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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
09.09.2025
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Rubrique "Le dévoilement du sens". Suite du billet N°2248.
Extrait de l'ouvrage "Le dévoilement rationnel du sens", A. Mendiri, Ovadia.
Prochain billet demain samedi 16 décembre.
Croire pour comprendre, comprendre pour croire
L’Etre infini est radicale liberté, toute-puissance et comme tel source d’un dépassement perpétuel qui engendre la valeur et le sens de l’Etre. L’Etre infini est unique puisqu’ il est ce, en-dehors de quoi rien ne saurait Etre ni être conçu. Comme Etre unique et infini, il est plénitude d’Etre, c’est-à-dire le plus haut niveau d’Etre concevable, l’Etre dépourvu de toute limite. Cependant, la temporalité, sur un plan empirique, nous dévoile que l’Etre infini est actuellement plénitude qui se dépasse vers des niveaux toujours plus élevés de plénitude.
L’Etre infini ainsi considéré est certes unique et exclusif mais cette exclusivité d’Etre ne saurait être une nécessité. Sans quoi cela serait contraire à sa liberté sans limite et toute-puissante. L’Etre infini peut donc faire émerger à l’Etre un ou plusieurs autres Etres distincts de lui. Ces Etres seront forcément contingents. Cela signifie qu’ils sont, de par la libre décision de l’Etre infini mais qu’ils auraient pu ne pas Etre. Ils ne tiennent pas leur Etre d’eux-mêmes mais d’un autre Etre, à savoir l’Etre infini, source et fondement de toutes choses. Ces Etres contingents autres et distincts de l’Etre infini constituent ce que l’on désigne classiquement par le terme de « créations ».
Les créations en question, en tant que distinctes de l’Etre infini, ne seront pas elles-mêmes infinies sans quoi elles se confondraient avec l’Etre infini lui-même et cela n’aurait pas de sens. Les créations seront des Etres relevant non seulement de la contingence radicale mais également de la finitude. Elles ne sauraient déployer leur Etre en-dehors de l’Etre infini, puisque ce dernier est ce, en-dehors de quoi rien ne saurait Etre ni être conçu. Les Etres de finitude déploient donc leur Etre au sein de l’Etre infini.
Ces créations, en tant qu’elles se voient attribuer le statut d’Etre, disposeront d’une liberté propre, mais d’une liberté sur le mode de la finitude. Car il n’y a pas d’Etre sans liberté. La liberté est constitutive et indissociable de tout Etre, quel qu’il soit. Cela signifie en premier lieu que toute création manifestera une actualité d’Etre, finie ou limitée, mais également, comme il nous faudra le justifier, d’une potentialité indéterminée et infinie. Car toute forme de liberté attachée à la notion d’Etre exige une transcendance d’une actualité par rapport à une potentialité, ou si l’on préfère une absence de nécessité de l’actualité manifestée ou encore son caractère contingent. Comme pour l’Etre infini, une création quelconque suppose qu’Etre, liberté, contingence soient tout un.
La potentialité d’une création, à l’égale de celle de l’Etre infini se verra infinie et indéterminée. Car toute portion d’Etre constitutive de l’Etre infini, y compris la plus ténue, peut enfermer une potentialité infinie si tout au moins l’Etre créateur décide d’accorder aux créations la possibilité de franchir les frontières de leurs finitudes essentielles et initiales. C’est d’ailleurs l’hypothèse ontologique que nous comptons examiner. Cependant, une création ne pourra utiliser ce potentiel infini et indéterminé que sur le mode de son actualité finie et non, comme l’Etre infini, sur le mode d’une actualité infinie. L’exploitation de ce potentiel se verra également marquée par la finitude sur un plan temporel. Autrement dit, toute création connaîtra par essence, en tant que finitude, un terme et des possibilités limitées d’exploitation de sa potentialité ou de cette puissance d’action, aussi longtemps que l’Etre de finitude se verra réduit aux caractéristiques de son essence. Sa puissance d’action, potentiellement illimitée, ne pourra se manifester que par la médiation d’une actualité finie et en fonction des déterminations particulières de cette actualité finie.
Autrement dit, par essence, un Etre de finitude, ne peut prétendre à se dépasser indéfiniment, à surmonter sa propre finitude. Ontologiquement, un Etre de finitude ne dispose pas par lui-même, des ressources ontologiques l’autorisant à briser les frontières de sa finitude. Cependant, ce qui est impossible à l’Etre de finitude est possible pour l’Etre infini. Celui-ci peut, s’il en décide ainsi, permettre à l’Etre de finitude de surmonter sa finitude. Pour cela il faut que l’Etre infini se fasse finitude, assume la condition de finitude tout en restant lui-même, autrement dit en conservant sa plénitude. Il faut en d’autres termes que l’Etre infini s’incarne.
