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667 NATURE ET ANTHROPOLOGIE

Publié le 16/07/2013 à 06:02 par cafenetphilosophie Tags : monde homme chez france femme nature femmes soi animaux cadre chien chat pensée lecture

Rubrique"Nature et condition".

Prochain billet demain 17/07 (Lecture philosophique de la Bible).

 

 

 

  L’intitulé de ce billet peut surprendre. Chacun sait peu ou prou à quoi renvoie l’idée de nature. En revanche la notion de « condition » est le plus souvent associée à des situations particulières vécues par telle ou telle catégorie de la population. On évoquera par exemple la condition des ouvriers en France ou bien la condition des femmes en général dans le monde etc. Dès lors, les relations que peuvent entretenir ces deux notions de « nature » et de « condition » sont très loin d’aller de soi. Il nous faut donc en premier lieu préciser le sens que nous attribuons à ces deux concepts afin de poser clairement le problème précis que nous entendons traiter.

 

    Pour l’opinion commune, la « nature » renvoie à toutes les réalités animales, végétales, minérales qui nous entourent et au sein desquelles le monde humain, le monde de la civilisation se déploie. Cette idée commune est évidemment exacte mais reste néanmoins beaucoup trop vague. Pour comprendre le sens précis de la notion de « nature », il est opportun de renouer avec la pensée philosophique grecque des VI°-V° siècles av. JC. La nature d’une réalité quelconque renvoie à l’ensemble des caractéristiques qui définit la réalité en question. La nature de l’œil consiste à voir ; la nature d’un couteau consiste à couper ; la nature de l’homme est la raison, si on considère que c’est cette faculté qui fait notre originalité et qui nous distingue du singe par exemple. Bref, l’idée de nature se recoupe avec celle d’ « essence », avec les caractéristiques qui font qu’une réalité quelconque est ce qu’elle est et sans lesquelles elle serait autre chose que ce qu’elle est. Il y a donc dans l’idée de « nature » l’idée d’une forme de nécessité qui se voit accolée avec la réalité dont on parle.

 

    Cette idée de « nature » est encore plus claire si on prend en compte des considérations purement biologiques. On considère avec raison que le comportement humain est tout à fait original par rapport aux comportements des autres espèces animales. En effet, les autres espèces voient leurs comportements réglés par des savoirs innés ou des instincts. Tel n’est pas le cas chez l’homme. Refuser l’instinct à l’homme rencontre des résistances liées à une conception trop générale et à vrai dire erronée de cette notion. Il est possible de parler d’instinct chez la fourmi ou le termite. La totalité de leurs comportements sont constitués par une mémoire héréditaire, stéréotypés pour tous les membres d’une même espèce, non évolutive et ne faisant pas l’objet d’un quelconque apprentissage. C’est cela un instinct. A vrai dire l’instinct ainsi compris n’est jamais que l’utilisation de leurs organes naturels afin de s’insérer au sein d’un écosystème, le tout ayant été mis en place pour une large part par la sélection naturelle.

 

   A l’évidence, l’homme ne possède pas d’instinct ainsi compris. Il ne faut pas confondre instincts et besoins. L’homme, comme toutes les espèces vivantes possèdent des besoins : il a faim, il a soif, il a des besoins sexuels etc. Mais la manière de satisfaire ces besoins dépend d’un apprentissage, d’une culture donnée et non de sa nature biologique au sens strict.

 

   Comme nous avons eu l’occasion à de multiples reprises de le souligner, il n’y a là rien de mystérieux. A quoi serviraient des instincts chez l’homme alors qu’il est capable de tout apprendre, de s’adapter aux situations les plus diverses grâce à ses inventions culturelles et techniques, si ce n’est de provoquer des rigidités comportementales et des handicaps injustifiés et inutiles au regard des étonnantes capacités de son cerveau aux 100 milliards de neurones ? D’ailleurs, il est possible d’observer une évolution en ce sens tout au long de la gradation en complexité du système nerveux central des espèces animales. Peu à peu la part d’instinct pur recule au bénéfice d’une capacité d’apprentissage. Nos animaux familiers comme le chat ou le chien sont capables d’apprendre, même si cela reste de manière limitée, c’est-à-dire dans le cadre des frontières définies par leur instinct spécifique.

