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3901 LES SOURCES DU SAVOIR HUMAIN

Publié le 06/12/2021 à 06:05 par cafenetphilosophie Tags : image sur bonne vie place monde soi mode dieu art nature pouvoir demain

Rubrique "Les langages impossibles". Suite du billet N°3894.

 

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Prochain billet demain 07 décembre.

 

 

L’époque contemporaine et même l’époque moderne, si nous considérons que la modernité commence au plus tôt au XVII° siècle avec la naissance de l’alliance entre les sciences de la nature et les mathématiques et au plus tard au XVIII° siècle avec le développement des pensées rationnelles profanes et que l’on désigne sous le terme de siècle des Lumières, ont tendance à privilégier un mode de rapport à la réalité ou à l’Etre, ce qui est vraiment au-delà des apparences, sous l’angle exclusif de la raison et même, de manière encore plus restreinte de la raison expérimentale ou de la raison scientifique et technologique.

Certes, il existe d’autres langages que celui de la science expérimentale, tout particulièrement lors de notre vie quotidienne puisque nos rapports avec autrui sont réglés par des usages et des valeurs éthiques et juridiques, que pour nombre d’entre nous les besoins esthétiques occupent une grande place au sein de notre sensibilité et notre quête d’émotions, que ce soit à travers des lectures, du goût cultivé pour des musiques, chants, danses, films etc… et qu’enfin notre rapport à l’existence en général est façonné par des croyances religieuses ou profanes qui nous donnent les clefs de ce que l’on peut attendre de la vie.

Cependant aucun de ces langages qui occupent l’essentiel de notre vie usuelle ne possède la même autorité que le langage scientifique et technique, hormis pour les fidèles de telle ou telle religion lorsque leur foi est aveugle et que leurs croyances deviennent pure et simple crédulité, attitude mentale qui peut dans les cas extrêmes les conduire jusqu’au fanatisme.

Mais, d’une manière dominante, en Occident tout au moins, la science et la technique sont perçues comme les seules voies d’accès à la vérité, que ce soit dans le domaine théorique concernant la science et dans le domaine pratique concernant la technique, celle-ci étant le moyen pour l’humanité de se libérer de toutes les contraintes naturelles ou sociales qui se présentent à lui. L’argument scientifique ou soi-disant tel incarne le nouvel argument d’autorité du monde contemporain et se substitue à celui qui a régné pendant près de vingt-deux siècles en Occident, du V° siècle av. JC jusqu’au XVII° siècle, sous la férule d’Aristote.

Il est vrai qu’hormis quelques philosophes se rattachant au positivisme, autrement dit à cette tradition philosophique issue notamment d’Auguste Comte au XIX° siècle, rares sans doute sont ceux parmi nos contemporains qui sont convaincus que la science a pour vocation de répondre un jour plus ou moins lointain à toutes les questions que l’homme se pose à propos de son destin collectif et individuel et qui jusqu’à ce jour sont demeurées sans réponse. Néanmoins, à défaut de témoigner de cette foi aveugle en la science, celle-ci demeure vraisemblablement la seule activité culturelle de l’homme à laquelle on accorde une confiance dénuée de tout doute à propos des analyses et des conclusions qui sont les siennes, ici et maintenant, sur tous les sujets où elle se prononce.

C’est en ce sens qu’Heidegger est tout à fait fondé pour affirmer que notre époque se caractérise par un rapport au monde à certains égards univoque, puisque seul le langage scientifique et son mode propre de représentation du réel bénéficie aux yeux de nos contemporains du label de la vérité. La science nous délivre un savoir là où les autres langages culturels, que ce soit la religion, la morale, la politique, l’art, ne nous proposent que des croyances dont certaines prennent leurs racines voire leur légitimité dans l’expérience pratique des hommes et leur supposé bon sens.

Cette confiance aveugle dans la capacité de la science à nous délivrer des vérités se fonde sur une méconnaissance très largement partagée de la nature de cette activité, des possibilités qu’elle offre et des limites qui sont les siennes. Une triple, voire une quadruple limitation caractérise l’activité scientifique concernant l’accès à des réponses considérées comme vraies.

En premier lieu, rappelons que la solidité et le caractère incontestable des conclusions scientifiques ne concernent à vrai dire que les sciences dites « dures », c’est-à-dire les sciences expérimentales ou les sciences de la nature dont les conclusions sont validées par des expérimentations ou des mesures au calcul d’erreur près. L’ensemble des sciences de l’homme ne partagent pas ce privilège et tendent à être rangées par certains épistémologues ou philosophes critiques des sciences comme Karl Popper comme de simples prolongements de la métaphysique. C’est particulièrement le cas concernant la psychanalyse ou la conception marxiste de l’histoire qui, aux yeux de Popper s’avèrent irréfutables dans la mesure où les « faits » supposés éventuellement les invalider ne sont pas retenus, au bénéfice de « faits » cachés, le sens ultime de ces faits cachés étant soumis à une interprétation dont la teneur est toujours en accord avec les principes théoriques utilisés à cette fin.

