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3456 LE "TOUT AUTRE" ET LA QUESTION DE LA VERITE (1)

Publié le 08/09/2020 à 06:06 par cafenetphilosophie Tags : sur center bonne monde coup chez mode mort soi création demain dieu nature pouvoir

Rubrique "Foi et Raison". Suite du billet N°3449.

 

Extrait de "La Foi au défi de la Raison", A.Mendiri, Amazon, 10 €

 

Prochain billet demain mercredi 09 septembre.

 

   Quelle est la légitimité des analyses qui précèdent ? Doivent-elles être rangées parmi les illusions métaphysiques dénoncées par Kant ? En d’autres termes quel est le rapport qu’entretient la raison avec la vérité, ou si l’on préfère avec l’adéquation entre ce que l’on dit rationnellement du réel et le réel lui-même ?

   A cet égard, il convient tout d’abord de tordre le coup à l’idée selon laquelle non seulement l’homme ne peut atteindre aucune forme de vérité mais de manière plus radicale, comme le proclame Nietzsche, qu’il n’y a pas de vérité, mais simplement une infinité de perspectives subjectives sur le monde. En effet, il y aurait autant de perspectives sur le monde que de conformations biologiques particulières, sans compter qu’au sein de l’espèce humaine, s’ajouteraient à la relativité engendrée par le corps ou la nature, les multiples interprétations historiques et culturelles de l’univers conscient. Au-delà de cette infinité de perspectives, aucune réalité en soi ou absolue ne doit être posée. D’ailleurs, un point de vue absolu serait une contradiction dans les termes. Cette négation d’une réalité absolue au-delà de l’infinité des perspectives se traduit chez Nietzsche par la célèbre formule : « Dieu est mort ».

   Il est incontestable que chaque conformation physique, celle de la bactérie, de la fourmi, de l’éléphant, de l’homme conduit à un mode particulier d’appréhension du réel. L’œil de l’homme ne capte, pour ne retenir que cet exemple, qu’une part très étroite des rayons électro-magnétiques, ceux situés entre le rouge et le violet. De plus, à l’intérieur de ces limites naturelles, se dessine chez l’homme une infinité d’interprétations culturelles et subjectives du réel tel qu’il s’offre à lui.

   Pourtant, sciences et techniques conduisent à apporter un premier démenti à cette négation de l’idée de vérité. Certes, les théories ou explications de la nature par l’homme sont le produit de multiples facteurs relatifs et contingents. En premier lieu, il convient de ne pas oublier que l’organe qui permet de les créer, à savoir le cerveau, est le résultat de millions d’années d’évolution, marquées par des aléas, des hasards, des circonstances contingentes qui conduisent très légitimement à s’interroger sur le caractère relatif et peut-être singulier des lois de notre pensée et donc de notre logique.

    De plus, aux limites ainsi rappelées de cet organe naturel s’ajoutent les aléas culturels liés à son utilisation au cours du temps. Nos théories sont tributaires des phénomènes isolés ou sélectionnés au sein du réel en fonction des circonstances historiques, des techniques permettant leur mise en évidence et leur vérification, des outils mathématiques à notre disposition pour pouvoir les mettre en forme, ces trois facteurs étant également marqués par la contingence de leurs manifestations.

   Ainsi, le mode de représentation du réel qui se dégage de ces observations est forcément « humain, trop humain ». Pour faire bonne mesure, nous pourrions ajouter que notre Univers comporte vraisemblablement d’autres conformations organiques des plus variées et bien entendu impensables car éloignées de celles que nous connaissons sur notre planète. Cette possibilité devient vertigineuse si l’on retient comme hypothèse que notre Univers n’est peut-être qu’un ilot infinitésimal au sein d’un infini multivers.

    De ce fait, le vaste réel, peut-être sans limite assignable, comporterait-il une infinité de configurations physiques découpant autant d’espaces spécifiques et de géométries propres avec les logiques différentes engendrées par ces derniers. Pour bien saisir ce mode de raisonnement, songeons que les géométries dites non-euclidiennes s’appliquent à des modes d’espaces étrangers au mode d’espace empirique qui nous est familier. Par analogie, rien n’interdit de penser que les espaces découpés par des évolutions naturelles imprévisibles et contingentes ne donnent pas naissance à des modes de pensée logique différents du nôtre.

   Cependant, cela ne signifie pas que l’idée de vérité soit rendue caduque par de tels constats. Nous sommes bien placés pour connaître l’efficacité de notre savoir théorique et technique. Si la théorie atomique demeurait radicalement étrangère au réel que nous appréhendons, l’existence et la fonctionnalité d’armes thermonucléaires et de centrales nucléaires civiles seraient incompréhensibles. Certes, ces théories sont provisoires car relatives au niveau du réel très partiel exploré ; de plus, rien n’indique que nos modèles théoriques correspondent à la réalité concernée ainsi découpée. Ce ne sont peut-être et même vraisemblablement que des modes de représentation humains. Mais force est de constater qu’ils sont efficaces pour prévoir la succession et le fonctionnement des phénomènes évoqués. Il s’agit donc, pour le moins, d’une vérité pragmatique à défaut d’être un reflet fidèle de la réalité étudiée.