Ces premières analyses vont nous conduire à des conclusions théologiques et ontologiques majeures. Que l’Etre infini, source et fondement de toutes choses, décide librement de l’émergence de créations est un acte radicalement gratuit, car il n’a nul besoin de cela afin de jouir de sa propre plénitude et de la valeur et du sens qu’il lui accorde librement. Aussi cet acte libre et gratuit de faire émerger à l’Etre des créations, porteurs d’une liberté propre et partageant la valeur de l’Etre, témoigne que l’Etre infini, comme le proclame St Jean l’évangéliste est « Amour », si on entend par « Amour » désirer du bien sans contrepartie à d’autres Etres que le sien. Bref l’ « Amour » en question renvoie non à Eros ou au désir centré sur l’Etre qui en est porteur mais à l’Amour-agapè, l’Amour désintéressé.
Mais il y a plus. Car l’Etre infini, source et fondement de toutes choses, accorde librement et gratuitement à ces créations la possibilité de surmonter leur finitude essentielle, de se dépasser comme l’Etre infini lui-même indéfiniment et donc d’accéder non seulement à la valeur de l’Etre mais également à son sens, si on entend par sens la possibilité de jouir de la valeur de l’Etre sans aucune limite. Cette absence de limite dans la jouissance de la valeur de l’Etre permet aux créations d’accéder à la plénitude même de l’Etre infini ou plus précisément à la nouvelle forme de plénitude introduite librement et gratuitement par l’acte d’Incarnation de l’Etre infini au sein de la finitude.
Dès lors, cet acte libre et gratuit de l’Etre infini de faire partager aux créations sa plénitude propre, c’est-à-dire le plus haut niveau d’Etre concevable, manifeste l’Etre infini non seulement comme « Amour » mais comme « Amour » sans limite, comme « Amour » sur le mode de la plénitude, bref comme « Amour infini ».
Ces actes libres et gratuits de l’Etre infini entraînent un certain nombre de conséquences ontologiques quant au mode de manifestation de la création d’une part et de l’Etre infini d’autre part. Commençons par la création ou l’Etre de finitude. Il va de soi que la création est un Etre libre, puisque Etre et liberté sont deux expressions redondantes. En conséquence le choix d’accéder ou non à cette nouvelle forme de plénitude offerte librement et gratuitement par l’Etre infini et ce grâce à son Incarnation, devra être un choix libre. De même que l’Etre infini renonce à l’exclusivité de son Etre, de sa liberté et de sa plénitude sur le mode de l’infinitude afin que l’Etre de la création puisse partager cette nouvelle forme de plénitude, à savoir la plénitude sur le mode de la finitude, de même l’Etre de finitude devra-t-il renoncer librement à son Etre de finitude replié sur lui-même et faire « Alliance » avec l’Etre infini afin de pouvoir s’élever à cette nouvelle forme de plénitude qui, désormais sera commune à l’Etre infini et à l’Etre de finitude.
De plus, le fait que l’Etre infini se manifeste sur le mode de l’amour infini, sur le mode de l’amour sans limite, y compris par conséquent sur le plan temporel, entraîne que cette décision libre et gratuite de faire émerger à l’Etre la création, de lui faire partager sa liberté et sa plénitude, est une décision prise librement et gratuitement de toute éternité. Autrement dit, la création n’a pas de commencement et se trouve contemporaine, si nous pouvons nous exprimer ainsi, de l’éternité de l’Etre infini. Il nous faudra préciser ce dernier point.
Toujours est-il que cette décision libre et gratuite de faire émerger à l’Etre la création ne saurait être un acte ponctuel, une espèce de « Fiat Lux » à l’issue duquel l’Etre infini n’agirait plus. Car n’oublions pas que la création, toute création, sont des Etres radicalement contingents, c’est-à-dire qui sont mais qui pourraient ne pas Etre et ce par essence. En d’autres termes, non seulement les Etres de finitude que sont les créations ne sont pas à l’origine de leur Etre mais aussi longtemps qu’ils déploient leur Etre, leur contingence continue à manifester ses exigences et par là-même ils requièrent l’action créatrice de l’Etre infini afin de les maintenir à l’Etre. L’acte de création ne saurait être un acte ponctuel mais se présente nécessairement comme un acte continué de création.
A.Mendiri