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21.09.2025
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Rubrique "Les sources de la morale". Suite du billet N° 1539.
Extrait de "Philosophie pour tous" Tome IV, A. Mendiri, Edilivre.
Prochain billet demain samedi 09 janvier.
Lors de notre précédent billet sur la question de la morale, nous avions exposé la critique radicale de Nietzsche. Celle-ci, comme c’est toujours le cas lorsqu’il s’agit de philosophes véritables et conséquents, n’avait de sens que par rapport à ses principes de base, ceux qui gouvernent l’ensemble de sa pensée. Rappelons en peu de mots les principes en question. Si l’on veut bien comprendre l’ensemble des affirmations de Nietzsche sur les sujets les plus divers, religieux, métaphysique, politique, moral, esthétique, gnoséologique (c’est-à-dire sur les modalités de la connaissance humaine), il faut avoir en tête cette idée qui gouverne tout le reste, à savoir qu’il n’y a pas de vérité.
Certes, nous n’avons pas manqué de souligner qu’une telle affirmation est paradoxale, puisque nier la vérité prétend à la vérité. Mais il faut reconnaître cependant qu’à moins de se taire, ou de suspendre son jugement comme le font ceux qu’on appelle les agnostiques sur le plan religieux, il est impossible d’échapper à ce paradoxe. Mais de quoi s’agit-il lorsqu’on parle de vérité ? La définition la plus simple et sans doute la plus rigoureuse de la vérité consiste à établir une correspondance terme à terme entre un jugement ou une affirmation et la réalité dont on parle.
Dès que cette définition est posée, le vertige accable la pensée critique. D’abord parce que cette définition évoque le langage et cela pose aussitôt les problèmes de la fonction et des limites du langage. Ensuite parce que, quel que soit le langage évoqué, fût-il mathématique ou celui des sciences expérimentales, cela pose là encore les mêmes problèmes des fonctions et de la relativité historique de ces formes rigoureuses de langage. Mais surtout, ce langage est celui d’un être relatif alors même que la réalité visée n’est pas seulement ni même essentiellement humaine et que l’on prétend peu ou prou à pouvoir se mettre du point de vue de cette réalité non relative, indépendante des points de vue particuliers qui la jugent.
D’ailleurs, cette réalité indépendante de tous les points de vue particuliers existe-t-elle vraiment ? C’est cela que Nietzsche met en cause. Certes, cela peut apparaître paradoxal. Tous les points de vue particuliers, celui de l’homme, de l’éléphant, de la fourmi, de l’hypothétique extra-terrestre appartiennent à une même réalité, sont constitutifs de cette réalité une, sont les héritiers ou les fils et les filles de cette réalité à travers le temps. Comment alors douter de son existence ?
Creusons un peu plus loin afin de comprendre ce que veut dire Nietzsche. Cette réalité est là, sous nos yeux et manifeste sa présence. Mais est-elle pourvue d’une perception propre, d’une intelligence propre, d’une perception et d’une intelligence non plus relatives, particulières, mais absolues ? Telle serait la « vérité ». Et voilà ce que nie avec ardeur Nietzsche. Il n’y a pas de vérité. Il n’y a pas un point de vue absolu au-delà des points de vue relatifs. Il n'y a pas un Dieu. « Dieu est mort », autrement dit cette conviction de l’absence d’un Dieu envahit de plus en plus, selon Nietzsche, les consciences humaines et il estime qu’en cette fin du XIX ° siècle, la proclamation d’un Dieu est une survivance formelle mais de plus en plus vide de sens, de moins en moins vivante et agissante au sein des civilisations, même si ces dernières n’en ont pas encore pris une claire conscience.
Ajoutons à cela qu’il peut paraître contradictoire d’associer l’idée d’un absolu et d’un point de vue inhérent à cet absolu. Par nécessité logique, l’idée de point de vue est nécessairement de l’ordre du relatif. C’est pourquoi d’ailleurs que la quasi-totalité des religions ont considéré que l’absolu n’était pas de l’ordre de la finitude mais d’une réalité étrangère à cette finitude, de l’ordre de l’infinitude par essence impensable. La théologie ou le discours humain sur Dieu est inévitablement négatif, ne pouvant évoquer de cet absolu que ce qu’il n’est pas, ce qu’il est lui échappant nécessairement. Toute la question est alors de savoir si cet absolu, cet infini au sein desquels nous nous mouvons se manifeste en nous sur notre mode. En ce sens, tout discours théologique évoquant cette « présence » est nécessairement anthropomorphique, autrement dit évoque Dieu sur le mode de l’homme, par analogie avec lui.
Si « Dieu est mort », alors ces considérations n’ont plus de sens ni de réalité. On comprend dès lors l’extraordinaire foi des philosophes Grecs en l’homme lorsque ceux-ci proclament que la raison humaine, comme en témoigneraient les mathématiques, n’est jamais que la fille, limitée certes mais de même nature, que la Raison universelle qui façonne l’Etre.
Mais si « Dieu est mort », Nietzsche ne rend pas compte de la possibilité de l’émergence des réalités les plus élevées comme la conscience, la pensée, la raison, à partir d’une réalité aveugle et absurde, c’est-à-dire sans raison. Les conceptions de Nietzsche, comme celles de toutes les formes de matérialisme ou des philosophies du non-sens butent sur ce problème simple à poser mais difficile à résoudre. De rien, de possibilités absentes, rien ne peut surgir.
Ainsi contestons-nous pour notre part cette négation d’une « réalité vraie » au-delà de tous les points de vue particuliers. Il nous faudra donc dans un second temps examiner les autres raisons susceptibles de fonder l’idée de morale.
A. Mendiri