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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
27.11.2025
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Rubrique "Bonheur et nature".
Extrait de Philosophie pour tous, A.Mendiri, Connaissances et Savoirs.
Prochain billet demain mercredi 18 avril.
Platon, dans la troisième partie du « Gorgias » donne la parole à un certain Calliclès, personnage qu’il a vraisemblablement inventé en vue d’exposer de manière virulente et sans concession des thèses opposées à celles de Socrate, qui, dans les œuvres de Platon, se fait l’écho précisément des conceptions de ce même Platon. Voici les extraits sélectionnés pour le billet de ce jour ainsi que les suivants sur le même thème :
« Calliclès- Comment conçois-tu cette maîtrise de soi-même ?
Socrate- D’une façon très simple et comme tout le monde : elle consiste à être sage et à se dominer, à commander en soi aux plaisirs et aux passions.
Calliclès - Tu es plaisant, Socrate : ceux que tu appelles les sages, ce sont les imbéciles !
Socrate- Comment cela ? Tout le monde peut voir que ce n’est pas d’eux que je parle.
Calliclès - Tu parles d’eux très expressément, Socrate. Qui donc, en effet, peut être heureux, s’il est esclave de qui que ce soit ? Non ; le beau et le juste selon la nature, c’est ce que je suis en train de t’expliquer sans déguisement : à savoir, que pour bien vivre, il faut entretenir en soi-même les plus fortes passions au lieu de les réprimer, et qu’à ces passions, quelque fortes qu’elles soient, il faut se mettre en état de donner satisfaction par son courage et son intelligence, en leur prodiguant tout ce qu’elles désirent.
Mais cela, sans doute, n’est pas à la portée du vulgaire : de là vient que la foule blâme ceux qu’elle rougit de ne pouvoir imiter, dans l’espoir de cacher par là sa propre faiblesse ; elle déclare que l’intempérance est honteuse, s’appliquant, comme je le disais précédemment, à asservir les hommes mieux doués par la nature, et, faute de pouvoir elle-même procurer à ses passions une satisfaction complète, elle vante la tempérance et la justice à cause de sa propre lâcheté.
Quand un homme, en effet, est né fils de roi ou trouve d’abord en lui-même la force nécessaire pour conquérir un commandement, une tyrannie, un pouvoir suprême, que pourrait-il, en vérité, y avoir de plus honteux et de plus funeste pour un tel homme qu’une sage modération ? Quand on peut jouir de tous les biens sans que personne n’y fasse obstacle, on se donnerait pour maître à soi-même la loi de la foule, ses propos et son blâme ? Et comment cet homme ne serait-il pas malheureux du fait de la morale selon la justice et la tempérance, lorsqu’il ne pourrait rien donner de plus à ses amis qu’à ses ennemis, et cela dans sa propre cité, où il serait le maître ?
La vérité, Socrate, que tu prétends chercher, la voici : la vie facile, l’intempérance, la licence, quand elles sont favorisées, font la vertu et le bonheur ; le reste, toutes ces fantasmagories qui reposent sur les conventions humaines contraires à la nature n’est que sottise et néant…
…La loi est faite par les faibles et le grand nombre. C’est donc par rapport à eux-mêmes et en vue de leur intérêt personnel qu’ils font la loi et qu’ils décident de l’éloge et du blâme. Pour effrayer les plus forts, les plus capables de l’emporter sur eux, et pour les empêcher de l’emporter en effet, ils racontent que toute supériorité est laide et injuste, et que l’injustice consiste essentiellement à vouloir s’élever au-dessus des autres : quant à eux, il leur suffit, j’imagine, d’être au niveau des autres, sans les valoir.
Voilà pourquoi la loi déclare injuste et laide toute tentative pour dépasser le niveau commun, et c’est cela qu’on appelle l’injustice. Mais la nature elle-même, selon moi, nous prouve qu’en bonne justice celui qui vaut plus doit l’emporter sur celui qui vaut moins, le capable sur l’incapable. Elle nous montre partout, chez les animaux et chez l’homme, dans les cités et les familles, qu’il en est bien ainsi, que la marque du juste, c’est la domination du puissant sur le faible et sa supériorité admise ».
Cet extrait est très riche. En premier lieu, il rejoint à certains égards ce que tend, peut-être, à penser spontanément, avant toute retenue sociale ou morale de bon aloi, une large part de l’opinion commune. Nous y trouvons une philosophie de la vie fondée sur une conception faisant de l’homme un être simplement naturel et devant obéir aux lois ou prétendues telles de la nature afin d’atteindre le « bonheur ». Obtenir des satisfactions de tous ordres, sans retenue, sans s’embarrasser de considérations morales ou de lois humaines conventionnelles, c’est-à-dire artificiellement inventées par l’humanité, telle est la ligne de conduite à suivre. Car les exigences morales ou les lois de la société n’ont pour seule fonction que de protéger les plus faibles, ceux qui ne possèdent pas assez de force vitale pour s’adonner aux passions les plus fortes, voire les plus dangereuses. Les exigences morales et les interdits sociaux donnent bonne conscience aux « faibles », les convainquant de la normalité de leur soumission à ces règles et les consolant secrètement du regret de n’être pas en mesure de faire comme les « forts ».
C’est ainsi que nombre de personnes, au sein d’une société, critiqueront avec vigueur et même se scandaliseront de l’attitude de tel ou tel séducteur ou bien d’un fumeur invétéré ou d’un grand amateur de beuveries ou d’un profiteur éhonté et sans scrupule tout en regrettant, dans le secret de leur intimité, de n’avoir ni les qualités physiques ni les capacités psychologiques pour faire de même.
Les affirmations de Calliclès conduisent donc à se demander en quoi consiste le bonheur, à s’interroger sur le statut de l’homme au sein de la nature, à se demander ce qu’on entend exactement par « les lois de la nature », à réfléchir sur les objectifs et la légitimité des valeurs morales ainsi que sur les conditions d’une authentique liberté et du sens véritable de la notion d'égalité. C’est à ces multiples questions que nous consacrerons les prochains billets ayant trait à cette rubrique.
A.Mendiri
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