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1594 LA RECONCILIATION DE LA RAISON ET DU TEMPS

Publié le 25/02/2016 à 06:10 par cafenetphilosophie Tags : image vie monde homme roman france fond histoire dieu cadre nature pensée extrait

 

 

Rubrique "La connaissance et le temps". Suite du billet N°1587.

 

Extrait de "Philosophie pour tous", A. Mendiri, Connaissances et savoirs.

 

Prochain billet demain vendredi 26 février.

 

 

 

  Lors des précédents billets, nous avons évoqué le statut du temps dans le cadre de la philosophie grecque et dans celui de la pensée religieuse juive et chrétienne. Rappelons à ce propos que la philosophie rationaliste grecque, fascinée par le modèle mathématique, est centrée sur la notion d'éternité, d'une réalité en-dehors et étrangère au temps, faisant de celui-ci la marque d'un devenir imparfait, éphémère où le non-être est intimement mêlé avec l'être.

 

    En revanche, la religion juive a introduit dans la sphère de la pensée et ce, pour la première fois, l'idée d'un temps linéaire, d'un temps à l'image d'une flèche orientée du passé vers l'avenir et apportant toujours du nouveau, manifestant le déploiement progressif d'un plan divin, d'une plénitude d'être promise à ceux qui auront fait alliance avec Dieu, c'est-à-dire avec sa nature profonde qui consiste à être "amour" selon les paroles de St Jean.

 

    Ces rappels semblent indiquer que ces deux civilisations que sont la culture grecque et la culture juive sont étrangères l'une à l'autre au moins sur cette question du temps et de son rôle (car il y en a d'autres, notamment les questions touchant à la nature de l'âme et du corps). Or, dès le XVIII° siècle, cette question du temps devient centrale au sein de la pensée occidentale et en particulier dans le cadre de la philosophie des Lumières.

 

   En effet, nous savons que ce célèbre courant de pensée a pratiqué le culte de la raison en remettant au goût du jour la question centrale du temps. En somme, de même que St Augustin ou St Thomas  avaient tenté de réconcilier Foi et Raison, la philosophie des lumières et par la suite Hegel et Marx au XIX° siècle ont réconcilié la raison et le temps.

 

   La philosophie des Lumières, comme son nom l'indique, croit en la raison et au progrès de l'humanité, dans tous les domaines, et ce grâce au progrès quant à l'utilisation et  à l'impérium de la raison. Le temps et son déploiement se voient affectés d'un sens. L'homme n'est pas seulement un être de nature, c'est un être historique, un être qui est l'auteur des changements qu'il connaît à travers le temps, ces changements s'avérant positifs pour l'homme, d'où l'idée de progrès.

 

  Ce n'est pas un hasard si cette conception des choses est apparue avec force au cours du XVIII° siècle. En effet, le monde occidental connaît alors ce qu'on a appelé la révolution industrielle. Or, au-delà des souffrances humaines que celle-ci a engendrées, cette révolution transforme en permanence la vie quotidienne des populations concernées. Pour la première fois, les civilisations commencent à cesser d'être presque exclusivement agricoles pour devenir industrielles, avec ses usines, ses villes, son exode rural, ses techniques sans cesse nouvelles. Pour la première fois depuis les débuts de l'histoire humaine, les générations successives ne vivent plus comme leurs devancières immédiates. Les notions  de changement, d'histoire, de progrès sont vécues par l'immense majorité de la population. Ces idées ne sont pas seulement le résultat d'une élaboration intellectuelle mais un phénomène culturel de masse.

 

   Comme toujours, la philosophie pense son temps et les exigences nouvelles qui y apparaissent. Hegel, au XIX° siècle, est le premier grand penseur qui a réconcilié la raison et le temps, la raison et l'histoire ou plus précisément qui a tenté de montrer que le déploiement de la raison s'effectuait dans le temps. Le temps n'était plus considéré comme étranger à l'Etre, à ce qui est vraiment au-delà des apparences, mais il appartenait à part entière à l'Etre, il en devenait l'"épiphanie" ou la manifestation même.

 

    Hegel est convaincu, comme toute la tradition rationaliste antérieure, que la raison n'est pas seulement un moyen afin de se dévoiler l'Etre mais qu'elle appartient à la nature même de l'Etre, qu'elle en révèle les secrets intimes, qu'elle rend compte de l'Etre par excellence. Seulement cet Etre rationnel ne se situe plus hors du temps, figé au sein de l'éternité, il se déploie progressivement dans le temps. Ainsi apparaît peu à peu la vérité sur l'Etre, sa nature profonde. Ce dévoilement n'est pas seulement celui propre à l'homme dans son effort pour saisir la vérité, c'est la vérité elle-même qui se déploie ainsi. Hegel, de ce point de vue, renoue avec la racine grecque de l'idée de vérité, qui se traduit par le terme d'"aléthèia", qui  veut dire "dévoilement". Tout ce qui est réel est rationnel et ce qui est rationnel est temporel ou historique.

 

   A partir de ces considérations, on comprend mieux les idées clefs de ce penseur. L'histoire humaine (même s'il s'agit rigoureusement d'une redondance) semble le théâtre du désordre le plus parfait. Les empires succèdent aux empires, le sort des batailles décisives semblent soumis au hasard des circonstances, les passions, les intérêts collectifs et individuels rendent compte de son déroulement chaotique. Aucune trace  de cette raison au sein d'un tel fatras. 

 

  Pourtant, il s'agirait là d'un jugement hâtif, victime, comme toujours des apparences. La raison qui est au fond des choses, qui est la substance même de l'Etre au-delà des apparences, utilise les passions humaines des acteurs de l'histoire au  service de ses propres fins, des exigences de son déploiement. C'est ainsi que Napoléon a entrepris des guerres européennes d'une grande ampleur afin de continuer la politique extérieure de la monarchie absolue et de la Révolution et qui consistait à atteindre les frontières "naturelles" de la France (Les différents océans ou mers; les chaînes de montagne, le Rhin) et ce afin de garantir la sécurité du pays. Pour ce faire, il a été conduit à mener de multiples campagnes contre l'Europe coalisée. Or, au cours de ces campagnes militaires, les jeunes soldats français ont diffusé jusqu'à Moscou, et ce, sans le vouloir ni le savoir, les idées de la Révolution française et donc de la philosophie des Lumières. Tel n'était pas le but de Napoléon. Tel en fut, selon Hegel, le résultat.

 

  C'est ce que Hegel appelle la "ruse de la raison". Les fins de l'action humaine sont dominées par les passions, par des motivations étrangères à la raison, et cette dernière utilise ces passions ou ces motivations au service de ses propres fins, autrement dit au service du déploiement  de ses exigences, de ses potentialités. Ainsi va l'histoire qui devient le lieu ou le processus temporel par lesquels, peu à peu, la Raison se déploie, par lesquels l'Etre véritable émerge à l'existence.

 

   Il nous faudra donc examiner si cette conception quant au rôle du temps est simplement l'affaire d'une interprétation philosophique du réel, une interprétation rationaliste que d'aucuns pourront trouver poussée à l'extrême ou bien si elle affecte d'autres types de pensée et d'autres dimensions de la culture.

A. Mendiri