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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
10.09.2025
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Rubrique "Libres commentaires liturgiques, Année III". Suite du billet N°4882.
Extrait de Commentaires philosophiques des textes de la liturgie catholique, Année III, A.MENDIRI, Amazon;
Prochain billet demain lundi 17 mars.
Carême
TEXTES :
Livre de la Genèse(Gn 15, 5-12.17-18)
En ces jours-là, le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Il le fit sortir et lui dit : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux... » Et il déclara : « Telle sera ta descendance ! » Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste . Puis il dit : « Je suis le Seigneur, qui t’ai fait sortir d’Our en Chaldée pour te donner ce pays en héritage. » Abram répondit : « Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir que je l’ai en héritage ? » Le Seigneur lui dit : « Prends-moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe. » Abram prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l’autre ; mais il ne partagea pas les oiseaux. Comme les rapaces descendaient sur les cadavres, Abram les chassa. Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux tomba sur Abram, une sombre et profonde frayeur tomba sur lui. Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les morceaux d’animaux. Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram en ces termes : « À ta descendance je donne le pays que voici, depuis le Torrent d'Égypte jusqu'au Grand Fleuve, l'Euphrate. »
Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens(Ph 3, 17 – 4, 1)
Frères, ensemble imitez-moi, et regardez bien ceux qui se conduisent selon l’exemple que nous vous donnons. Car je vous l’ai souvent dit, et maintenant je le redis en pleurant : beaucoup de gens se conduisent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance active qui le rend même capable de tout mettre sous son pouvoir. Ainsi, mes frères bien-aimés pour qui j’ai tant d’affection, vous, ma joie et ma couronne, tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés.
Évangile selon saint Luc(Lc 9, 28b-36)
En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.
COMMENTAIRE :
« Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision… pour ...donner ce pays en héritage… Ce jour-là, le Seigneur con- lut une alliance avec Abram » (Genèse) ; « Ils vont à leur perte…ils ne pensent qu’aux choses de la terre… nous avons notre citoyenneté dans les cieux… Jésus Christ, lui qui trans- formera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (St Paul) ; « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage de vint autre…ils virent la gloire de Jésus…« Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi » (St Luc).
Ces extraits reprennent inlassablement l’idée clef de l’ontologie sous-jacente au message évangélique (c’est-à-dire de la conception de l’Être, de ce qui est vraiment au-delà des apparences), à savoir l’affirmation selon laquelle la finitude qui caractérise la création n’est pas condamnée à rester enfermée dans ses étroites et apparemment incontournables frontières. La création, qui est déjà par elle-même un don gratuit de Dieu puisque rien ne l’oblige à la faire advenir à l’Être, d’autant que cet acte de création suppose un partage et donc une limitation de sa liberté toute-puissante, cette création, qui plus est, est appelée, si elle en décide librement ainsi, à partager la plénitude divine elle-même où toute forme de limite et donc de « mal » se verront éradiquées.
C’est en cela que Dieu est « Amour », selon les dires de St Jean, puisque cette vocation de la création à partager la plénitude divine est un acte libre et gratuit, un acte qui n’attend aucune contrepartie dont ce Dieu bénéficierait sur un plan ontologique. Certes, l’accession à cette plénitude divine semble soumise à certaines conditions. Faut-il encore que la création et plus particulièrement les créatures en mesure de le faire, à savoir les êtres conscients, choisissent librement de faire « Alliance » avec Dieu. S’agit-il là de la marque d’une forme de sujétion imposée capricieusement par le Dieu qui propose une telle « Alliance » ? Il s’agirait là d’une vision moralisatrice de la relation entre Dieu et la création et in fine un contresens. Faire « Alliance « avec Dieu afin de partager sa plénitude signifie accepter de partager sa nature, c’est-à-dire la nature même de cette plénitude et donc de régler sa manière d’être sur le mode de cette nature, à savoir l’Amour gratuit, l’Amour agapè. Il ne s’agit donc pas d’un caprice mais d’une exigence ontologique fondamentale, celle-là même qui incarne le sens ou le « logos ».
Ajoutons que l’intelligence des textes évangéliques nous fait comprendre comment ce partage de la plénitude divine par des êtres créés ou des êtres appartenant à la finitude est possible. Car il s’agit d’une forme nouvelle de plénitude, la plénitude sur le mode de la finitude dont l’émergence à l’Être est rendue possible par l’incarnation de Dieu au sein de la finitude, c’est-à-dire par le fait que Dieu s’est fait finitude, a assumé celle-ci, a revêtu librement et gratuitement la condition de la finitude, ses limites, ses imperfections et ce jusqu’à la mort comprise. Telle est la nature du Christ, entièrement homme ou « Fils de l’homme » et entièrement Dieu ou « Fils de Dieu ». C’est cette révélation mystique qui est faite aux disciples dans un « demi-sommeil » et qu’on appelle la « transfiguration » de l’homme Jésus de Nazareth, qui dévoile ainsi l’autre versant de sa nature, à savoir sa nature divine et qui annonce ce que sera son « corps glorieux », celui de la Résurrection, celui qui aura surmonté les limites de la finitude, qui aura « transfiguré » celle-ci par sa libre et gratuite incarnation.
C’est ce dépassement ontologique à l’image du Christ auquel, selon St Paul nous sommes appelés si tout au moins nous acceptons cette « Alliance », nous lui accordons crédit, si nous renonçons aux certitudes du bon sens qui nous soufflent que la finitude et ses frontières constituent notre seul horizon ontologique. Cet horizon est bien une « Terre promise » d’une autre nature et d’une autre dimension que celle proposée à Abraham. Il n’en reste pas moins vrai que cette promesse faite à Abraham dans une vision également mystique est en quelque sorte la préfiguration de cette « Terre promise », de ce monde nouveau évoqués par les Évangiles. Cela est d’autant plus vrai que la « Terre promise » à Abraham est indissociable d’un sens divin et d’une « Alliance » avec Dieu. Cette Terre n’est pas seulement un fragment de finitude replié sur lui-même, mais l’annonce d’une Terre nouvelle où la plénitude promise sera enfin réalisée.