d'espoirs raisonnables par rapport à ce qui peut advenir. Au-delà des plaisirs en général, les émotions et les satisfactions apportées par la présence et la contemplation de belles formes, naturelles ou d'ordre culturel, ou encore par les satisfactions liées au besoin d'être reconnu, d'aimer et d'être aimé, de former des projets, même très modestes et donc d'entreprendre et de réaliser des œuvres répondant à notre besoin de création, telles sont les principales satisfactions qui rendent compte de notre attachement viscéral à la vie.
Ces constats sont d'une extrême banalité. Tout le monde est prêt à y souscrire, quelle que soit l'opinion que les êtres concernés se fasse à propos d'un sens plus profond et plus large accordé à l'existence et au-delà à l'Etre dans sa globalité tel que nous l'avons défini. Le pessimisme ontologique ne se ramène pas à la négation absolue du sens. Toutes les dimensions du sens à propos de la vie ordinaire ne font question pour personne. Les divergences au niveau des croyances commencent dès lors qu'il convient d'étendre cette notion de sens à des aspects de l'Etre qui échappent à toute vérification, à toute certitude vécue comme par exemple le destin des individus au-delà de leur mort terrestre, ou bien encore de la valeur ou de l'objectivité du sens vécu en-dehors de la seule sphère humaine, et à plus forte raison concernant le sens des processus temporels de l'Etre, que ce soit par exemple l'évolution des êtres vivants ou de manière plus large l'évolution de l'univers matériel.
Ce sens ordinairement vécu et unanimement partagé caractérisant les vies ordinaires des êtres conscients que nous sommes soulève pourtant des interrogations métaphysiques considérables. Comme d'habitude, les "évidences" qui semblent aller de soi, n'enfermer aucun problème particulier, ne poser aucune question sont précisément la source de l'étonnement philosophique, de la réflexion critique, de la réflexion irriguée par le questionnement rationnel le plus radical.
De quoi s'agit-il lorsque nous faisons allusion à des questions métaphysiques fondamentales et ordinairement "oubliées" ou mises sous le boisseau? En premier lieu, force est de constater que l'Etre pourrait parfaitement subsister à l'Etre sans que ce que nous appelons la sensation de plaisir n'existasse. Si nous prenons en considération les êtres vivants, c'est d'ailleurs très exactement ce qui se passe concernant l'ensemble des espèces végétales, dépourvues de système sensitif. De plus, au sein du monde animal, dominé largement par des « savoirs » instinctifs, innés, largement mécaniques et la plupart du temps adaptés à leur objet, à savoir le maintien à la vie, il serait parfaitement envisageable d'imaginer des moyens de contrôle purement mécaniques assurant la nécessité de se nourrir et d'alimenter les organismes par l'énergie nécessaire au maintien des formes animales ou bien encore des processus de même type assurant la reproduction ou l'évitement de dangers.
Si on admet ce type de raisonnement, cela signifie en un mot que le plaisir, (et son corollaire la souffrance) incarnent des dimensions gratuites de l'Etre, c'est-à-dire des dimensions non absolument nécessaires afin que l'Etre et en son sein les êtres particuliers qui le composent puissent subsister et continuer à être.
Cette dernière remarque appelle elle-même deux observations: en premier lieu, nous pourrions mener le même raisonnement à propos de la présence des belles formes, de l'idée de beauté ou bien encore à propos du sentiment d'amour par exemple. En second lieu et de manière encore plus radicale, il nous faut nous expliquer sur cette idée des conditions permettant à l'Etre de continuer à être. Car est-ce là une exigence qui va de soi? Est-ce une "nécessité" qui ne pose pas problème? Telles sont les interrogations que nous aurons à approfondir lors de prochains billets.
A. Mendiri