Mais au-delà de cette sévère condamnation de certaines branches des sciences de l’homme, il s’avère d’une manière plus générale que faute de mesures précises envisageables, les conclusions des sciences de l’homme, notamment celles de la science historique, font l’objet d’interprétations et relèvent donc du domaine de la vraisemblance et non de la vérité à proprement parler.

Les interrogations sur les limites de l’activité scientifique ne se limitent pas à ces simples considérations. Car, à l’intérieur même des sciences expérimentales ou des sciences exactes, d’autres paramètres doivent être pris en compte qui en limitent singulièrement la portée.

En premier lieu, les sciences en question s’avèrent nécessairement muettes concernant les domaines où des valeurs servent de fondements et de fil directeur aux argumentations proposées, comme c’est le cas en morale, en politique, en art, et à propos des discours métaphysiques et religieux. Les sciences expérimentales, par nécessité méthodologique, n’ont rien à dire sur toutes ces questions où des jugements de valeur et des modes de perception spécifique sont requis, en particulier la perception esthétique et la perception religieuse.

Aussi, même si on ne partage pas tous les présupposés de Heidegger, force est de constater qu’il s’avère pour le moins extrêmement réducteur d’entretenir un rapport au monde et à la vérité sous le seul angle de la mesure et de ce qui est susceptible d’entrer dans les cadres d’une rationalisation stricte et univoque.

Mais il y a plus et même beaucoup plus à propos des limites des sciences expérimentales et rationnelles. Les conclusions de ces sciences sont relatives à de multiples facteurs contingents qui en limitent la portée. De manière schématique, on peut dire avec Popper que les théories scientifiques, autrement dit les explications des faits évoqués, sont semblables à des filets de pêche et qu’à ce titre l’image qu’elles nos délivrent du monde sont tributaires de la nature de ces filets, de la nature de leur maillage. Ce maillage renvoie aux faits que le chercheur est à même d’observer ou de prévoir, aux techniques expérimentales dont il dispose pour en vérifier l’existence effective, aux outils mathématiques lui permettant d’écrire les théories en question.

Bref, les vérités expérimentales sont par nature provisoires, comme en témoigne avec éclat la physique de Newton dont les conclusions sur la constance de la masse, sur l’idée d’attraction, sur la conception même de la notion de masse ont été balayées par la théorie de la relativité générale d’Einstein qui prévoit l’accroissement de la masse avec la vitesse, qui substitue à l’idée d’attraction celle de trajectoire au sein des courbures de l ’espace provoquées par ces masses et où, plus récemment la découverte du boson de Higgs a montré que la masse ne devait plus être conçue comme une propriété intrinsèque d’une particule mais comme la résultante d’une interaction avec un champ de particules virtuelles de nature quantique.

Les interrogations critiques sur les vérités scientifiques ne s’arrêtent pas là. Car, après tout, le caractère provisoire de leur validité est un signe de bonne santé, un gage de progrès. Mais au-delà de leur caractère provisoire se pose la question de leur correspondance avec le réel que ces théories évoquent. Sont-elles le reflet approximatif de ce réel ou bien une simple manière humaine de le transcrire ? Einstein, persuadé de la pertinence de la première hypothèse, proposait une image déjà suggérée en son temps par Descartes afin de faire comprendre les enjeux d’un tel débat.

Prenons une montre mécanique. Tout ce que j’observe sur le cadran - aiguilles, chiffres indiquant les heures etc…- correspond aux données d’observation empiriques des réalités dont je vise à proposer une explication ou une théorie. L’explication que je retiendrai sera celle qui rendra compte de tous les éléments que je suis en mesure d’observer en fonction de mes outils techniques d’observation à un moment donné. Je postule que je suis dans l’impossibilité de soulever le cadran afin de constater la nature du mécanisme sous-jacent, cette métaphore signifiant que je ne puis sortir de mon esprit pour contrôler que ce que je dis du réel est bien en adéquation avec ce réel.

En conséquence je dois imaginer ce mécanisme sous-jacent. Ce mécanisme devra pouvoir rendre compte de ce que je vois, de la rotation de l’aiguille sur le cadran notamment. S’il se trouve qu’il y a plusieurs mécanismes qui sont susceptibles d’expliquer les faits observés, je choisirai le plus simple ou celui qui est le plus en accord avec le savoir établi. Or, qui me prouve que la nature ou Dieu si l’on veut, ont inventé ou bien créé le même mécanisme ?

Certes, cette dernière hypothèse soulève la question de l’efficacité de nos théories et de la nature du langage scientifique. Tel sera l’objet de notre prochain billet sur ce sujet.

A.Mendiri