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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
23.12.2025
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Rubrique"Lecture philosophique de la Bible". Suite du billet N° 890.
Prochain billet demain 29 mars (Le phénomène religieux).
Lors du dernier billet, nous avons avancé des hypothèses ontologiques pour le moins audacieuses, étonnantes, peu conformes aux croyances dominantes quant aux perspectives eschatologiques de l’homme et au-delà, de l’ensemble de la création. Les croyances les plus communément répandues par la plupart des grandes religions qu’a connues l’humanité proclament certes leur confiance et leur conviction quant à la perpétuation de l’existence, au moins des êtres humains, après la mort. Celle-ci ne serait qu’un passage vers un autre monde, comme la « Pâques » chrétienne l’exprime explicitement.
Mais cet autre monde reste d’ailleurs assez obscur dans le cadre du christianisme notamment. En effet, pour celui-ci il y a lieu d’opérer une distinction entre deux temps en quelque sorte. En premier lieu le temps qui sépare la mort terrestre du Jugement dernier, à l’horizon de l’histoire, marqué par le retour du Christ et au cours duquel s’opèrera une séparation définitive entre les « élus » et les « condamnés » à une vie sans fin et sans Dieu. Le temps du « Jugement dernier » est celui de la résurrection de la chair, c’est-à-dire de l’homme total, corps et âme, ces deux entités étant, dans le cadre de la pensée juive, indissociables.
Certes, il s’agit d’un discours mythique, le mythe n’étant pas une narration objective d’évènements à venir, mais un procédé littéraire prenant acte de l’impossibilité pour l’homme de se représenter clairement des enjeux métaphysiques qui dépassent largement ses capacités de compréhension. Néanmoins, le mythe n’est pas non plus une histoire purement imaginaire et créée de toutes pièces et de manière arbitraire ou purement esthétique par l’esprit humain, mais une manière humaine d’exprimer un sens que l’homme croit pouvoir se dévoiler au sein de sa vie intérieure et qui est réellement présent au sein de celle-ci. Tel est son fondement et sa justification.
Toujours est-il que le temps séparant la mort terrestre et ce temps lointain du Jugement dernier ne fait pas l’objet de représentations claires, y compris sur le plan d’une explication mythique. Certes, il est affirmé que l’âme du défunt perdure en un lieu inconnu et selon des modalités non précisées. Cette croyance commune à la plupart des grandes religions soulève cependant une difficulté spécifique dans le cadre du Judaïsme et du Christianisme dans la mesure où l’âme est conçue comme inséparable du corps et où en conséquence on ne comprend pas très bien quel peut être le mode de survie d’une réalité n’ayant aucun sens séparée d’un corps.
Certes, nous ignorons en quoi consiste le temps et donc si, en conséquence, le temps séparant la mort terrestre du Jugement dit dernier a un sens. Avouons cependant qu’il s’agit là de contorsions intellectuelles peu satisfaisantes pour un esprit rationnel. La raison, il est vrai, d’un point de vue religieux, est au service de la foi et ne peut prétendre à elle seule régenter des domaines sans doute se situant au-delà de ses compétences. Cependant, nous n’oublions pas la très belle formule de St Augustin : « Croire pour comprendre, comprendre pour croire ».
Comment nous situons-nous par rapport à ces problèmes ? Contrairement à ce que certains lecteurs ou commentateurs ayant effectué une lecture trop rapide de nos écrits affirmeront peut-être, nous ne faisons pas de la raison l’alpha et l’oméga de la démarche métaphysique, en prétendant substituer à la foi le discours purement rationnel. Au risque de nous répéter, rappelons que la raison n’est jamais qu’une boussole qui nous dirige sur la carte de la foi, retrouvant le sens, sinon dans leur lettre tout au moins dans leur esprit, des principaux dogmes chrétiens et encouragée par le succès étonnant de ce type d’investigation, la raison tente de dévoiler sur cette carte des aires non encore parcourues, effacées ou peu lisibles. La cohérence avec ce qui semble établi par les analyses théologiques classiques constituera, à nos yeux, le critère de la plausibilité des conclusions nouvelles que nous avancerons.
