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4765 L'AUTHENTICITE DE LA VALEUR

Publié le 25/04/2024 à 06:03 par cafenetphilosophie Tags : image prix sur bonne vie place saint soi homme travail dieu nature message pouvoir demain

Rubrique "Philosophie par les textes". Suite du billet N°4758.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome IV, A.MENDIRI,Amazon.

 

Prochain billet demain vendredi 26 avril.

 

 

En partant de cet extrait de « La République » de Platon, nous allons faire porter notre réflexion sur la notion de valeur et sur la nature de son authenticité.

 

« Gygès était un berger au service du roi qui régnait alors en Lydie (…). Or les bergers s’étant réunis à leur ordinaire pour faire au roi leur rapport mensuel sur l’état des troupeaux, Gygès vint à l’assemblée, portant au doigt son anneau. Ayant pris place parmi les bergers, il tourna par hasard le chaton de sa bague par-devers lui en dedans de sa main, et aussitôt devint invisible à ses voisins, et l’on parla de lui comme s’il était parti, ce qui le remplit d’étonnement. En maniant à nouveau sa bague, il tourna le chaton en dehors, et aussitôt il redevint visible. Frappé de ces effets, il refit l’expérience pour voir si l’anneau avait bien ce pouvoir. (…). Sûr de son fait, il se fit mettre au nombre des bergers que l’on députait au roi. Il se rendit au palais, séduisit la reine, et, avec son aide, attaqua et tua le roi, puis s’empara du trône.

Supposons maintenant deux anneaux comme celui-là, mettons l’un au doigt du juste, l’autre au doigt de l’injuste ; selon toute apparence, nous ne trouverons aucun homme d’une trempe assez forte pour rester fidèle à la justice et résister à la tentation de s’emparer du bien d’autrui, alors qu’il pourrait impunément prendre au marché ce qu’il voudrait, entrer dans les maisons pour s’accoupler à qui lui plairait, tuer les uns, briser les fers des autres, en un mot être maître de tout faire, comme un dieu parmi les hommes.

En cela, rien ne le distinguerait du méchant, et ils tendraient tous deux au même but, et l’on pourrait voir là une grande preuve qu’on n’est pas juste par choix, mais par contrainte, vu qu’on ne regarde pas la justice comme un bien individuel, puisque partout où l’on croit pouvoir être injuste, on ne s’en fait pas faute. Tous les hommes, en effet, croient que l’injustice est beaucoup plus avantageuse individuellement que la justice ».

Le terme de valeur possède deux significations bien distinctes et qui s’appliquent à deux domaines très différents de la culture, à savoir l’économie et la morale. L’économie renvoie à cette science de l’homme qui a pour objet la production des biens, leurs échanges, leur évaluation. Toute matière première, tout objet fabriqué et tout service ont un prix, c’est-à-dire correspondent à un certain montant de monnaie à la disposition des acteurs sociaux. Ce prix ou ce montant monétaire dépend de l’utilité des biens correspondants et de la quantité moyenne de travail nécessaire à les mettre à la disposition du public. Bref, tout bien a une valeur marchande.

Cependant, la notion de valeur s’applique également à tous les domaines de l’action humaine requérant un jugement dit précisément de valeur. Rappelons à cet égard la distinction entre un jugement de fait et un jugement de valeur. Si nous disons que dans cette pièce, il y a des meubles, c’est un jugement de fait si je suis amené à constater leur présence effective. Si je dis que dans cette pièce il y a de très beaux meubles, mon jugement ne porte plus sur le fait de leur simple présence, mais énonce une appréciation sur leur qualité, et en l’occurrence soit sur le caractère précieux de leur bois par exemple, soit sur leur qualité esthétique. Un jugement de valeur implique toujours une hiérarchie, une différence de qualité, souligne qu’il y a des réalités qui méritent plus d’attention que d’autres, qui sont plus proches d’un idéal que l’on porte en soi.

Bien entendu les jugements de valeur portent sur la qualité de l’action humaine, que ce soit dans le domaine politique, c’est-à-dire concernant les affaires publiques ou dans le domaine moral, c’est-à-dire concernant les comportements privés, que ce soit à titre individuel ou bien à titre collectif. En d’autres termes, ces jugements de valeur sont prononcés en fonction d’une norme, de ce qui devrait se faire, en fonction d’un idéal. Ces normes, cet idéal font référence à ce qui donne sens ou une raison d’être à l’existence humaine. C’est ainsi que dans le domaine métaphysique, autrement dit à propos des questions philosophiques relatives au sens ultime des choses ou à leur raison d’être, le jugement se prononçant sur ce qui est considéré comme l’expression du « Mal » ou bien inversement ce qui est l’expression du « Bien », relève également du jugement de valeur.

