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4300 INTERROGATIONS SUR LA NOTION DE NATURE HUMAINE

Publié le 04/01/2023 à 06:06 par cafenetphilosophie Tags : sur vie amour monde soi animal chez mode société heureux création dieu nature cadre message demain

Rubrique "Condition humaine et Ethique" Suite du billet N°4293.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome VI, A.MENDIRI, Amazon.

 

Prochain billet demain jeudi 05 janvier.

 

 

La nature et ses « lois », issues d’un long processus contingent, aléatoire, souvent désordonné ne sont ni une œuvre divine à révérer, ni un modèle à respecter mais le point d’appui d’une œuvre à entreprendre, d’une conquête à effectuer, d’un objectif à atteindre, d’une vocation à réaliser à savoir le lent déploiement des possibilités de la liberté « pour soi ». Il s’agit de connaître d’abord ses lois, de les utiliser ensuite au service des projets des êtres conscients, de les transformer enfin en fonction des libres idéaux des êtres historiques, des êtres appelés à dépasser, à surmonter, à maîtriser la nature dont ils ont hérité. Le processus historique est passage par essence de l’ère de la nécessité à l’ère de la liberté.

Cette conclusion est à vrai dire fidèle au message biblique contenu dans les livres de la « Genèse ». Non seulement l’homme a été créé « à l’image de Dieu », c’est-à-dire dans notre langage, liberté « pour soi », mais il a pour vocation offerte par Dieu de continuer l’œuvre de création, ou pour transposer là encore, de se libérer des contraintes de la nature afin de construire une création en fonction des projets de la « liberté pour soi » ou sur le mode de la conscience. Certes, cela ne signifie nullement que l’homme soit autorisé à s’engager dans n’importe quelle voie. L’homme ou tout être conscient d’une création quelconque sont invités à demeurer fidèles à la vocation qui est la leur d’œuvrer « à l’image » de l’Etre infini actuel ou de Dieu, à être inspiré par l’Etre qui s’est choisi « Amour infini », qui comme tel est Trinitaire et qui offre librement et gratuitement aux êtres créés la possibilité de partager librement la plénitude de sa condition.

A certains égards, l’homme n’a donc pas un destin, une essence prédéfinie. Il peut choisir de se replier sur la condition de la seule finitude ou bien de s’ouvrir à cette promesse incroyable de plénitude possible. Il peut en somme se refuser à renoncer à sa nature initiale, à sa condition première. Mais il peut également imiter la démarche de l’Etre absolu, qui a abandonné sa toute-puissance exclusive, sa nature initiale au profit d’une libre impuissance, d’une gratuité radicale le conduisant à partager sa condition d’Etre avec des créations et au-delà à offrir à ces créations la possibilité de partager la plénitude de sa condition. Le refus de la part de la création d’abandonner sa nature propre, spécifique, initiale, renvoie au « péché originel » par excellence, si l’on entend par « péché » un triple manquement, manquement à la foi par rapport à la promesse divine, manquement à l’espérance, cette promesse étant considérée comme dépourvue de fondement, manquement à l’amour, c’est-à-dire à la capacité de sortir de soi pour aller vers des horizons inconnus et désintéressés. Ce « péché » peut être qualifié d’ « originel » si l’on comprend par ce terme non une origine chronologique mais un choix qui prend sa source dans une nature initiale, spécifique, évidente à savoir la nature ou plutôt la condition de la finitude ou de notre monde.

Nous venons ici d’opérer une distinction importante en rectifiant le terme de nature par celui de condition. Car si l’homme avait une nature prédéterminée, à l’image de toutes les autres espèces animales, il n’aurait pas le choix de l’assumer ou de la refuser. En revanche l’idée de condition suppose que son sort n’est pas scellé. Il n’est rien au départ, il n’est pas soumis aux normes d’une nature, de ses lois, de contraintes forgées au gré d’une longue maturation contingente et aléatoire.

 

Certes, il est le produit de la nature, c’est-à-dire, dans notre langage, de la « liberté en soi ». Mais en même temps, cette liberté « en soi » a abouti chez lui à l’émergence d’une liberté « pour soi », d’une liberté qui dépasse en la conservant cette liberté « en soi », une liberté qui est appelée à faire reculer toutes les frontières ou les limites de la nature. Il n’est plus entièrement un être naturel. Il devient un être historique, l’histoire étant ce processus temporel où l’être porteur de la liberté « pour soi » ou de la conscience se libère peu à peu des limites, des contraintes, des nécessités initiales de la liberté « en soi » ou de la nature.