Rappelons encore que la raison dont nous faisons usage, non seulement est subordonnée à son point de départ aux données de la foi mais n’est pas non plus totalement étrangère aux critiques formulées par Kant au XVIII siècle en matière d’investigation métaphysique. Nous ne prétendons pas nous substituer à la science expérimentale afin de retrouver les caractéristiques du monde empirique, ni de manière a priori ni après-coup et de manière a posteriori. Et ce, précisément dans la mesure où de telles caractéristiques sont entièrement contingentes, sont issues d’un processus temporel dominé par l’émergence de l’imprévisible et de l’impensable. En revanche, nous accordons à la raison la possibilité d’établir les exigences ontologiques qui échappent au processus temporel dans ce qu’il a de strictement contingent, autrement dit dans ce qu’elles ont de nécessaire.
C’est au nom de ces exigences ontologiques que nous avons établi que le processus temporel de la création avait pour raison d’Etre de permettre à cette création de façonner librement son visage, le visage de sa liberté, aboutissant ainsi au niveau le plus haut de cette liberté, c’est-à-dire à un niveau à l’image de celle de l’Etre infini, à une liberté dépassant les limites de la finitude pour atteindre progressivement la liberté sur le mode de l’infinitude et d’une infinitude totalement accomplie. Ce stade suprême signe la fin de l’histoire et avalise l’idée mythique du « Jugement dernier », temps où devra s’effectuer la séparation entre les êtres créés qui resteront repliés sur la finitude réduite à elle-même et ceux qui auront accordé crédit à la promesse divine de l’Etre infini incarné de pouvoir accéder à la nouvelle forme de plénitude introduite par lui, et où toute forme de « Mal » se verra éradiquée.
Mais le mérite de nos analyses est de permettre d’éclairer le temps séparant le terme de la vie terrestre et l’aboutissement de l’histoire où ce choix ontologique fondamental pourra se mettre en œuvre. Nous avons vu que notre monde terrestre n’est pas le seul envisageable et ce, rationnellement parlant. Si tous les êtres créés sont appelés à perdurer, si la mort n’est pas le dernier mot, alors le terme anticipé des êtres particuliers par rapport à celui de la création dans son ensemble exige qu’un autre monde dépasse dans la conservation le nôtre.
Cet autre monde ne fait que dépasser dans la conservation les potentialités, désormais déterminées pour partie, des êtres particuliers ayant atteint leur terme au sein de ce monde initial. Ce dépassement concerne à la fois le processus temporel des êtres particuliers mais également le processus temporel de l’ensemble de la création initiale en question. Mieux, ce dépassement exige logiquement que les possibilités même survenues à l’Etre lors de cette création initiale soient elles-mêmes dépassées et donc que de nouveaux êtres puissent surgir à l’Etre.
Tous ces processus, rendus possibles ontologiquement par le fait que tout Etre de la création, tout Etre de finitude, enferme en son sein une infinie et indéterminée potentialité, s’effectueront selon des modalités radicalement contingentes et donc imprévisibles et impensables. Ainsi les êtres qui perdurent au sein de ce nouveau monde conserveront certes les marques de leur identité mais cette identité se manifestera par un dépassement, une nouveauté radicale qui ne sera pas nécessairement perçue par tous les êtres créés concernés.
C’est d’ailleurs à ce titre que nous avions antérieurement établi que seuls les êtres s’étant élevés à l’Esprit, c’est-à-dire ayant actualisé cette dimension de leur Etre leur permettant de se dévoiler la présence en eux du sens, de l’Esprit divin, pourront prendre conscience de leur persévération dans l’Etre et de la victoire sur la mort et la finitude. Les autres êtres connaîtront la mort « spirituelle ». Certes, ils continueront à vivre mais sans prendre conscience de leur identité, enfermés qu’ils seront dans la conviction du caractère à la fois nouveau et incontournable de la finitude au sein de laquelle ils évolueront.
A.Mendiri