Ainsi, la valeur renvoie à ce qui a de l’importance, du prix au sens figuré, qui répond à nos attentes, qui comble nos espoirs, qui mérite que notre action, nos efforts, notre vitalité soient mis au service de son avènement ou de son maintien. La valeur renvoie à nos raisons de vivre.

Cette dernière définition éclaire le mythe qu’expose Platon. A supposer que nous acquérions le pouvoir de devenir invisible à volonté, nos raisons de vivre n’en disparaissent pas pour autant. Toutes les actions que nous accomplirions et que nous nous interdisons ici et maintenant afin d’éviter la sanction sociale ou le jugement du regard d’autrui, ne sont pas de véritables valeurs. Ce sont simplement des contraintes sociales, des fantasmes inhibés, ce ne sont pas des raisons de vivre.

Certes, tout sujet peut se surprendre à céder à des facilités en rupture avec ce qu’il croit profondément. Les désirs, les passions peuvent prendre le dessus au prix du sentiment de culpabilité, du remords, de la brisure intérieure de sa propre image. Mais ce sont des manquements qui se payent au prix fort, c’est-à-dire au prix d’une grande souffrance morale, de la pire des infidélités, à savoir l’infidélité à soi-même, à l’idéal de soi. Tel est le révélateur de nos authentiques valeurs, ce qui donne sens à nos vies, qui font que celles-ci méritent d’être vécues.

Comme on le voit, la valeur authentique n’a rien de conventionnel, de conformiste, d’arbitraire en fin de compte. C’est particulièrement le cas à propos de la valeur morale. Car cette dernière revêt une dimension d’une grande noblesse en ce sens que l’action morale ne cherche pas son intérêt. L’action morale consiste à être capable de dépasser, de surmonter, de sacrifier son intérêt égoïste immédiat au service d’autrui ou bien par respect pour autrui. Et ce, parce que l’on considère que toute personne mérite ce type d’attention, incarne la valeur la plus haute. L’action morale ainsi conçue est gratuite, si on entend par gratuité le fait qu’elle n’est motivée par aucun intérêt personnel.

Dès lors, la valeur morale n’entretient plus aucun rapport avec la valeur marchande ou bien la simple valeur sociale, c’est-à-dire ce qui est accompli uniquement pour des raisons fonctionnelles, utilitaires voire opportunistes. Dans les trois cas la valeur correspond à un prix mais celui-ci est un simple moyen en vue de servir son intérêt ou récompenser son action concernant la valeur marchande ou la valeur sociale. Seule la valeur morale revêt un prix éminemment plus noble puisqu’elle est gratuite d’une part et associée au sens ou à la raison de vivre ultime accordé à l’existence humaine. Elle n’est plus un simple moyen, elle est une « fin en soi », le but ultime de l’existence humaine.

Ces valeurs authentiques ont un point commun avec l’essentiel évoqué par Saint-Exupéry dans le « Petit Prince », puisqu’elles sont invisibles. Elles n’ont pour seul témoin que notre conscience. Cela nous conduit à conclure que tout sujet est par la force des choses invisible, même s’il ne possède pas le fameux « anneau du berger Gygès ». Ce qui reste visible, c’est l’observance des conventions sociales sans que l’on sache ce qui anime et motive cette observance.

Ajoutons d’ailleurs qu’il en va de même concernant la vie spirituelle des fidèles au message évangélique, message qui est le fondement lointain de la valeur suprême et gratuite accordée à la personne humaine. Souvenons-nous de cette forte parole de St Jean : « Celui qui prétend aimer Dieu qu’il ne voit pas et qui n’aime pas ses frères qu’il voit est un menteur » (Aimer voulant dire ici « vouloir du bien »). Cette disposition d’esprit définit ce que St Paul désigne par la charité, qui ne consiste pas à distribuer une partie de son surplus aux pauvres pour se donner bonne conscience ou pour paraître aux yeux des hommes, mais qui consiste à être authentique dans son rapport à l’autre et, par sa médiation, à Dieu lui-même. « Vous aurez beau distribuer tous vos biens aux pauvres, avoir une foi qui soulève les montagnes, si vous n’avez pas la charité, vous n’êtes rien ».