  Mais affirmer le caractère pragmatique de la vérité ne suffit pas. Il s’agit d’un simple constat qui garde sa part de mystère quant à son efficacité pour comprendre le réel. S’en tenir là avaliserait la célèbre sentence d’Einstein : « Ce qui est incompréhensible c’est que le monde soit compréhensible ». Dès lors, si l’on veut que le caractère pragmatique de la vérité expérimentale ne soit pas seulement un constat empirique mais revête un sens et une rationalité, il faut poser que nos modèles théoriques proposent des structures du réel entretenant une filiation au moins analogique avec la parcelle du réel qui fait l’objet de nos investigations.

    Bien entendu, ce type de raisonnement pourrait s’appliquer stricto sensu à l’infinité hypothétique d’êtres intelligents et différents de l’espèce humaine. Chacun de ces êtres possède sans doute nécessairement un mode d’espace propre, de logique propre, d’efficacité propre afin de rendre compte et d’utiliser leur environnement naturel spécifique. Mais de même qu’il est possible d’établir des passerelles entre les différentes géométries en montrant par exemple que la géométrie euclidienne est un cas particulier de la géométrie de Riemann ou bien de Lobatchevski, de même serait-il sans doute envisageable d’établir des passerelles entre les différentes géométries et peut-être les logiques spécifiques afférentes, en montrant en quoi elles découlent de la conformation particulière des espaces découpés et considérés.

   L’idée de vérité, ne serait-ce que sur un plan analogique, n’est donc pas caduque mais bien vivante dans les domaines scientifiques et techniques. Mais il y a plus. Descartes nous assurait déjà que Dieu ou l’absolu n’était pas prisonnier de notre logique et des lois de notre raison. Celles-ci, qui s’appliquent à la reine des sciences, à savoir les mathématiques, auraient été souverainement créées par lui. Pour notre part nous nous contenterons d’affirmer que Dieu étant librement et volontairement absent des processus évolutifs de la création, ces différentes logiques caractérisent les êtres de finitude et leurs genèses respectives et non l’Etre d’infinitude qui les transcende toutes. Nous y reviendrons.

    Mais au-delà de ces considérations fondées sur notre savoir théorique et nos techniques, Descartes nous propose l’idée d’un savoir et d’une vérité d’une autre nature, à savoir une vérité absolue et de nature métaphysique. C’est ce qui résulte de son célèbre « Cogito », si universellement connu et dont la portée est en même temps tout aussi grandement méconnue. Rappelons-en les grandes lignes. Nous devons douter des enseignements des organes des sens car nous expérimentons fréquemment que ceux-ci nous amènent à prononcer des jugements erronés. Il est également nécessaire, contrairement à ce que semble nous enseigner une apparente évidence rationnelle, de douter des informations délivrées par notre pensée ou notre raison, car rien ne nous assure qu’il n’y a pas un Dieu trompeur qui nous trompe lorsque nous affirmons que 3+2 = 5. En revanche je ne saurais douter que j’existe lorsque je pense exister, lorsque j’en prends conscience, car si un Dieu trompeur tente de me tromper concernant ce vécu, il faut pour cela, et au préalable, que j’existe. « Je pense donc je suis » ou si l’on préfère la certitude que j’existe est un savoir absolu, que personne, même pas un Dieu trompeur, ne saurait m’enlever.

   Certes Nietzsche peut légitimement remarquer que le raisonnement de Descartes enferme le présupposé non-dit qu’il existe un sujet, un être qui peut dire « Je » et qu’ en toute rigueur on devrait dire « ça pense donc ça est »,  mais il n’en reste pas moins vrai que l’existence en général ou si l’on préfère la simple présence à l’Etre demeure un savoir absolu, un savoir qui transcende tous nos modes particuliers de savoir et qu’à ce titre ce savoir devrait être partageable avec l’infinité des êtres conscients hypothétiques peuplant le vaste multivers.

  Comme on peut le constater, le « Cogito », même réinterprété par Nietzsche, conduit à une vérité et à un savoir tous deux absolus, les seuls qui soient véritablement universels au sein des mondes de finitude, mais au-delà, que nous partageons avec Dieu lui-même, si Dieu il y a. En tant qu’absolue, cette connaissance portant sur la simple présence à l’Etre, sur le fait qu’il existe quelque chose et non pas rien, n’est pas de même nature que tous les autres types de connaissances relatives, que ce soient des connaissances humaines ou celles d’autres êtres conscients hypothétiques. A ce titre, elle ne tombe pas sous le coup de la critique de la connaissance de Kant. Car les structures a priori de l’entendement ou de la faculté de comprendre ou de prendre ensemble ce qui est séparé, qui construisent éventuellement l’objet ordinaire de la connaissance et qui se limitent à cette seule fonction, ne constituent pas la condition de possibilité de la simple présence à l’Etre. C’est au contraire cette présence à l’Etre qui constitue la condition de possibilité de ces structures a priori, puisque sans cette présence préalable ces structures ne pourraient pas être.

A.Mendiri