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3689 LE SENS VERITABLE DE L'AMOUR POUR DIEU

Publié le 30/04/2021 à 06:07 par cafenetphilosophie Tags : center demain gratuit sur vie amour monde soi mode dieu nature message

Rubrique N°61 "Sens et statut de la foi". Suite du billet N°3682.

 

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome V, A.Mendiri, Amazon, 09 €

 

 

Prochain billet demain samedi 01 mai

 

 

 

    Nous comprenons alors ce que peut bien signifier le premier commandement biblique et rapporté par Moïse : « Tu aimeras Dieu de toutes tes forces et de tout ton esprit comme toi-même ». Car, une compréhension superficielle de ce premier commandement peut conduire à une révolte ou même à la dérision. Comment aimerais-je un Etre invisible, alors même que je suis en butte au cours de mon existence à maints échecs, désillusions, malheurs peut-être sans compter ceux qui affectent des millions d’êtres proches ou lointains, connus ou inconnus, d’aujourd’hui et d’hier ? Et que dire des spectacles si souvent cruels et amoraux qui caractérisent la commune nature animale et qui faisaient dire à Schopenhauer que proclamer un Dieu d’une part et un Dieu bon de surcroît devenaient parfaitement indécents ?

  Bref, nous posons à nouveau ici la question du Mal, question que nous allons examiner d’ici peu. Mais pour l’heure, il ne s’agit que de rendre compte du sens exact de « l’Amour de Dieu ». Si Dieu est « Amour », si l’Amour consiste dans ce processus libre et gratuit de donner valeur et sens à l’Etre, comment ne pourrions-nous pas aimer ce qui donne valeur et sens à nos êtres respectifs ? Cet Amour- là n’exprime-t-il pas l’aspiration la plus profonde de notre propre désir d’être et de persévérer dans l’Etre ? Mais si c’est une évidence, pourquoi alors en faire une prescription ? Tout simplement parce que la nature la plus haute de la valeur et du sens réside dans la dimension gratuite de l’Amour et non dans ses formes les plus immédiates, autrement dit dans Eros. Il ne s’agit pas de condamner Eros. Eros est également le reflet de la valeur et du sens. Mais réduit à lui-même, replié sur lui-même, il devient source de souffrance, d’échec, d’impossibilité de surmonter sa solitude métaphysique. Il ne répond pas aux aspirations les plus profondes de tout être en quête de valeur et de sens. Il peut même se retourner en son contraire et devenir source de violence, de volonté vaine de domination, de négation de l’autre, alimentant ainsi le sentiment de l’absurde, c’est-à-dire la conviction que le monde et la vie sont désenchantés et que cette plénitude que nous recherchons secrètement est une pure illusion, un délire du désir. Bref, Aimer Dieu, c’est aimer la vie, c’est aimer ce qui est source de valeur et de sens, c’est aimer la plénitude de cette valeur et de ce sens. Et ce qui donne plénitude à la valeur et au sens, ce qui provoque en nous une émotion, comme face à une œuvre d’art accomplie, ce qui nous arrache à notre condition ordinaire, ce qui nous procure ce qu’on désigne sans doute par le terme de bonheur, c’est la prise de conscience, c’est le dévoilement de la gratuité de la valeur et du sens.

   En somme le « commandement » d’aimer Dieu comme soi-même est une invitation faite à tout être humain de ne pas en rester au dévoilement le plus immédiat de la valeur et du sens, autrement dit de s’en tenir à Eros et à sa solitude, à son enfermement, mais de s’élever jusqu’à l’Agapè, de s’ouvrir à la plénitude du sens, d’accéder à l’objet le plus élevé de notre désir, et par là même de dissiper tout désenchantement.  Ce secret objet du désir, cette soif d’absolu, comment ne pourrions-nous pas l’aimer ?  D’ailleurs, si nous nous aimons, si nous sommes attachés à notre être, à la vie, avec une passion et une évidence irrationnelles c’est précisément dans la mesure où nous prenons conscience de la valeur de l’existence. S’aimer c’est rendre un hommage à la valeur de l’existence. S’aimer, c’est aimer à travers nous la valeur des choses. Car, n’oublions pas, la relation que nous établissons avec l’Etre s’effectue inévitablement sur le mode de notre être, de son statut ontologique.

   Ainsi comprenons-nous mieux ce célèbre premier commandement biblique.  « Aimer Dieu comme soi-même » ne relève pas d’une « bondieuserie » un peu mièvre. Cela revient à proclamer qu’on aime la vie, la valeur et le sens qui y sont attachés de manière inhérente et néanmoins gratuite. Cela revient à dire que le sujet en question a pris une claire conscience de la plénitude de la valeur et du sens et non de leurs aspects les plus immédiats et surtout les plus illusoires, non par eux-mêmes, mais dès lors qu’ils se voient absolutisés. Nous comprenons dans la foulée la portée exacte des propos du Christ rapportés par St Jean l’Evangéliste et qui conduisent à affirmer que « quiconque dit aimer Dieu qu’il ne voit pas et qui n’aime pas ses frères qu’il voit est un menteur ». Car, comme nous l’avons rappelé, la valeur et le sens dans leur plénitude résident dans la personne humaine, créature « à l’image de Dieu ». L’homme, inévitablement, se révèle cette valeur et ce sens par la médiation de ses « frères » en humanité. Ce sont par les relations sur le mode de la gratuité et du dépassement des étroites limites de son être propre, de son désir immédiat et centré sur soi, que se dévoilent valeur et sens de l’Etre.

    Lorsque le sujet ne s’arrête pas en chemin, par la médiation des personnes et de leur valeur indépassable, il y reconnaît les signes de quelque chose qui le dépasse, les signes de la présence de la transcendance. Ce dévoilement provoque en lui une émotion bien spécifique, parente et supérieure à la simple émotion esthétique, à l’émotion face à la beauté dans sa gratuité, c’est-à-dire l’émotion religieuse, celle qui nous « relie » à la transcendance et à la source ultime de la valeur et du sens. Cette émotion renvoie à nos yeux à cette vertu que St Paul magnifiait et qu’il désignait par le terme de charité. Souvenons-nous de cette célèbre épitre aux Corinthiens : « si vous n’avez pas la charité, vous n’êtes rien » ; « vous auriez beau avoir la foi qui soulève des montagnes, si vous n’avez pas la charité, vous n’êtes rien » ; « vous auriez beau distribuer tous vos biens aux pauvres, si vous n’avez pas la charité, vous n’êtes rien ».

  Formules remarquables qui, au passage, lèvent le contresens le plus courant à propos de cette notion de charité et qui épousent totalement le sens profond du message évangélique, repris et synthétisé de manière concise et magistrale par St Augustin : « Aime et fais ce que tu veux », proclamation dont nombre de personnes ont envie de ne retenir que la seconde partie en oubliant les exigences de la première, si tant est qu’il soit fondé d’évoquer le terme d’ « exigences » dès lors qu’il s’agit d’être en quête, d’accueillir, d’être saisi d’émerveillement face à la lumière éblouissante de la valeur et du sens reconnues dans leur plénitude.

A.Mendiri