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Date de création : 26.02.2011
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08.09.2025
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Publication en ligne d'un Cours de philosophie
d'Albert Mendiri, auteur de ce blog, aux éditions Scripta, Chap VI, "La liberté du sujet: a-t-elle pour fondement la volonté ou le désir?" pp. 123-125.
Prochain billet sur ce thème mercredi 22août.
Il s’agit là d’une célèbre proclamation de JP Sartre (XX°siècle), qui séduit ou hérisse, ces deux réactions opposées relevant le plus souvent d’une profonde méprise sur son sens exact. Pour mieux comprendre ce que veut dire Sartre par cette formule, il convient de rappeler que ce dernier se situe au sein d’une tradition philosophique qui accorde à la conscience une place centrale et en conséquence des pouvoirs exceptionnels. Contrairement à Spinoza ou Nietzsche par exemple, cette tradition, dans la lignée de Descartes, considère que la conscience introduit au sein de l’Etre une nouvelle dimension pourvue de propriétés spécifiques et nouvelles, faisant de l’homme un être à part dans la nature. Ajoutons, afin de compléter cette analyse, que nous pourrions nous appuyer sur les théories de l’évolution de Darwin en rappelant que la sélection naturelle ne retient que les caractères apportant un avantage adaptatif et donc que l’émergence et le développement de la conscience relèvent vraisemblablement de cette logique. La conscience apporte sans doute quelque chose de nouveau et de décisif dans le processus évolutif des êtres vivants.
JP Sartre reprend à son compte les analyses de Hegel que l’on peut trouver notamment dans « Propédeutique philosophique » :
« On dit volontiers : ma volonté a été déterminée par ces mobiles, circonstances, excitations et impulsions. La formule implique d’emblée que je me sois ici comporté de façon passive. Mais, en vérité, mon comportement n’a pas été seulement passif ; il a été actif aussi, et de façon essentielle, car c’est ma volonté qui a assumé telles circonstances à titre de mobiles, qui les fait valoir comme mobiles. Il n’est ici aucune place pour la relation de causalité. Les circonstances ne jouent point le rôle de causes et ma volonté n’est pas l’effet de ces circonstances. La relation causale implique que ce qui est contenu dans la cause s’ensuive nécessairement. Mais en tant que réflexion, je puis dépasser toute détermination posée par les circonstances. Dans la mesure où l’homme allègue qu’il a été entraîné par des circonstances, des excitations, etc., il entend par là rejeter, pour ainsi dire, hors de lui-même sa propre conduite, mais ainsi il se réduit tout simplement à l’état d’être non libre ou naturel, alors que sa conduite, en vérité, est toujours sienne, non celle d’un autre ni l’effet de quelque chose qui existe hors de lui. Les circonstances ou mobiles n’ont jamais sur l’homme que le pouvoir qu’il leur accorde lui-même ».
« Ma volonté n’est pas l’effet des circonstances », telle est sans doute l’affirmation la plus importante de cet extrait. Cela est dû au fait que l’homme pense, qu’il réfléchit et qu’à ce titre il est par essence recul par rapport à l’objet de sa pensée, qu’il ne coïncide pas avec ce dernier, qu’il le transcende, c’est-à-dire qu’il « dépasse toute détermination posée par les circonstances ». C’est le sujet qui accepte ou qui refuse, bref qui assume « telles circonstances à titre de mobiles ». En conséquence on comprend la conclusion de Hegel : « Les circonstances ou mobiles n’ont sur l’homme que le pouvoir qu’il leur accorde lui-même ».
Il ressort clairement de ce texte que la volonté, et donc le sujet conscient en tant que tel, disposent d’un pouvoir propre et d’un pouvoir souverain. Ils ne décident certes pas des circonstances qui surviennent mais du sens, de la valeur qu’il convient de leur accorder et par là même des conclusions que je vais en tirer et de l’action que je compte engager et dont je vais être entièrement responsable. Ma conduite est toujours mienne et non celle de quelqu’un d’autre ni l’effet mécanique de quelque chose qui existe en-dehors de moi.
En fin de compte, JP Sartre ne dit pas fondamentalement autre chose. Examinons le cas qu’il nous propose dans « Cahiers pour une morale » afin de nous en convaincre :
« Me voilà tuberculeux par exemple. Ici apparaît la malédiction… Cette maladie, qui m’infecte, m’affaiblit, me change, limite brusquement mes possibilités et mes horizons. J’étais acteur ou sportif ; avec mes deux pneumos, je ne puis plus l’être. Ainsi négativement je suis déchargé de toute responsabilité touchant ces possibilités que le cours du monde vient de m’ôter. C’est ce que le langage populaire nomme être diminué. Et ce mot semble recouvrir une image correcte : j’étais un bouquet de possibilités, on ôte quelques fleurs, le bouquet reste dans le vase, diminué, réduit à quelques éléments.
Mais en réalité il n’en est rien : cette image est mécanique. La situation nouvelle quoique venue du dehors doit être vécue, c’est-à-dire assumée, dans un dépassement. Il est vrai de dire qu’on m’ôte ces possibilités mais il est aussi vrai de dire que j’y renonce ou que je m’y cramponne ou que je ne veux pas voir qu’elles me sont ôtées ou que je me soumets à un régime systématique pour les reconquérir. En un mot ces possibilités sont non pas supprimées mais remplacées par un choix d’attitudes possibles envers la disparition de ces possibilités.
Et d’autre part surgissent avec mon état nouveau des possibilités nouvelles : possibilités à l’égard de ma maladie (être un bon ou un mauvais malade), possibilités vis-à-vis de ma condition (gagner tout de même ma vie, etc..), un malade ne possède ni plus ni moins de possibilités, qu’un bien portant ; il a son éventail de possibles comme l’autre et il a à décider sur sa situation, c’est-à-dire à assumer sa condition de malade pour la dépasser (vers la guérison ou vers une vie humaine de malade avec de nouveaux horizons).
Autrement dit, la maladie est une condition à l’intérieur de laquelle l’homme est de nouveau libre et sans excuses. Il a à prendre la responsabilité de sa maladie. Sa maladie est une excuse pour ne pas réaliser ses possibilités de non-malade mais elle n’en est pas une pour ses possibilités de malade qui sont aussi nombreuses…
Ainsi suis-je sans repos : toujours transformé, miné, laminé, ruiné du dehors et toujours libre, toujours obligé de reprendre à mon compte, de prendre la responsabilité de ce dont je ne suis pas responsable. Totalement déterminé et totalement libre. Obligé d’assumer ce déterminisme pour poser au-delà les buts de ma liberté, de faire de ce déterminisme un engagement de plus ».