Dès lors, comme nous l’avons déjà souligné, la vocation de l’homme ou d’un être conscient quelconque n’est plus d’imiter la nature, de lui obéir mais tout au contraire de la surmonter, de la maîtriser, de s’en libérer afin de façonner une nouvelle nature, celle qui sera le fruit de sa liberté « pour soi », propre à la conscience. C’est en ce sens que cette vocation ruine l’idée d’une nature humaine d’ordre biologique et que nous devons parler en toute rigueur de condition humaine.

Une telle conception du devenir de l’homme et de sa relation à l’absolu va entraîner des conséquences éthiques considérables. Mais avant même d’examiner celles-ci, voyons ce que la tradition philosophique nous enseigne en la matière, c’est-à-dire à propos des interrogations sur l’homme. La philosophie rationaliste, depuis le V° siècle av. JC, nous a transmis des sagesses de comportement fondées essentiellement sur le rôle déterminant de la raison. Pour les grands philosophes Grecs comme Platon ou Aristote, la raison présente deux avantages considérables : bien utilisée, elle délivre un savoir et ne se contente pas de simples opinions reposant sur des traditions ancestrales ou bien des croyances religieuses ; en second lieu et corollairement elle conduit celui qui réfléchit de manière critique en utilisant sa propre raison d’être libre, de n’obéir qu’à lui-même et non à des contraintes provenant de la société ou de son milieu.

Pourquoi la raison peut-elle être considérée comme le moyen naturel nous éclairant sur ce que nous devons faire afin d’être le plus heureux possible et d’établir avec autrui des relations positives et favorables à tous ? La raison est une faculté générale, commune à tous les hommes et à l’abri de la subjectivité arbitraire si on consent à bien l’utiliser. Elle est vraiment cette « lumière naturelle » évoquée par Descartes au XVII° siècle. Mas pour répondre directement à la question que nous venons de poser, il suffit simplement de remarquer que ni les désirs, ni les sentiments ou à plus forte raison les passions, ces sentiments qui peuvent devenir extrêmes, n’ont vocation à gouverner l’action humaine. En effet, il faut partir du principe que la liberté authentique consiste à faire ce que l’on veut. Or, que voulons-nous ordinairement ? « Tous tant que nous sommes nous voulons être heureux » proclame Platon. Il est facile de constater et d’admettre qu’afin d’atteindre cet objectif, les désirs et les sentiments sont rarement de bon conseil. Ils conduisent la plupart du temps à des errements inconnus dans le monde animal où la nature a prévu des garde-fous innés que sont les instincts. L’homme est dépourvu de ce savoir naturel, mais il possède la raison, qui peut l’éclairer tout en lui garantissant sa liberté.

Bref, la raison a vocation, nous dit Platon, « à tenir le gouvernail ». Dès lors, si la raison se met tout au contraire au service des désirs ou des sentiments afin de mieux trouver les moyens de réaliser leurs projets respectifs, par exemple accomplir un crime parfait, l’ordre naturel des choses est violé et l’homme court à sa perte. En somme, il y a un ordre naturel des choses, une nature humaine, des caractéristiques que l’homme n’a pas créées mais qui s’imposent à lui, si tout au moins il tient à servir ses intérêts véritables, son bien authentique et dans la foulée l’intérêt collectif, car la raison lui rappelle ce qu’il doit à la vie sociale harmonieuse afin de réaliser son bien.

 

 

Cette conception de l’homme est très noble et le hisse au-dessus des autres êtres naturels en soulignant que ce qui importe pour définir son humanité, ce n’est pas tant des caractéristiques purement biologiques que des attitudes raisonnables soulignant sa dimension spirituelle. Seulement une telle conception se heurte à plusieurs limites. En premier lieu, comme toute représentation philosophique de l’homme, il s’agit d’une conviction, d’une croyance et non d’un savoir qui pourrait s’imposer à tous les esprits, comme peut l’être par exemple le savoir mathématique. En second lieu, rien ne nous assure que le but de l’homme soit nécessairement la recherche de son bien avec les limites, le refus des excès que cela suppose, mais peut-être le seul exercice de sa liberté entendu comme jouissance d’exister sans se préoccuper des conséquences individuelles et collectives de ses actes. En dernier lieu, à supposer que nous nous inscrivions dans le cadre des conceptions de Platon, force est de constater que la raison est inapte à résoudre tous les problèmes éthiques et surtout qu’elle tend à une forme d’utilitarisme avec les dérives que celui-ci entraîne.