 

   En somme, si nous résumons, le chat ne choisit pas d’être un chat au niveau comportemental et encore moins bien entendu une fourmi ne choisit pas d’être une fourmi, de se comporter en fourmi. Il n’en va pas de même concernant l’humanité. L’homme est le seul être authentiquement culturel. Tous ses comportements lui sont apportés par la culture ou la civilisation au sein de laquelle il évolue. Ce qui caractérise l’homme, qui assoit sa supériorité sur les autres espèces, c’est la possession de la pensée ou de la capacité à distinguer un monde possible par opposition à un monde seulement perçu. Cependant la pensée n’est qu’une potentialité biologique de l’espèce. Pour se développer, pour sortir des limbes de l’indétermination, elle doit se structurer grâce au langage. Or, il n’y a pas de langue naturelle humaine. Toute langue est culturelle et donc acquise. L’homme ne devient véritablement homme qu’au contact des hommes. La nécessité de passer par un apprentissage d’ordre culturel et historique afin d’exploiter pleinement les possibilités que lui offre son cerveau et donc la nature, signe la grande originalité et spécificité de l’homme parmi toutes les espèces animales.

 

    Mais cette originalité ne se limite pas à l’acquisition du langage. Il n’y a pas de comportements spécifiquement humains qui s’imposent à lui comme les comportements de la fourmi s’imposent à la fourmi. L’homme, par le biais de l’éducation, doit apprendre et faire siens les règles sociales, doit également s’approprier les exigences morales de sa civilisation. Et nous savons qu’il s’agit là d’appropriations souvent très imparfaites et qu’en tout état de cause, l’homme conserve toujours la liberté, à ses risques et périls, de transgresser toutes ces règles et exigences dès lors que cela l’arrange ou qu’il croit pouvoir le faire en toute impunité. Manifestement, l’espèce humaine est dépourvue de comportements qui lui soient propres et qui proviendraient de sa nature biologique.

 

    Certes, cela demande à être nuancé. Il ne saurait être question d’ignorer le rôle du système hormonal différencié entre celui de l’homme et de la femme. Manifestement, le « l’homme mâle » conserve les attributs biologiques d’une agressivité accrue par rapport à celle de la femme, agressivité naturelle visant notamment à la conquête d’une partenaire en vue de la reproduction. Il reste troublant qu’en dépit des différences entre civilisations, les actes délinquants, les auteurs des transgressions, restent massivement les hommes et non les femmes. Cependant, parallèlement, le raisonnement resterait incomplet si on ajoutait à ces constats que cette agressivité peut être encouragée, structurée ou bien a contrario inhibée par l’éducation et inversement concernant les femmes. Autrement dit ce support hormonal des comportements n’est nullement une fatalité, mais seulement une possibilité qui reste ouverte et utilisable en sens opposés par des milieux éducatifs différents.

 

   Cela doit-il nous conduire à l’affirmation selon laquelle, en matière de comportements, il n’y a pas de nature, si on entend par nature des exigences incontournables et communes à tous les membres de l’espèce humaine ? Si nous nous arrêtons aux simples données de l’anthropologie, à savoir l’ensemble des sciences étudiant les caractéristiques propres à l’humanité, c’est à cette conclusion qu’il nous faudrait aboutir.

 

    Seulement, l’originalité de l’homme est telle que les conclusions de l’anthropologie s’avèrent insuffisantes. Il faut un traitement philosophique de cette question, autrement dit l’élaboration d’une réflexion critique sur les données de l’anthropologie afin de dégager les différentes hypothèses en la matière. Cela fera l’objet de nos prochains billets.

A. Mendiri